GDS Saône-et-Loire
Encourager à un « sursaut de volonté collective »

Marc Labille
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Habitué aux coups durs, le GDS 71 vient d’être lâché par la Région qui le prive ainsi de l’une de ses principales ressources. Déçus, les responsables du groupement ne baissent pas les bras et persistent et signent dans la défense d’un modèle collectif mutualiste qui a fait ses preuves. 

Encourager à un « sursaut de volonté collective »
« Le Conseil régional ne finance plus le sanitaire de votre élevage », avaient écrit les responsables du GDS sur une banderole noire.

C’est avec un petit ruban noir piqué sur la veste que les responsables du GDS de Saône-et-Loire accueillaient leurs invités pour leur assemblée générale du 17 novembre dernier à Pouilloux. Ce signe était là pour témoigner du vif « mécontentement devant le désengagement total de la Région Bourgogne Franche-Comté » vis-à-vis des éleveurs de Saône-et-Loire et du sanitaire. Et cette nouvelle donnée n’a pas tardé à être illustrée de manière très concrète dans le rapport financier de l’association. Entre les exercices 2020-2021 et 2021-2022, le montant des subventions perçues par le GDS 71 est passé de 320.000 € à environ 150.000 €. Conséquence directe, le résultat du dernier exercice est déficitaire à -180.500 €. Et cette situation ne va pas s’améliorer en 2022-2023 puisque la perte totale des aides régionales est d’ores et déjà actée.

Privé du soutien de la Région

Aussi, le GDS 71 présentait-il un budget prévisionnel modifié en conséquence. Les solutions seront trouvées auprès du Conseil départemental qui apportera un soutien accru. Le GDS bénéficiera aussi d’un coup de pouce supplémentaire de la part du laboratoire Agrivalys sous forme de tarifs préférentiels pour les adhérents du GDS. Dans le même temps, l’association n’aura d’autre choix que d’interrompre certaines aides aux éleveurs. Et à contrecœur, elle devra se résoudre à augmenter les cotisations, expliquaient les responsables.

Malgré l’augmentation, l’adhésion au GDS demeure un investissement tout à fait rentable, insistaient trésorier et président, rappelant les aides, les services et les tarifs préférentiels d’analyse auxquels les adhérents ont accès.

Reste que le retrait de la Région est mal venu pour le GDS qui sort de plusieurs années éprouvantes. Malmenées par le Covid, ses équipes ont fait face à la complexité de la tâche sanitaire dans une époque marquée par le désengagement des pouvoirs publics. Et ces années intenses ont été émaillées par de nombreux changements au sein du GDS touchant notamment la présidence, la direction…

« 66 années de lutte… »

Mais les difficultés récentes n’ont pourtant pas altéré les convictions du jeune bureau du GDS. Et dans un rapport moral vibrant, le président Julien Chardeau a milité pour « un sursaut de volonté collective ». En ligne de mire « les sceptiques du sanitaire » auxquels il oppose les apports indiscutables de « l’esprit GDS : avancer sereinement dans les programmes d’éradication qui apportent une plus-value à nos troupeaux ; continuer la lutte contre les maladies qui menacent nos élevages ; etc. ». Animé par le pragmatisme de sa génération, le président n’en oublie pas moins les leçons d’engagement de ses prédécesseurs. « 66 années de lutte collective », rappelait-il, aujourd’hui menacées par « l’isolement et la politique du chacun pour soi ». Qualifiant cette épopée « d’histoire d’hommes », Julien Chardeau remobilisait ses troupes (délégué, administrateurs, membre de bureau, représentant régional ou national). Il rappelait les éradications et avancées du passé et les enjeux économiques des combats d’aujourd’hui : mortalité liée à la BVD, ouverture de marché liée à l’IBR, fertilité et avortement dus à la besnoitiose… Avec le confort des éleveurs et le bien-être de leurs troupeaux comme finalité. « Je veux que nous puissions transmettre à nos enfants les garanties sanitaires que nous avons nous-mêmes reçues de nos parents et grands-parents », plaidait le président du GDS, incitant à « ne jamais baisser les bras ».

 

Les faits marquants de la campagne sanitaire

L’un des faits marquants de la campagne 2021-2022 aura été la mise en place d’un allègement de prophylaxie à compter du 15 novembre 2021. Alors que tous les animaux de plus de deux ans devaient être contrôlés chaque année auparavant, un contrôle de 40 bovins suffit dans les cheptels pouvant bénéficier de cet allègement (indemnes d’IBR depuis plus trois ans et respectant certaines conditions). « Cela concerne environ 75 % des élevages de Saône-et-Loire », fait valoir Julien Chardeau qui ajoute que « ce sont des milliers d’euros économisés. Cet allègement est le fruit d’un travail sérieux pendant des années », poursuivait le président qui se félicitait aussi que le GDS 71 ait pu réactiver le mutualisme pour la prophylaxie. Grâce à ce dispositif collectif, les adhérents au GDS qui, malgré leurs efforts, ne peuvent pas bénéficier de l’allègement, ne paient pas plus que les autres, soulignait-on.

