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Bilan 2021 : vers un retour à la normale pour l’économie régionale

Dans une note de conjoncture publiée en juin 2022, l’Insee dresse le bilan économique de l’année 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes, marquée par un début de retour à la normale.

Bilan 2021 : vers un retour à la normale pour l’économie régionale
En 2021, la conjoncture agricole s’est vue une nouvelle fois perturbée par les conditions climatiques, notamment le gel d’avril 2021.

« Cette année 2021 a vu se poursuivre la situation exceptionnelle de crise sanitaire, entamée en 2020. Les périodes de confinements et de limitations de déplacements ont encore entravé l’économie de notre pays, de notre région, touchant de manière différenciée les différents secteurs d’activité et nos territoires. Mais l’année 2021 reste néanmoins marquée par des signes positifs, porteurs d’espoir ». Ce sont par ces mots que Jean-Philippe Grouthier, directeur régional de l’Insee Auvergne-Rhône-Alpes, a présenté le bilan économique de l’année 2021. Une note d’optimisme alors même que la région a enregistré, à la fin de cette année 2021, la plus forte croissance de France métropolitaine, avec un emploi salarié de + 3,6 %, et ce, notamment grâce au rebond de l’hébergement-restauration (secteur tertiaire marchand). Ainsi, la région comptait en fin d’année dernière plus de 3,1 millions (M) de salariés, soit 107 300 de plus qu’à la fin de l’année précédente. Dans l’analyse rédigée par Philippe Mossant et Aliette Cheptitski, responsables à l’Insee, il est notifié que « la Savoie et la Haute-Savoie, particulièrement malmenées pendant la crise sanitaire, rebondissent très nettement avec respectivement + 12,0 % et + 5,3 % ». Si tous les secteurs retrouvent leur niveau d’emploi d’avant-crise, ce n’est toutefois pas le cas pour l’industrie, sur la plupart des départements. « 2 200 salariés manquent toujours à l’appel, soit une baisse de 0,5 % par rapport à fin 2019 », indique le bilan de l’Insee.

Le chômage décroît 

Le taux de chômage était, quant à lui, en recul sur l’ensemble du territoire. Avec un taux de 6,4 %, « la région Auvergne-Rhône-Alpes se situe au cinquième rang des régions ayant le plus faible taux de chômage, derrière la Bretagne (5,8 %), les Pays de la Loire (6 %), la Bourgogne-Franche-Comté (6,2 %) et la Corse (6,3 %) », stipule l’enquête. En termes de création d’entreprises, la région Auvergne-Rhône-Alpes reste dynamique avec + 13 %. En 2021, 124 200 entreprises ont vu le jour, un chiffre qui augmente depuis 2015, malgré le contexte de la crise sanitaire. Par rapport au niveau de 2020, la croissance, en hausse, atteint les 24 % dans l’Allier, le Cantal et le Puy-de-Dôme, et 20 % en Ardèche et Haute-Loire. Dans le même temps, les défaillances d’entreprises, au nombre de 3 050, sont en baisse de 10 % par rapport en 2020. Toutefois, ce résultat est à prendre avec des pincettes puisqu’il est avant tout la conséquence du déploiement massif des aides de l’État destinées aux entreprises en difficultés pendant la crise sanitaire.

Les transports à la peine

Dans le domaine automobile, 190 250 voitures particulières neuves ont été vendues en 2021, ce qui représente un niveau équivalent à celui de l’année précédente. « Le nombre de véhicules achetés par des loueurs ou par des entreprises progresse de 9 % par rapport à 2020, tandis que les acquisitions des particuliers reculent de 8 % », détaille le bilan économique. Les véhicules au gazole ou à l’essence ou superéthanol sont en baisse, au profit des motorisations alternatives (gaz, électriques ou hybrides) qui deviennent le secteur le plus important, avec 77 000 immatriculations (contre 40 990 immatriculations de véhicules au gazole, pour exemple). Dans les airs, le trafic aérien reste à la peine. S’il a connu une reprise en 2021 (4,7 millions de passagers transportés en Auvergne-Rhône-Alpes) après l’effondrement historique enregistré en 2020, il reste en deçà du record observé en 2019 (12,8 M de passagers). Sur l’eau, le transport fluvial de marchandises sur l’axe Lyon-Méditerranée repart lui aussi progressivement, « avec une augmentation annuelle de 5,5 % pour 3,8 Mt transportées. L’activité a été soutenue par les filières pétrolières, les matériaux du BTP, les produits chimiques et le recyclage de déchets ».

Le tourisme impacté

Le secteur du tourisme reste l’un des plus impactés par la crise sanitaire, avec une diminution de la fréquentation des hôtels et campings de la région de 23 % par rapport à 2019, période d’avant-crise. Les hôtels régionaux ont connu un premier semestre 2021 très compliqué, avec des restrictions de déplacements ayant fortement freiné l’activité touristique (de - 33 % à - 74 % par rapport à 2019). La situation s’est ensuite quelque peu améliorée. Enfin, au niveau bancaire, « la croissance de la distribution de crédits à destination de la clientèle non financière (entreprises et ménages) retrouve son niveau d’avant crise en Auvergne-Rhône-Alpes (+ 5 %) » en 2021. La région représente 11,4 % de l’encours national des crédits avec plus de 290 milliards d’euros. Parmi les encours totaux régionaux, 62,4 % sont des crédits à l’habitat, dans un contexte de taux de financement historiquement bas. « Ce bilan économique 2021 témoigne d’une année mitigée où se côtoient des secteurs dont le dynamisme est certain et d’autres, tels que le tourisme ou les transports, pour qui la sortie du tunnel s’annonce plus laborieuse. Gageons, sous réserve d’une non-résurgence de la pandémie, que les secteurs du tourisme et des transports verront 2022 comme l’année d’un nouveau départ », a conclu Jean-Philippe Grouthier. À mi-parcours, les premiers contours se dessinent…

Agriculture : des fortunes diverses


En 2021, la conjoncture agricole s’est vue une nouvelle fois perturbée par les conditions climatiques, mais d’autres éléments sont entrés en jeu. Le gel d’avril 2021 a fortement impacté les vergers et les vignes. La production de céréales et de fourrages, a contrario, est supérieure de 10 % à la moyenne quinquennale. « Les prix des céréales et des oléagineux augmentent de 30 % à 60 % selon les catégories, tirés par une demande mondiale soutenue », est-il indiqué dans le bilan économique 2021 de l’Insee. En revanche, l’augmentation de ces prix vient seulement atténuer la forte hausse des coûts de production (+ 32 % pour l’énergie, + 93 % pour les engrais). Du côté de l’élevage, la production de lait de vache est en diminution de 2 % en 2021, conséquence de la diminution du cheptel et du coût élevé des aliments (environ + 15 %) qui contraint les éleveurs à moins complémenter la ration.

Amandine Priolet