ALIMENTATION
Les aliments à base de protéines végétales gagnent du terrain

Tandis que près d’un Français sur deux affirme consommer des légumineuses au moins une fois par semaine, les entreprises spécialisées dans la production d’aliments à base de protéines végétales ne cessent de fleurir et de se développer.

Les aliments à base de protéines végétales gagnent du terrain

En janvier 2022, les achats de viandes de boucherie par les ménages français étaient en baisse (- 12,8 %) par rapport à janvier 2021. Bien que la viande reste toujours au centre de l’assiette, la consommation de protéines végétales gagne du terrain : 48 % des Français consomment des légumineuses au moins une fois par semaine. Une tendance confirmée par l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae), selon lequel la demande globale en protéines sera 30 % plus élevée en 2100 qu’aujourd’hui. Il faut dire que l’offre de substituts végétaux s’étoffe, à l’image des nombreuses sociétés se positionnant sur ce marché. « Entre 2009 et 2019, le nombre de produits contenant des protéines végétales recensés en France a été multiplié par 4,5 », assure Laurent Rossé, directeur de l’interprofession des huiles et protéines végétales Terres Univia.

L’arrivée du végétal en rayon

Proposer du bon et du gourmand, tel est le credo des entreprises qui ont pris le tournant du végétal. En 2016, la start-up « Chiche ! » a vu le jour à Lyon. Cinq ans plus tard, en 2021, son chiffre d’affaires a atteint 600 000 €. La recette de ce succès local ? Des pois chiches grillés, prêts à être consommés et à servir à l’apéro. Désormais installée dans le Beaujolais, la structure a développé des mets tartinables à base de pois chiches et de haricots rouges, se rapprochant du houmous. Leur commercialisation se fait essentiellement en magasin spécialisé. Mais les deux dirigeantes peuvent également compter sur une activité annexe : le grillage et l’enrobage de pois chiches proposés comme une prestation auprès des agriculteurs qui revendent ensuite leur produit fini. Les légumineuses, ce sont également elles qui ont fait la réussite de Hari & Co. Cette société, dotée de 30 salariés et fondée par deux ingénieurs agronomes en 2016, mise sur la commercialisation de galettes et de boulettes aux lentilles et haricots rouges, de falafels aux pois chiches et de divers plats cuisinés. Les cofondateurs sont d’ailleurs persuadés que la future façon de cuisiner sera majoritairement végétarienne. Dorénavant, leurs produits ont trouvé place dans le rayon « traiteur végétal » de 5 000 points de vente en grande distribution et dans les assiettes de millions d’étudiants en restaurants collectifs (Nous).

Une usine de production dédiée au simili-carné

Selon l’étude Food 360 de Kantar, 41 % des personnes interrogées déclarent se sentir coupables dans leur consommation de viande en pensant à la souffrance animale. Un mauvais signe pour l’avenir des produits végétaliens simili-carnés ? Pas vraiment. Lancée en 2019, l’entreprise Happy Vore s’est positionnée sur ce juteux marché. « Steaks », « aiguillettes », « nuggets », « lardons » … ces produits n’ont de carné que le nom. La jeune pousse française assume s’adresser aux flexitariens : ces consommateurs qui réduisent fortement leur consommation de viande sans pour autant être devenus végétariens. Dotée de quinze produits et d’un réseau de 2 000 points de vente sur tout le territoire national, l’entreprise a récemment engagé un tournant stratégique. Après le lancement d’une gamme de charcuterie végétale, les cofondateurs ont annoncé avoir levé 35 millions d’euros de fonds pour la création de leur usine de simili-carné dans le Loiret, dont l’ouverture est prévue en janvier prochain. L’objectif est de produire près de 10 000 tonnes d’aliments simili-carnés par an. Mais cette percée a bien failli être remise en question par un décret paru au Journal officiel cet été. Ce dernier interdisait, à partir du 1er octobre, l'utilisation des dénominations de type « lardon », « saucisse » ou encore « merguez » pour les produits à base de protéines végétales produits dans l'Hexagone. Suite à une requête en référé-suspension déposée par l’association Protéines France, le Conseil d’État a finalement suspendu ce décret fin juillet. Conséquence : les produits contenant des protéines végétales peuvent continuer à être commercialisés sous leur dénomination actuelle… Mais pour encore combien de temps ?

Léa Rochon

Les légumineuses bio et légumes secs produits en France

Lentille : 34 900 ha en 2021
Pois chiche : 19 100 ha en 2021
Pois bio : 13 205 ha en 2020
Féverole bio : 19 334 ha en 2020
Lentille bio : 18 416 ha en 2020
Pois chiche bio : 7 157 ha en 2020
Sources : Terres Univia d’après Agence Bio et FranceAgriMer (Pac 2021)