Administration
Un préfet s’en va…

Françoise Thomas
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Après trois ans passé à la préfecture de Saône-et-Loire, Jérôme Gutton a quitté le département en cette fin août. Lundi 24, Julien Charles lui a succédé à la préfecture à Mâcon. Avant de partir, Jérôme Gutton a tenu a rassemblé quelques journalistes pour dresser une sorte de bilan de ces trois années en Saône-et-Loire.

Un préfet s’en va…

Lors de la mini réception de départ à laquelle seule la presse écrite et web départementale était conviée, Jérôme Gutton a particulièrement tenu à rendre hommage au « très puissant département agricole » que la Saône-et-Loire est, « dans les tout premiers rangs au niveau national ».
Énumérant la diversité « prodigieuse » des productions présentes, il a fait part de sa « vraie fierté de l’avoir servie ».

Et c’est très logiquement qu’il quitte le département non sans partager « l’inquiétude légitime des éleveurs ovins face aux errements d’un loup solitaire ». Comme mesures d’urgence, Jérôme Gutton a pu solliciter des crédits pour équiper de filets électrifiés les éleveurs qui le demandaient, « j’ai autorisé également les tirs d’effarouchement sur chacun des sites où le loup est apparu ». Dans le contexte actuel de nouvelles attaques, c’est l’un des dossiers phare abordés entre les deux préfets : « mon successeur va suivre de près cette affaire ».

Proximité et communication

Le préfet sur le départ a aussi souligné que pendant trois ans il s’est « efforcé d’être proche de la profession, car je respecte et j’admire le travail des agriculteurs ». Parmi les moments forts vécus avec ces derniers, il a évoqué la rencontre au pied de la préfecture, lors de la manifestation d’octobre 2019 contre les ZNT, l’agribashing et pour une meilleure valorisation de leur travail.
Et il a aussi rappelé le contexte « tragique » de son arrivée dans le département après une série de suicides au premier semestre 2017. « On ne peut qu’être frappé par cette situation ».

Si le contexte de l’époque d’un prix de la viande extrêmement bas tend légèrement à s’améliorer, la troisième sécheresse consécutive représente désormais une nouvelle source d’inquiétude.
« Organisés conjointement avec l’ensemble des acteurs concernés, les comités sécheresse ont permis de décider de mesures à court terme », a-t-il rappelé. Mais cela reste cependant pour le préfet Gutton, « un sujet de longue haleine, et les indemnités ne règleront les difficultés. Ce sont des mesures structurelles à long terme qui pourront faire la différence ».
Sur la sécheresse, le loup, la crise sanitaire, ou tout autre sujet sensible qu’il a eu à gérer pendant sa présence à Mâcon, il a tenu à « beaucoup communiquer, pour que les citoyens n’aient surtout pas le sentiment qu’on leur cache quoi que ce soit ».
Enfin autres acteurs du territoire auxquels il a tenu à délivrer un message par notre intermédiaire, ce sont les maires, lesquels « dans cette situation redoutable de crise sanitaire, ont fait un travail formidable. Je regrette vraiment de ne pas avoir pu les recevoir en préfecture pour les remercier... ».

Jérôme Gutton quitte donc la Saône-et-Loire « après trois années très intenses » (août 2017-août 2020), sans avoir pu nous révéler sa nouvelle affectation, « en région parisienne ». Ce que l’on devrait malgré tout savoir très vite.

Julien Charles, nouveau préfet

Julien Charles, nouveau préfet

En cette période de chassé croisée estival, place donc à un nouveau préfet en Saône-et-Loire, en la personne de Julien Charles. À 45 ans, cet historien de formation est issu du corps préfectoral où il officie depuis 2003 en « alternant » Ministères (de l’Intérieur place Beauvau notamment) et postes plus territoriaux, comme sa précédente affectation en tant qu’adjoint du préfet de la Région Île de France-Paris. Julien Charles se disait « heureux » d’arriver dans ce département, qui marquera pour lui son premier poste à la tête d'une préfecture. Nul doute qu’il aura à cœur de donner son maximum, lui qui a déjà de solides références et expériences par ailleurs (Centre, Loiret, Lorraine, Moselle, Charente-Maritime, Yvelines...). « Mon état d’esprit est de me rendre disponible et à l’écoute pour les territoires et les élus », affirmait-il. Un message qui lui tient à coeur pour l’avoir vécu personnellement en tant que « fils d’élu local », conscient « que ce sont eux, les représentants des populations et du développement des territoires ». Né à Saint-Flour dans le Cantal, sa demande est maintenant de « labourer le territoire et me déplacer le plus possible sur le terrain pour me rendre compte de la réalité des choses ».

