Feder
Une standing ovation pour l’artisan de l’union Feder !
Une page se tourne pour l’union Feder. Après 17 ans passés à la présidence, Yves Largy passe la main. Le 20 juin dernier à Beaune, l’union Feder a tenu à lui rendre un chaleureux hommage.
Le 20 juin dernier à Beaune, se tenait l’assemblée générale de l’union de coopératives agricoles Feder. Comme chaque année, les assemblées statutaires ont donné lieu à une conférence en présence de nombreux invités. Cette année, ils ont pu assister à un moment particulier dans la vie de l’organisation. En effet, le président de l’union Yves Largy achevait sa dernière assemblée générale après 17 ans d’engagement au service de sa coopérative. L’éleveur de Curgy n’a pas pu échapper à un hommage nourri et chaleureux de la part de tout le groupement.
Cet évènement, qui n’avait pas vraiment été inscrit à l’ordre du jour, mais qui avait pourtant été dûment préparé avec un film et les témoignages de plusieurs personnalités, a permis de se replonger dans l’histoire féconde de l’union Feder…
Adhérent à Gecsel depuis 1985…
C’est en 1985 qu’Yves Largy adhérait à Gecsel en même temps qu’il s’installait sur une ferme proche d’Autun. À l’origine, « Gecsel avait été créée par des éleveurs-sélectionneurs de charolais qui souhaitaient s’organiser pour la vente de reproducteurs. La coopérative a su évoluer… », remémore Yves Largy. C’est en 2006 qu’il est devenu le nouveau président de Gecsel succédant à Henri Baladier. Le directeur de l’époque était Gérard Chenaud. Si les deux hommes ne se sont côtoyés que peu de temps (Gérard Cheneau approchait de la retraite), « ensemble, nous avons accompli des choses extraordinaires ! », s’enthousiasme encore l’ancien directeur.
Création d’une union de coopératives…
La première étape vers la future union Feder a été la rencontre décisive entre les responsables de Gecsel en Saône-et-Loire et ceux de Bourgogne Élevage en Côte-d’Or : Yves Largy, Gérard Chenaud, Franck Gambino et Michel Millot. Les quatre hommes se sont rapidement entendus pour créer la première union de l’épopée Feder qui a pris pour nom Global. Un premier pas qui a été suivi d’autres avec le rapprochement cette fois avec Socaviac dans l’Allier pour fonder Feder. À partir de 2012 était instaurée une présidence alternée entre la coopérative et l’union, avec deux hommes clés : Yves Largy et Bertrand Laboisse. L’union s’est ensuite étendue aux ovins avec l’intégration de Terre d’Ovins (ex Coprovosel). Une pleine réussite puisque la coopérative ovine est passée de 35 à 65.000 animaux en dix ans, témoigne son président Gilles Duthu. Animée par un désir d’ouverture et la réactivité d’un conseil d’administration éclairé, l’union Feder a poursuivi dans sa stratégie collective, portée par « des salariés comprenant parfaitement des enjeux des années futures », rend hommage Yves Largy.
