FDSEA et JA de Saône-et-Loire
Des inquiétudes déjà fortes pour 2021

Le 22 décembre, JA et FDSEA de Saône-et-Loire ont alerté par courrier le préfet et ses services, ainsi que tous les parlementaires du département, sur les motifs d’inquiétude en cette fin d’année et ceux déjà nombreux pour 2021. Surtout en matière de réglementation pour le secteur végétal...

Des inquiétudes déjà fortes pour 2021

« Si ces projets portés par les pouvoirs publics devaient aboutir, ils vont inévitablement fragiliser encore un peu plus les productions végétales (grandes cultures et vignes) de notre territoire, déjà fortement impactées par les aléas climatiques à répétition de ces dernières années », expliquent Marine Seckler et Christian Bajard, respectivement présidente et président des JA et de la FDSEA de Saône-et-Loire. Quels sont donc ces motifs d’inquiétude pour 2021 ?
La première problématique concerne « le plan pollinisateurs ». Les associations spécialisées (Fop, AGPB, AGPM, etc.) ont apporté leur contribution au mois d’octobre mais le gouvernement envisage d’avancer à marche forcée sans concertation. La profession confirme clairement son accord pour améliorer de manière ambitieuse la protection des pollinisateurs, cependant, tel que présenté, ce projet de texte va obliger les agriculteurs à travailler de nuit pour faire leurs traitements de culture. Il modifie également les conditions d’homologation et d’utilisation des produits phytosanitaires et sera donc source de nouvelles distorsions de concurrence pour les agriculteurs français qui n’auront plus accès à certains produits, « alors même que nos voisins européens continueront à les utiliser. Ce plan conduira à des reculs voire des abandons de certaines productions en France au profit des importations », dénonce en cœur la profession. Autre incohérence, de fait, « cela rendra totalement inopérant le plan protéines qui vient d’être annoncé et soutenu dans le plan de relance ». FDSEA et JA sont donc opposés en l’état à ces nouvelles mesures réglementaires « strictes totalement déconnectées des réalités du terrain ». La profession a réitéré ses propositions notamment « pour que la question apicole soit traitée dans sa globalité » avec « une approche à l’exploitation et même plus largement au territoire ». 

Glyphosate dans l'impasse

Le deuxième sujet concerne l’utilisation du glyphosate. En octobre dernier, l’Anses a publié les résultats de son évaluation des alternatives au glyphosate. Concernant les grandes cultures et la viticulture, les usages essentiels sont maintenus, avec une restriction de la dose annuelle maximale autorisée, respectivement de 60 % et de 80 %. L’utilisation du glyphosate sera désormais interdite entre les rangs de vignes, hormis quelques dérogations (forte pente, faible écartement entre les rangs, etc.). Il reste des difficultés voire des impasses techniques qui ne sont pas couvertes par les usages maintenant autorisés. À titre d’exemple, la restriction de l’utilisation à 20 % de la surface met une partie du vignoble en impasse technique, de même la gestion des vivaces dans le rang est interdite. FDSEA et JA réclament donc « une approche cohérente pour les cultures pérennes (viticulture et arboriculture), et ainsi limiter la réduction à 60 % par rapport à la dose maximale jusqu’ici autorisée en viticulture ». De plus, le matériel de pulvérisation n’est pas adapté pour intervenir sur une bande inférieure à 50 cm, la profession souhaite donc une dérogation pour les vignes étroites. Enfin, la gestion des adventices vivaces entre les rangs doit être reconsidérée.

ZNT symbole des conflits

Toujours en lien avec le sujet des traitements, le troisième motif d’inquiétude porté aux oreilles des parlementaires est la mise en place des ZNT, zones de non traitement. La Charte de bon voisinage, validée par le préfet en juillet dernier, a permis aux producteurs, dès la campagne 2020, de réduire les ZNT sous réserve du respect d’un certain nombre de conditions. Pour autant, elle n’a pas tout résolu et même suscité de nouvelles problématiques. « L’impact économique est indéniable, de nature à mettre en péril de nombreuses exploitations », alertent FDSEA et JA. En outre, les producteurs ressentent les ZNT comme le symbole d’une démarche institutionnelle de rejet de l’agriculture française. Les situations de conflits entre riverains et agriculteurs se multiplient, chaque sortie de tracteurs est source de questions pour les riverains, même lorsqu’il s’agit simplement de réaliser des semis. 
Le courrier se termine par d’autres dossiers de fond : l’application des ÉGAlim, « qui interdit la commercialisation de denrées alimentaires ne respectant pas la réglementation européenne », la protection du foncier agricole contre l’artificialisation…
La conclusion est sans appel : « nous attendons donc des pouvoirs publics qu’ils mettent la même énergie à communiquer positivement sur les pratiques des agriculteurs qu’à multiplier les contraintes. Trois sécheresses successives et la crise du Covid-19 ont contribué à fragiliser les exploitations agricoles de notre département, les producteurs en cultures végétales et viticoles attendent votre soutien sur l’ensemble de ces sujets ». Une belle résolution à prendre et à appliquer en 2021 et même après.