Déjà sur le pont

ÎA la question de ses priorités actuelles, évidemment, si l’épidémie de Covid-19 est au dessus de tous les autres - avec une situation « inquiétante mais pas alarmante » pour l’heure en Saône-et-Loire -, Julien Charles s’inquiétait spontanément d’une autre crise, la sécheresse. « Elle n’est pas propre à la Saône-et-Loire mais la sécheresse est particulièrement marquée ici ». Il redisait que lui et ses services seront « extrêmement attentifs » à la situation et tout particulièrement « pour le secteur de l’élevage ». Interrogé à plusieurs reprise par les média sur le loup, il confirmait qu’une réunion de travail (FDSEA, Chambre d’Agriculture, DDT…) était programmée dès le lendemain (lire à ce sujet en page 2). Il se disait comprendre « l’émoi de la profession », « être prêt à prendre ses responsabilités » pour autoriser d’éventuels tirs - autres que d'effarouchement - « dès lors que les procédures et la méthode sont bien bordés pour gérer ce phénomène ». Un dossier qu’il étudiera en détail avec la profession donc avant de trancher.
« Entre une troisième sécheresse consécutive et le loup, c’est encore une année compliquée » pour l’agriculture en Saône-et-Loire, analysait Julien Charles qui s’inscrira dans la volonté de son prédécesseur pour que « l’Etat soit en posture d’aider » - le monde économique en général impacté par le Covid-19 - et en particulier l’agriculture pour « aller au bout des EGAlim » afin que les négociations entre agriculteurs et grande distribution locale « aboutissent » à une plus juste rémunération des premiers maillons de la chaîne.

Cédric Michelin

Un visage bien connu à la région

Un visage bien connu à la région

« Un passionné du service de l'État ». C'est ainsi que se définit Fabien Sudry, ancien préfet de Saône-et-Loire (2013 à 2015) et nouveau préfet de Côte-d'Or et régional pour la Bourgogne Franche-Comté (BFC) qui a pris officiellement ses fonctions le 24 août à Dijon. De fait, il n'hésite pas à établir un parallèle entre le rôle d'un membre de l'administration préfectorale et celle d'un Compagnon du Tour de France, peaufinant son ouvrage au fil des lieux par lesquels il passe. Avec la volonté affirmée de « remettre de la République dans un pays qui en a bien besoin ». Voilà qui devrait sous-tendre l'action d'un homme à travers les quatre sujets d'actualité particuliers sur lesquels il fait reposer ses priorités, et dont l'agriculture n'est pas absente. Fabien Sudry compte bien, en effet « mobiliser son administration » sur la problématique des sécheresses récurrentes qui frappent notre région et son agriculture.

Déjà passé par la Bourgogne

Arrivant du Pas-de-Calais, le nouveau préfet, natif de La Baule en Loire-Atlantique et âgé de 63 ans, a noté l'état de dessèchement de notre campagne. Une campagne bourguignonne qu'il connaît déjà pour avoir occupé les fonctions de sous-préfet à Louhans, en Saône-et-Loire, entre 1987 et 1990, puis celles de préfet de notre département, de 2013 à 2015. À l'échelon de la BFC, il compte poursuivre le travail entrepris sur le pacte sur les usages de l'eau. Au-delà de cette question qui affecte de plein fouet le monde agricole, le nouveau préfet axe aussi son action sur la maîtrise de la crise sanitaire et sur les questions liées à la relance de l'économie et à la préservation de l'emploi (alors que l'annonce du plan national de relance doit intervenir dans quelques jours ; une réunion des préfets a lieu ce vendredi). La thématique sécuritaire est aussi au centre des préoccupations de Fabien Sudry qui veut veiller à ce « qu'aucune communauté ne s'arroge le droit de faire la loi », référence claire aux incidents qui, en juin, avaient impliqués des membres de la communauté tchétchène à des habitants du quartier dijonnais des Grésilles et fait la Une des médias nationaux.

Berty Robert