Agronomie
Une solution pour rendre le sol autonome et autofertilisant

Marc Labille
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En septembre dernier, l’exploitation de Kevin Maréchal à Toulon-sur-Arroux était le théâtre d’une journée technique organisée par la société Sobac. L’occasion d’en savoir un peu plus sur la démarche promue par cette entreprise fondée par Marcel Mézy.

Une solution pour rendre le sol autonome et autofertilisant
L’approche développée par Marcel Mézy consiste à reprendre soin de la vie naturelle du sol, « ce qui va ressurgir sur la flore qui elle-même va changer le métabolisme de l’animal d’où une meilleure santé et même de meilleurs produits pour les consommateurs… ».

Au mois de septembre dernier, la société Sobac a organisé une journée technique à Toulon-sur-Arroux. Environ 70 personnes sont venues assister à cette réunion promotionnelle au programme de laquelle figurait la visite de l’exploitation de Kevin Maréchal, en démarche Sobac depuis 2011 (lire encadré). La journée a débuté par une présentation du concept initié par le fondateur Marcel Mézy, lequel était présent à Toulon. Âgé de 80 ans, le créateur de Sobac est issu d’une famille d’éleveurs de l’Aveyron. « Paysan chercheur autodidacte » comme il aime se définir, ses propres recherches, s’appuyant sur son sens de l’observation, l’ont amené à la sélection de micro-organismes bénéfiques pour le sol. Fondée en 1992, la société Sobac est aujourd’hui l’affaire de quatre associés dont Marcel Mézy lui-même ainsi que son fils Christophe et les frères Fabre, Raymond et Patrick. La « technologie Marcel Mézy » repose sur des « semences microbiennes » connues sous les noms commerciaux de « Bactériosol et Bactériolit ». « Que ce soit directement dans le sol ou par l’intermédiaire du lisier, du fumier ou de déchets verts, on ensemence le sol avec des micro-organismes qui vont aller restaurer tous les mécanismes du sol. Ces petits ouvriers vont rendre ce sol autonome et autofertilisant », explique Olivier Monnet, technico-commercial à Sobac.

« Reprendre en main le système »

Au-delà de l’utilisation du produit, le concept Sobac se veut « une démarche intellectuelle de reprise en main du système », poursuit le technicien. Il s’agit en effet « de sortir de deux ou trois générations de chimie qui ont conduit à une atrophie des sols avec un taux de matière organique qui a été divisé par deux en deux générations », indique Olivier Monnet. La méthode entend se passer d’engrais chimiques classiques (potasse et phosphore), de chaulage, « lequel revient à se battre contre la nature », estime Olivier Monnet. Au contraire, l’approche développée par Marcel Mézy consiste à reprendre soin de la vie naturelle du sol. « Et ce ré-ensemencement va ressurgir sur la plante et la flore qui elles-mêmes vont changer le métabolisme de l’animal d’où une meilleure santé et même de meilleurs produits avec de meilleures qualités nutritionnelles pour les consommateurs… Un cercle vertueux », synthétise le représentant de Sobac.

Agriculture durable

Chez les utilisateurs des produits Sobac, « les fourrages sont plus riches en matière azotée et en oligo-éléments. Les troupeaux sont en meilleure santé avec moins de frais vétérinaire, moins de dépenses en aliments… », rapporte-t-on. 

« C’est une mutation vers une agriculture durable », que promeut cette société aveyronnaise. Les technologies Marcel Mézy ont obtenu le label international « Solar Impulse », titre décerné par une fondation mondiale qui récompense « des solutions propres et rentables ». Elles ont été présentées à la Cop21 et, de part les propriétés des micro-organismes qui les composent, elles se prévalent d’être de « véritables pièges à carbone » dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Les profils de sol parlent…

Les profils de sol parlent…

L’un des ateliers de la journée du 15 septembre était consacré à l’étude d’un profil de sol sur une parcelle de l’exploitation de Kévin Maréchal à Toulon-sur-Arroux. Une comparaison a notamment été réalisée entre deux parcelles voisines : l’une ayant reçu du lisier traité au Bactériolit et l’autre servant de témoin, conduite en conventionnel. « La différence au niveau du système racinaire était impressionnante, de l’ordre de 50 cm d’écart. Pour les galeries de vers de terre, c’était de 400 à 1.800 avec évidemment une meilleure filtration de l’eau. Le pH était d’une grande homogénéité sur toute la hauteur alors qu’à côté ça variait beaucoup », témoigne Kévin Maréchal. 

« Une démarche d’autonomie »

Kevin Maréchal exploite 107 hectares à Toulon-sur-Arroux sur lesquels il conduit un troupeau de 85 mères charolaises. L’exploitation compte une douzaine d’hectares de cultures, 10 ha de maïs ensilage, des prairies naturelles et temporaires. Kevin a connu la ferme en tant qu’apprenti lorsqu’elle était encore tenue par son prédécesseur Jean-Marc Guilhem. Les deux hommes se sont associés en 2017 et Kevin a succédé à Jean-Marc en janvier 2020. Jean-Marc Guilhem travaillait avec la société Sobac depuis 2011 et Kevin a poursuivi dans la même direction. « Jean-Marc me disait que l’engrais ce n’était pas la solution. J’étais quand même étonné, mais quand on ensilait avec la Cuma, on voyait bien qu’on faisait autant que les autres. Bien que super chargé en bêtes, le troupeau est plutôt en bonne santé générale et les frais vétos sont globalement maîtrisés », témoigne Kevin Maréchal. Ayant repris un cheptel réputé dont il vend des reproducteurs, Kevin s’entend dire que ses « bêtes sont belles et fraîches ». Le jeune éleveur se dit « très proche d'elles ». 

Côté alimentation, « j’ai divisé l’apport de minéraux par deux et tout va bien », témoigne Kevin. Le profil de sol réalisé lors de la journée de septembre dernier confirme ce que pressentait le jeune agriculteur. « Au printemps, j’avais fait des analyses de sol et elles étaient bonnes. Mes dernières analyses de fourrages étaient bonnes également. Sur deux ensilages, au niveau énergétique et au niveau protéique, c’était très satisfaisant. Je ne donne plus d’aliments à mes vaches, juste un peu d’ensilage de maïs, d’herbe et de foin dans leur ration donnée à la mélangeuse deux fois par semaine. L’an dernier, je n’ai quasiment pas mis d’azote et, quand j’en mets, c’est 30 unités uniquement sur les parcelles à ensiler. Je mets 4,5 t pour 107 ha ». Pour la conduite des céréales, Kevin applique un seul désherbant ce qui lui « gagne au moins deux passages de pulvérisateur et deux passages d’engrais ». Cela avec un rendement de 52 quintaux par hectare. Dans une démarche d’autonomie, Kevin a semé 6 ha de méteil et dans son système très intensif, il dit être quasiment autonome en fourrages.