Du mieux pour l’IBR

Il y a un an, la LSA (Loi de santé animale) fixait l’éradication de l’IBR pour 2027. En 2021-2022, la situation s’est améliorée en Saône-et-Loire pour atteindre 96 % de cheptels indemnes contre 91 % un an plus tôt. Le nombre de cheptels détenant des positifs a été divisé par deux. C’est une belle avancée pour un département qui doit composer avec de nombreux mouvements d’animaux liés au commerce. « Avec un coût de prophylaxie sept fois plus élevé pour les non indemnes, les exploitations y ont toutes intérêt », commente Julien Chardeau.

Seconde campagne réussie pour la BVD

La seconde campagne de dépistage de la BVD est une réussite. 99,9 % des veaux ont en effet été dépistés non IPI tandis que 131 veaux étaient révélés positifs (dans 81 cheptels) contre 311 la campagne précédente. Les recommandations sont de poursuivre la vaccination pour ceux qui la pratiquent ; ceux qui ne vaccinent pas sont incités à effectuer une analyse de risque avec leurs vétérinaires. Pour les achats, il est également recommandé d’exiger la garantie non IPI et d’isoler les bovins jusqu’au résultat des analyses.

Un nouveau « Kit Introduction »

Le GDS 71 vient de lancer un nouveau « kit Introduction » disponible depuis le 1er novembre dernier. Trois maladies liées aux achats d’animaux sont dépistées : IBR, BVD et Besnoitiose (lire encadré). Ce triple dépistage est systématique et sans surcoût pour les adhérents du GDS. Il est optionnel pour les non-adhérents, indiquait le directeur Pierre-Olivier Renard. Pour l’IBR, ce kit permet de contrôler l’ensemble des mouvements dans le contexte d’allègement des prophylaxies. Pour la BVD, il vise à éviter l’introduction de bovins IPI ou virémiques transitoires et ainsi asseoir les efforts d’assainissement, expliquait le directeur. Enfin, pour la besnoitiose, il s’agit de prévenir l’achat de cette maladie montante et de connaître les foyers au sein du département.

Nouvelle cotisation lait cru

Une nouvelle cotisation "lait cru" entre en vigueur cette année. Elle répond à une recrudescence de cas de listéria dans les élevages laitiers. Le GDS accompagne les éleveurs touchés par cette bactérie et la cotisation est là pour financer le temps des techniciennes et la prise en charge des analyses à hauteur de 50 %.

 

Vers un plan de lutte contre la besnoitiose ?

« Sur les 1.159 animaux analysés pour la besnoitiose sur la campagne 2021-2022, 13 se sont avérés positifs ou douteux. Depuis la mise en place du nouveau Kit Intro le 1er novembre dernier, 13 positifs ou douteux ont été révélés sur un total de 1.905 bovins introduits. En 2022, 24 élevages étaient en assainissement besnoitiose dont six nouveaux cas détectés », indiquait Pierre-Olivier Renard, directeur du GDS. « La maladie est aujourd’hui fortement présente sur le territoire », confirmait Margot Brie du GDS de l’Ardèche (07). La besnoitiose se transmet surtout par les insectes mangeurs de sang (taons, mouches) mais aussi par piqûre d’aiguille. C’est une infection grave qui peut passer inaperçue. Aussi est-il recommandé de ne pas attendre d’avoir des cas cliniques pour agir, poursuivait la technicienne. Les symptômes apparaissent successivement sous la forme d’une phase fébrile, suivie d’oedèmes et de sclérodermies. « Le traitement est coûteux et pas très efficace », signalait l’intervenante qui ajoutait que l’impact économique est conséquent : jusqu’à 70 € de perte par bovin et par an. À cela, il faut ajouter du temps de travail supplémentaire et des pertes de performance (mortalité, vente et achat impossibles, infertilité…). Enfin, la besnoitiose ne dispose pas de vaccin. Malgré ce tableau inquiétant, une lutte contre la besnoitiose est possible, sont venus témoigner les représentants du GDS 07. Elle passe notamment par un dépistage des animaux âgés de plus de 24 mois, assorti de mesures préventives telles que le contrôle des achats (kit introduction), du voisinage, etc.