Massifier l’offre tout en restant proche des éleveurs
Optant pour une massification de l’offre plutôt que de « tenter de capter les marges de l’abattage », elle a tissé une relation étroite avec le leader de la viande bovine (Bigard Charal Socopa). « Feder est aujourd’hui dans le top 3 de nos fournisseurs », confirme Emmanuel Meunier, directeur de Bigard Cuiseaux. L’union Feder s’est aussi investie dans une puissante filiale export (Eurofeder). « Elle est devenue une entreprise connue et reconnue. Elle a su massifier pour la mise en marché, mais tout en restant proche des éleveurs », résume Gilles Duthu. Si la notoriété de Feder est aujourd’hui une réalité, son volume ne représente pourtant que 2,7 % au niveau national, temporisait Yves Largy convaincu que l’union de coopératives n’a pas encore fini de grandir…
« Aventure collective et humaine »
Ce condensé des étapes constituantes de l’union Feder montre en tout cas que c’est bien sous la présidence d’Yves Largy que cette remarquable éclosion s’est produite. Une mutation permise par un trio de dirigeants complémentaires unis par des valeurs d’engagements, de solidarité, d’amitié, énumérait Bertrand Laboisse. Deux présidents et un directeur (Michel Millot) visiblement très complices au point d’être comparés aux trois mousquetaires ! Si le succès de l’union doit indiscutablement au collectif et aux compétences de tous, nul doute que le charisme d’Yves Largy y a contribué pour beaucoup. C’est en tout cas ce que laissaient deviner les hommages touchants livrés ce 20 juin. « Un grand frère » pour Gilles Duthu ; « l’homme qui a sauvé nos deux coopératives » pour Franck Gambino ; « quelqu’un de solide, gardant le cap » pour Emmanuel Meunier ; « un perfectionniste » pour Michel Millot… Et surtout quelqu’un qui est toujours resté lui-même : humain, abordable, chaleureux, avec en prime une grande honnêteté et une grande intégrité, soulignait Bertrand Laboisse. Visiblement très ému par ces témoignages et la longue « standing ovation » qui les ont suivis, Yves Largy a d’abord évoqué le « fort soutien familial » dont il a pu bénéficier. Des mots qui étaient destinés notamment à son épouse Dominique, présente dans la salle. Pour le futur ex-président, ces « 17 années formidables » étaient avant tout une « aventure collective et humaine » avec tout de même une fierté « d’avoir réussi cette union ».
Josselin Laligant, nouveau président de Feder Elevage
C’est Josselin Laligant qui succède à Yves Largy en prenant le poste de président de Feder Élevage. Âgé de 37 ans, Josselin Laligant s’est installé en 2011 près de Vénarey-les-Laumes en Côte-d’Or. Il est aujourd’hui en Gaec avec son épouse Déborah sur une exploitation de polyculture-élevage avec des bovins limousins.
Feder continue sur sa lancée…
L’union Feder regroupe aujourd’hui Feder Élevage (190.000 bovins), Feder Éleveurs Bio (4.300 bovins, 2.050 ovins), Corel (17.300 bovins), Terre d’Ovins (60.200 ovins) et Copagno (84.000 ovins). La coopérative Corel (Pays-de-Loire, Nouvelle-Aquitaine) a rejoint l’union l’an dernier. L’abatteur Bigard vient également de faire une entrée symbolique au capital de Feder aux côtés d’Axereal et de Dijon Céréales. L’union Feder compte environ 4.500 adhérents dans 27 départements.
En hausse, l’activité bovine atteint 210.500 animaux. Quant à l’activité ovine, en augmentation elle-aussi, elle s’élève à 146.000 animaux commercialisés en 2023.
Fournisseurs de bovins maigres
Avec un peu plus de 118.000 têtes (2.400 bovins semaine), le maigre doit désormais sa progression au marché français qui représente 60 % des débouchés en 2023. L’export (Italie) est en recul de 15 % et Feder s’affirme comme un grand fournisseur de bovins maigre en France, profitant du déploiement de l’engraissement à l’échelle nationale. La coopérative vient d’ailleurs de lancer un « contrat EGAlim broutards préparés pour des broutards conformes au marché français », présentait Michel Millot.
Visibilité dans l’engraissement
Feder a mis en marché un peu plus de 89.000 bovins gras ce qui représente 1.700 animaux chaque semaine dont 76 % vont au groupe Bigard Charal Socopa. La coopérative s’investit beaucoup pour développer l’engraissement. Son nombre de jeunes bovins progresse significativement pour atteindre 27.300 animaux. Feder affiche une stratégie volontariste sur le sujet en déployant des contrats impliquant l’aval et offrant une « visibilité inédite » aux engraisseurs. 12.000 bovins étaient ainsi contractualisés avec Bigard en 2023. Une contractualisation qui nécessite beaucoup de trésorerie, expliquait le directeur Michel Millot. C’est pour soutenir cet engagement que l’union Feder s’est entourée de nouveaux partenaires économiques et financiers.