Le 21 juillet, le préfet de Saône-et-Loire a réuni les parlementaires et maires concernés du Charolais, les Conseils régionaux et départementaux, la profession agricole, l’Organisme de Sélection du Mouton charollais et la fédération départementale des chasseurs pour faire un point de situation.

Dérive ruralicide

Les attaques d’ovins se poursuivaient alors de plus belle dans le Charolais. Depuis le 8 juillet, on dénombre sept attaques sur les communes de Charolles, Champlecy et Fontenay, ayant causé la mort de 45 ovins et en ayant blessé 20 autres.
La vingtaine de pièges photos installés dans le secteur n’a, à ce jour, pas permis d’identifier le prédateur responsable des attaques. Certaines caractéristiques de la prédation conduisent néanmoins « à ne pas écarter la responsabilité du loup », selon la procédure administrative, qui laisse ainsi sous-entendre qu’il s’agirait bien d’un loup. C’est ce qui justifie le déploiement des différentes dispositions du plan loup.
Le préfet, Julien Charles, a invité les éleveurs du secteur à protéger leurs animaux en les rentrant la nuit en bergerie (fortement grêlée dans le secteur charolais, N.D.L.R.) ou en les regroupant dans des parcs électrifiés. La direction départementale des territoires (DDT71) a mis à la disposition des éleveurs prédatés des filets électrifiés afin de leur permettre de constituer des parcs de regroupement nocturne.

Des aides modestes

Le préfet a rappelé par ailleurs aux éleveurs que depuis les premières attaques de loup dans le Charolais en 2020, un 4ᵉ appel à projets régional est ouvert jusqu’au 31 juillet. Il a pour objectif d’accompagner les éleveurs dans la protection de leurs troupeaux, en finançant à hauteur de 80 % l’achat et l’entretien de chiens de protection et l’achat de clôtures électrifiées.
Les éleveurs ayant protégé leurs animaux peuvent bénéficier d’autorisations de tir de défense simple, leur permettant de tirer sur un loup qui s’approcherait d’un lot protégé en situation d’attaque. À ce jour, le préfet a déjà délivré huit autorisations.
Depuis dix jours, les lieutenants de louveterie, accompagnés de chasseurs formés, sont mobilisés toutes les nuits pour mettre en œuvre les tirs de défense simple.
Les éleveurs dont les troupeaux subiraient une attaque de type canidé sont invités à contacter au plus vite l’Office Français de la Biodiversité (OFB) (Tél. : 06.20.78.94.77). La procédure de constatation sur place par les agents spécialisés de l’OFB et les dispositions à prendre par l’éleveur sont précisées sur le site internet des services de l’État : http://www.saone-et-loire.gouv.fr/que-faire-en-cas-de-constat-d-attaque-a9379.html

Une planification défectueuse

Reste que la profession agricole demeure mécontente de la gestion du plan Loup et demande sa révision. Lors du groupe national loup qui s’est tenu le 27 juin dernier, FNSEA/JA/FNO/FNB/FNC/Chambres d’agriculture France ont contesté le nombre de loups qui leur a été communiqué par les pouvoirs publics. En effet, la plupart des indices de présence du loup remontés n’ont pas pu être traités dans le cadre du dispositif de comptage de l’OFB. L’effectif annoncé ne correspond pas à la réalité de la population lupine. Le nombre de loups étant sous-estimé, le nombre de loups à prélever, proposé par l’administration, l’est également. Les organisations demandent que soient prélevés 300 loups en 2022 d’autant que le plafond de prélèvements de loups 2021 n’a pas été atteint du fait du refus de l’administration, en cours de campagne, d’octroyer des tirs de défense pour protéger les troupeaux prédatés et du blocage mis à l’intervention des louvetiers en appui aux éleveurs en zone de prédation. Les éleveurs vivent quant à eux quotidiennement dans l’angoisse d’une nouvelle attaque et ce, en dépit des mesures de protection des troupeaux mises en place.
Alors que l’on compte 18.000 loups sur le continent européen, le loup n’est pas une espèce en voie de disparition. En revanche, les éleveurs à l’herbe en plein air, eux, disparaissent un peu plus chaque jour et l’agro-pastoralisme prend le même chemin. L’inefficacité du plan de gestion précédent appelle à un nouveau plan d’action plus efficient. L’expansion des prédateurs constitue en effet une menace directe pour les zones rurales désormais au cœur des politiques européennes. Elle participe au non-renouvellement des éleveurs et à l’abandon des espaces entretenus par eux et par leurs troupeaux, appauvrissant ainsi la biodiversité dans son ensemble.

