40 ans de l’Ambassade du Charolais
Un anniversaire plein d’avenir

Cédric Michelin
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Samedi 22 juillet, l’Ambassade du Charolais célébrait son quarantième anniversaire. Une journée festive riche de réflexions portées à la fois sur le passé, le présent et l’avenir. A l’image du dicton de l’invité d’honneur, André Valadier, « père fondateur » du Parc naturel et du renouveau de l’Aubrac : « La tradition sans modernité est stérile ; la modernité sans tradition est aveugle ». Donc, marier la tradition et la modernité et vous aurez un puissant avenir à construire !

Un anniversaire plein d’avenir
Les ambassadeurs se réunissaient autour d'un magnifique gâteau d'anniversaire pour ces 40 ans exceptionnels

Au Parc des expositions de Charolles, dès 8 heures du matin, les randonneurs s’étaient donné rendez-vous pour de belles balades à la découverte des bocages alentour. Le temps était de la partie, avec une température idéale et un soleil au rendez-vous. Le concours régional des fromages fermiers de Bourgogne accueillait également ses premiers invités (lire en page HH), tandis que le préfet de Saône-et-Loire, Yves Séguy venait échanger avec le président de l’Ambassade, Daniel Rizet sur sa vision de la ruralité. En effet, le thème du jour était placé sous la question et l’affirmation : « Le Charolais, ses racines, son avenir ! » Et Daniel Rizet entendait bien mettre un maximum de personnes autour de la table pour réfléchir. Ce fut chose faite le matin autour de deux ateliers. Un sur « l’élevage et l’attractivité du territoire aujourd’hui et demain ». Une quarantaine de personnes participait aux débats, que ce soit des professionnels de la filière, des acteurs de la ruralité ou de simples habitants, bien encadré par des animateurs des Communautés de communes du Charolais, venus prêter main-forte. Le deuxième atelier portait sur un autre sujet capital, « l’élevage et la transmission ».

« Alléger » les lois sur l’installation

Un sujet qui tient particulièrement à cœur de Daniel Rizet qui le redisait devant le président du Département, André Accary, la députée Josiane Corneloup, le maire de Charolles, Pierre Berthier, le sous-préfet, David Roche, le président de la chambre d’agriculture, Bernard Lacour et nombre d’invités et d’ambassadeurs de la race et de ce beau territoire. André Accary redisait que « 40 ans, c’est jeune » et que bien d’autres départements n’ont pas la chance d’être le berceau d'une race aussi puissante, présente dans 70 pays à travers le monde. Il en voulait pour preuve que la « région de Normandie finance la race normande pour la redévelopper… car elle est concurrencée par la race charolaise, là-bas ». Un succès d’estime qui lui faisait surtout regretter le manque d’engagement politique du conseil Régional Bourgogne-Franche-Comté. Il se disait même « révolter de ce qu’on nous interdit de faire, ce qu’on a toujours fait jusqu’à aujourd’hui » sur la promotion, la communication ou l’accompagnement technico-sanitaire, à l’image des récupérateurs d’eau pour s’adapter au changement climatique. Pourtant, pour Josiane Corneloup, « les premiers défenseurs de l’environnement sont les agricultrices et agriculteurs », elle qui se bat pour que les loups ne viennent pas décourager et ruiner le travail des éleveurs. Revenant sur la transmission puisqu’elle fait partie à l’Assemblée nationale du groupe de travail sur la future Loi d’orientation agricole, la députée affirmait vouloir « alléger et infléchir les politiques actuelles pour anticiper davantage et favoriser l’installation de jeunes ». Une obligation et urgence à l’heure où « la moitié des agriculteurs » va prendre sa retraite. Le sous-préfet, David Roche redisait le soutien des services de l’État et rajoutait l’importance à ses yeux d’un futur classement probable du Charolais à l’Unesco car « il y a convergence d’intérêts entre cette candidature et l’activité d’élevage ».

L’Histoire écrite en direct

Alors que les derniers randonneurs revenaient à leur point de départ, ils avaient le plaisir de trouver de quoi se revigorer grâce au bon repas du midi, où les viandes charolaises – de bœufs, d’agneaux ou de volailles (on oublie trop souvent que le Charolais produit cette IGP) – côtoyaient les bons fromages AOP Charolais. Après s’être sustentés, les convives se dirigeaient vers la Halle pour une conférence exceptionnelle d’André Valadier. Ce paysan-éleveur de l’Aveyron est le symbole du renouveau de l’Aubrac il y a 60 ans, la race et son territoire. Succès toujours d'actualité pour celui qui fut aussi le président de l'INAO. « Je suis une archive » disait-il humblement. Un sage en convenait plutôt l’assemblée présente, tant à 90 ans, il restait une source d’inspiration inépuisable. Un exemple pour Daniel Rizet. 

Toujours fringant et infatigable défenseur de l'Aubrac, du fromage Laguiole et de l'aligot, André Valadier participait d’ailleurs à une table ronde, entouré de Marine Seckler, présidente JA71, Christian Bajard, président de la FDSEA et Didier Giraud, éleveur et « Grande gueule sur RMC ». Retenu en Touraine, le critique gastronomique, Périco Légasse les rejoignait en fin d’après-midi. Au final, trois heures trente de débats passionnants qui auront, à coup sûr, donné des idées à toutes et tous.

Aux sons des trompes de chasse, les intronisations des nouveaux membres de l’Ambassade se déroulaient avec les odeurs montantes de la bonne viande Charolaise. La soirée se terminait par un repas anniversaire exceptionnel tard dans la nuit. À n’en pas douter, une journée qui restera dans les mémoires de tous les participants.