Influenza
Les pistes de l’Anses pour éviter une prochaine crise

Dans son rapport sur le bilan de l’épisode 2021-2022 d’influenza aviaire, l’Anses insiste sur la nécessaire réduction des densités. L’agence sanitaire interroge l’organisation des filières avicoles et suggère de nombreuses pistes de préparation à de futures épizooties.

Les pistes de l’Anses pour éviter une prochaine crise

Réduire les « densités d’élevage et d’oiseaux en élevage », et ce dans « toutes les filières » avicoles : c’est ce que suggère l’Anses dans son bilan de l’épisode 2021-2022 d’influenza aviaire, publié le 13 juillet. Un rapport très attendu et sur lequel le ministère de l’Agriculture doit s’appuyer pour élaborer sa nouvelle feuille de route, attendue très prochainement. En particulier, l’agence sanitaire estime que « la diminution durable de la densité des élevages de canards dans certaines zones est un objectif structurel à moyen-long terme ». Les palmipèdes sont particulièrement sensibles à l’influenza et peuvent excréter le virus avant même l’apparition des premiers symptômes. Et d’insister : « Il semble toujours nécessaire de réduire drastiquement le nombre de lots de canards présents sur les zones de fortes densités d’élevages aviaires en période à risque ».

La biosécurité « ne suffit pas »

L’Anses propose donc une « forme de supervision globale » des pouvoirs publics afin d’éviter de « déconcentrer par endroits pour concentrer dans d’autres ». Pour l’agence, au-delà des seuls critères environnementaux actuellement en vigueur, l’autorisation d’exploiter « devrait être également dépendante de critères sanitaires ». « Le positionnement des unités de reproducteurs des filières avicoles doit aussi être repensé », ajoute l’Anses, demandant « une réglementation qui permette d’interdire l’installation de certains élevages à proximité des sites très sensibles déjà implantés ».

« À plus long terme, ces épizooties répétées posent la question de la structure des productions », soulève l’Anses. Une réflexion qui vise aussi bien le Sud-Ouest – avec sa « densité d’élevages de palmipèdes » – que le Grand Ouest – marqué par la « présence simultanée de toutes les activités d’une filière dans une zone restreinte ». L’épisode 2021-2022 d’influenza a été marqué par une conjonction de facteurs aggravants : virus très contagieux, forte contamination de l’environnement, animaux excréteurs, zones denses en volailles. Autant de raisons qui font que « la biosécurité ordinaire en élevage ne [suffit] pas à maîtriser, seule, la diffusion de l’infection ». Et ce, même si l’agence constate une amélioration générale de la biosécurité (malgré des « failles » dans certains élevages).

Séparer les activités entre ZR et ZI

À court terme, l’Anses recommande « fortement » aux filières avicoles de s’accorder sur une « réorganisation permettant de mettre en place un cloisonnement géographique des activités aviaires » afin de limiter les croisements, ou encore d’identifier les intervenants en élevage qui « restent absolument incontournables en période de crise sanitaire ». Un cloisonnement qui passerait « a minima et dans l’immédiat » par une séparation des activités entre zone réglementée (ZR) et zone indemne (ZI), avec « des véhicules dédiés entre ZR et ZI ».

Avec huit génotypes détectés (tous du sous-type H5N1), cet épisode a aussi été marqué par des « introductions multiples ». Les deux « flambées » dans le Sud-Ouest et dans le Grand Ouest sont bien « d’origine différente », mais elles partagent « un schéma épidémiologique similaire », note l’Anses : « introduction en élevage depuis l’avifaune sauvage et diffusion au sein des élevages de palmipèdes gras, puis diffusion multiple inter-élevages et inter-filières ».

« La mise à l’abri n’a pas été vaine »

Outre l’excrétion précoce du virus et la densité en animaux, l’Anses a identifié d’autres facteurs de diffusion, dont la « voie aéroportée à faible distance » et le « maintien en activité d’élevages de palmipèdes reproducteurs infectés pour sauvegarder la génétique ». Sans oublier le « débordement des capacités d’euthanasie et d’élimination des cadavres », observé notamment dans le Grand Ouest, où il « a contribué à la diffusion de l’infection, en maintenant des animaux infectés sur pied ». L’Anses suggère donc de plancher sur des « techniques permettant de maintenir les oiseaux en bâtiments au moment de l’euthanasie ». Dans le cadre de la préparation aux crises, l’agence souhaite aussi prévoir des « alternatives à l’équarrissage en cas d’épizootie » (enfouissement sur place, stockage temporaire ou définitif dans les centres de déchets, incinérateurs mobiles, compostage).

Une note positive toutefois : l’Anses souligne que « la mise à l’abri des oiseaux n’a pas été vaine durant cette période 2021-2022 ». Et de rappeler que plusieurs foyers ont « pu être maîtrisés sans provoquer d’épizootie ». Ce fut le cas dans le Nord, dans le Gers (Manciet), dans les Landes (Hastingues), mais aussi en Bretagne et pour les « premiers foyers vendéens ». Des foyers marqués par des « risques de diffusion limités », une détection précoce et une réaction rapide.