Ayant pour cadre le Château du Clos de Vougeot, l’assemblée générale du BIVB a permis non seulement de faire le point sur la situation actuelle, un brin préoccupante, mais aussi de se projeter vers le futur avec le projet Mobilisation 2025.

Un contexte compliqué
Les sujets d'inquiétude ne manquent pas en cette période troublée.

L’ambiance était loin d’être festive en cette matinée du 16 décembre. Du fait des contraintes sanitaires d’une part, faute à la situation quelque peu inquiétante en terme économique d’autre part.

Un moindre mal

Président délégué, François Labet a souligné combien les douze derniers mois ont été pénibles à vivre. « 2020 fut une année peu commune ». Avec, déjà, une petite récolte en rouge compensée par la récolte en blanc. « Il y a une faible quantité de vin rouge, un quart de la production de vin tranquille, alors que cela représente habituellement un tiers. Mais ce fut très satisfait côté qualité du millésime. Il faut continuer dans l’investissement au niveau du matériel végétal… Cette année nous a aussi obligé à renouveler notre communication ». Et François Labet d’avoir une pensée pour les bars et restaurants fermés, avec toutes les conséquences que cela suppose. « Le vin n’est pas un produit comme un autre ».

De son côté, Louis-Fabrice Latour, président du BIVB, a estimé que « nous n’avons pas trop mal traversé l’année en Bourgogne avec une baisse de 6% en valeur à l’export. C’est plutôt bien en comparaison avec les– 24 % pour la Champagne et les – 20 % pour le Bordelais. Néanmoins, les chiffres sont plutôt médiocres en France. Cela devrait tourner autour de – 20 %. Globalement, nous devrions avoir – 13 % ». À l’export, les situations ont été très diverses et parfois surprenantes. Ainsi, pour la Grande-Bretagne, la Bourgogne enregistre un + 13 % en volume sur les 10 premiers mois de 2020. « Nous n’avons pas d’inquiétude démesurée. Mais la parité livre-euro est essentielle ». Côté États-Unis, la situation est bien plus contrastée. « Un dialogue est noué. Il y a peut-être une lueur d’espoir quant à la levée des taxes ». Mais d’autres sujets pourraient tendre le dialogue à l’image de certaines décisions françaises et européennes. « Aux États-Unis, il y a eu une chute de 25 % pour les vins de Bourgogne. Il est difficile de faire un pronostic pour 2021. Je crains un début d’année 2021 compliqué au niveau commercial ».

Succès des webinaires

Au moment d’évoquer les actions 2019-2020 du Pôle Technique et Qualité, force est de constater que le bilan est lui aussi en demi-teinte. En terme de lutte contre les dépérissements, le rendez-vous beaunois des 9 et 10 janvier a été un franc succès en présence de quelque 130 chercheurs et techniciens. Par contre, côté jaunisse, la situation s’aggrave. Pour ce qui est de la transition agroécologique, il y a « un contexte réglementaire qui nous rattrape très vite » selon Jean-Philippe Gervais. Il y a toutefois « des outils d’aides à la décision construits avec le pôle Marché et Développement intégrant une approche économique des itinéraires de production bas intrants et qui facilitent le déploiement de notre Charte régionale ». À noter aussi l’approche prospective grâce à la plateforme de variétés résistantes d’Aluze avec les premiers raisins vinifiés cette année. On notera, enfin, que les webinaires ont été une belle réussite « permettant de toucher beaucoup de personnes ».

En route pour 2025

Cette assemblé générale a permis de présenter le projet Mobilisation 2025 réalisé en collaboration avec les acteurs de la filière. Il s’inscrit dans la continuité du Plan 2020, intégrant les réalités d’un contexte qui évolue fortement. Les enjeux techniques, climatiques, économiques et sociétaux conduisent à faire évoluer les principes d’actions de la filière des vins de Bourgogne. L’ambition du BIVB est « de se donner les moyens de réinventer les modèles de production pour préserver l’image d’excellence et l’identité des vins de Bourgogne ». Il s’agit certes d’un plan à cinq ans mais avec une vision à très long terme. L’objectif est de maintenir le niveau d’excellence des vins de Bourgogne, de pérenniser le potentiel de production et d’assurer une viabilité économique des opérateurs. Pour cela, quatre axes stratégiques ont été retenus. A savoir inventer les modèles technico-économiques de demain. Mais aussi mobiliser les vignerons et les appuyer pour leur communication. Ou encore conforter l’image forte des vins de Bourgogne en s’adaptant aux évolutions sociétales et aux consommateurs. Et aussi se doter et déployer des outils d’intelligence économique et technique.