Pacte vert
La Commission reconnaît une baisse de production

Cédric MICHELIN
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C’est historique, avec son Pacte vert (Green Deal), l’Europe s’engage vers le développement durable et reconnait pour la première fois que cela passera par une baisse de la production agricole européenne.

La Commission reconnaît une baisse de production

Selon une étude du Joint research center (JRC), le Centre de recherche de la Commission européenne, la stratégie de la biodiversité et de la Ferme à fourchette qu’elle souhaite mettre en œuvre provoquerait une baisse de la production agricole de 5 à 10 % tous secteurs confondus. C’est la première fois que la Commission européenne reconnait les conséquences négatives de ses choix politiques. Jusqu’à présent, seul un rapport rédigé par les Américains avait évalué les conséquences négatives de la stratégie des autorités communautaires. Les États-Unis avaient vivement critiqué ce choix déstabilisant les ressources alimentaires mondiales et donc la paix à l’échelle du globe.

Selon les estimations du JRC reprises par le Copa/Cogeca (organisations professionnelles agricoles européennes), les productions animales seraient davantage impactées, jusqu’à -15 % pour le bœuf, le porc et les volailles. Les changements introduits dans les modes de production (moins d’engrais, moins de produits phytosanitaires, davantage de surfaces bio et d’infrastructures écologiques), auraient pour conséquence un affaiblissement des positions à l’export pour les céréales, le porc et la volaille et une aggravation du déficit pour les oléagineux, les fruits et les légumes, les viandes bovines et ovines. Certes les prix à la production agricole devraient augmenter de 10 %, mais de façon insuffisante pour corriger l’effet négatif des baisses de production. Toujours selon le Copa/Cogeca, le rapport note que la stratégie de la biodiversité et de la Ferme à la fourchette couplée avec la nouvelle Pac devrait induire une réduction de 28,4 % des émissions de gaz à effet de serre. Mais « plus de la moitié des réductions de GES attendues sera remplacée par une augmentation équivalente des émissions dans les pays tiers », à cause de la relocalisation de l’agriculture dans les pays tiers.

Bref, les stratégies de l’Union européenne dégradent notre compétitivité avec les pays tiers, explique le Copa/Cogeca. « Si nous voulons organiser une délocalisation d’une partie de notre agriculture dans les pays tiers, l’Union européenne doit être aussi ambitieuse dans sa politique commerciale qu’elle l’est dans ses stratégies domestiques », déclare Pekka Pesonen, le secrétaire général du Copa/Cogeca.