Dérives ruralicides !

D’ailleurs, le président de l’Union des Maires des communes rurales de Saône-et-Loire, Jean-François Farenc, s’est fendu d’un courrier au préfet de Saône-et-Loire, accompagné d’un communiqué de presse le 22 juillet dernier. « Depuis quelques jours, les attaques sur les troupeaux ovins se multiplient autour des communes de Viry, Champlecy et Fontenay, avec déjà 60 bêtes tuées ! Après le Clunisois il y a un an, on assiste aujourd’hui à un probable retour du loup sur le secteur du Charolais, l’angoisse réapparaît chez les éleveurs qui constatent, impuissants, les dégâts. Rappelons que la présence du loup n’est pas compatible avec l’élevage agro-pastoral dans un milieu de bocage », déplore Jean-François Farenc. Les Maires ruraux apportent tout leur soutien aux éleveurs touchés par cet épisode.
Si le président de l’UMCR71 « constate que l’OFB déploie des efforts suffisants pour faire les constats nécessaires. À votre niveau, vous avez d’ores et déjà autorisé des « tirs de défense simples » chaque fois que le loup sera à l’approche ; nous vous demandons d’autoriser maintenant le tir de prélèvement… sans attendre que le nombre de bêtes tuées s’élève à 200 comme en Clunisois ! », réclame-t-il à Julien Charles.
Les Maires ruraux de France vont « intervenir auprès du nouveau ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, pour que le plan Loup en préparation pour la période 2023-2027 ne soit pas un copié/collé du Plan actuel qui méconnaît les conditions d’exercice de l’agro-pastoralisme et de l’élevage ». Voyant que désormais la Saône-et-Loire est une terre de passage du loup, dit front de colonisation, l’UCMR71 réclame urgemment « de penser maintenant à protéger les moutons et les éleveurs de Saône-et-Loire ! » Et d’estimer qu’il faut stopper « les dérives "ruralicides" du plan Loup ! »

Loup : les promesses d’Emmanuel Macron

À l’occasion de son déplacement lors de la 18e étape du Tour de France entre Lourdes et Hautacam, le 21 juillet, le président de la République, Emmanuel Macron a confirmé, la création d’une deuxième brigade d’intervention loup. Il s’est aussi, selon un communiqué de la FNSEA, engagé à « faire évoluer le statut du loup ». Concernant la deuxième brigade, celle devrait intervenir « en complément de l’action des lieutenants de louveterie ainsi que de celle des chasseurs auxquels il est souvent fait appel pour protéger les troupeaux », souligne la FNSEA qui se félicite d’avoir obtenu, avec le concours d’autres associations*, une nouvelle méthode de comptage des loups. À ce titre, elle demande les deux brigades loup puissent effectuer les prélèvements réglementaires : a minima 174 loups en 2022. Quant à l’évolution de statut du loup, la future mesure pourrait se traduire, comme le demandent les organisations agricoles, par une rétrogradation dans la catégorie des espèces non plus menacées mais simplement protégées. Il y aurait en France plus de 954 loups selon l’Office français de la biodiversité. Un chiffre estimé à plus de 1.500 par les agriculteurs.

(*) JA, Fédération nationale bovine, Fédération nationale ovine, Fédération nationale du cheval