Entrepreneurs du territoire
Le travail à façon se développe

Cédric MICHELIN
-

La Fédération nationale des entrepreneurs du territoire (FNEDT) faisait, le 17 décembre, un premier bilan de l'activité sur l'année 2020 et un tour de l’actualité de ce secteur en pleine croissance. 

Le travail à façon se développe

« De plus en plus d’exploitations agricoles ont recours au travail à façon, c’est-à-dire à des prestataires de service extérieurs pour réaliser tout ou partie de leurs travaux », a indiqué le sociologue François Purseigle, professeur des universités à l’Institut national polytechnique (INP) de Toulouse. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. Tout d’abord la diminution de la population agricole. « Les chefs d’exploitation représentent aujourd’hui moins d’1,5 % de la population active et dans dix ans, ils risquent d’être sous le seuil du 1 % », a-t-il indiqué. Moins nombreux, devant assurer la rentabilité économique de leurs exploitations, et parce que les « collatéraux travaillent de moins en moins sur l’exploitation », ils ont recours à la sous-traitance. « En moyenne, elle a augmenté de plus de 50 % ces derniers années, pour atteindre 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires », a ajouté François Purseigle. Cette tendance concerne principalement le secteur des grandes cultures et de l’élevage. Pas moins de 12 % des exploitations de grandes cultures délèguent les activités de productions végétales et « 18 % des élevages ont recours à des entreprises de travaux agricoles pour faire le travail que faisaient jadis les collatéraux », explique-t-il.

Égalité de traitement

Cette formule de travail à façon peut également être une manière de transmettre une exploitation. Ainsi, « parce qu’une famille ne trouve pas de repreneur et qu’elle considère l’exploitation comme un patrimoine, elle recourt à un prestataire de service de manière transitoire », précise-t-il ajoutant qu’il ne faut pas systématiquement « opposer installation et prise en charge du travail ». En fait, le panel de sous-traitance se révèle très large allant d’une simple délégation de travaux ponctuels (exemple : effectuer une récolte) à une délégation quasi-intégrale ou intégrale.

Les cinq profils d'adoptants

François Purseigle en identifie cinq. Dans une étude de juillet 2020, intitulée "Sous-traitance et délégation du travail : marqueurs des mutations de l’organisation de la production agricole", réalisée avec Geneviève Nguyen, Julien Brailly et Bruno Legagneux, le sociologue François Purseigle identifie cinq profils d’adoptants de la sous-traitance. Tout d’abord l’agriculteur qui délègue traditionnellement certaines opérations (semis, récolte…), ensuite celui qui, par souci de transition écologique, cherche à tester de nouvelles pratiques en faisant tester un matériel performant. La 3e catégorie est celle de l’agriculteur cherchant à déléguer les traitements phytosanitaires pour éviter les risques ou le coût associé (certification, achat de matériel). Le 4e profil est l’agriculteur, polyculteur-éleveur sur une petite structure, qui n’a pas la possibilité d’acheter du matériel et dont la structure est trop petite et qui est contraint de faire appel à un prestataire. Enfin, 5e profil : l’agriculteur qui par choix économique ou social (maladie) choisit l’option de la délégation quasi-intégrale ou intégrale.