Elva Novia
Santé financière retrouvée !

Marc Labille
-

Quatre années d’efforts ont permis à la coopérative Elva Novia de retrouver une santé financière saine. La création de Connexyon, avec sa voisine Cecna, a permis à Elva Novia de se réorganiser avec succès. Ce qui l’autorise à nouveau à investir dans des projets innovants pour les éleveurs.

Santé financière retrouvée !
Le 7 décembre dernier à Mervans, tandis qu’ils se félicitaient des résultats redevenus positifs pour leur coopérative, les responsables d’Elvanovia ont tenu à saluer les efforts accomplis par leurs salariés ainsi qu’à remercier leurs adhérents pour leur confiance.

L’assemblée générale d’Elva Novia s’est tenue le 7 décembre dernier à Mervans. Un retour en Saône-et-Loire sur les terres bressanes de son président Laurent Ferrier à la tête de la coopérative depuis bientôt trois ans. Cette prise de fonction début 2019 s’est accompagnée d’un tournant majeur pour Elva Novia. En effet, un important plan de restructuration était alors engagé pour mettre un terme à plusieurs années de pertes économiques. Le directeur de la Cecna voisine (zone Yonne et limitrophe) prenait la direction d’Elva Novia et les deux coopératives d’insémination créaient ensemble une structure commune dénommée Connexyon. Si le directeur est commun, les deux entités ont été conservées avec chacune leur conseil d’administration, leurs territoires. La nouvelle structure a permis de mutualiser des moyens sur une zone couvrant 14 départements sillonnée par 90 inséminateurs pour un chiffre d’affaires total de 26 millions d’euros. « La création de Connexyon a permis à Elva Novia de se réorganiser efficacement. Les objectifs présentés en 2019 sont atteints avec des résultats à nouveau positifs », se félicitait Laurent Ferrier.

De fait, ces dernières années « d’efforts de gestion et de rigueur » ont permis à la coopérative de reconstituer sa trésorerie. Ce retour d’une santé financière saine, elle le doit notamment à un chiffre d’affaires qui réussit à se maintenir malgré une baisse d’activité chronique dans le secteur de l’insémination (lire encadré). Cette prouesse est le fait d’un important travail de la part des salariés de l’entreprise qui ont su « capter de la valeur » en développant certaines activités et en saturant les outils. L’effort a aussi été consenti par les éleveurs qui n’ont pu éviter certaines hausses des tarifs, indispensables à l’équilibre économique de la coopérative. Cette dernière a aussi consenti un important effort sur ses charges salariales qui sont passées de 7 millions d’euros à moins de 5 millions d’euros.

La taurellerie de Fontaines à plein régime !

La réorganisation induite par la création du groupe Connexyon a porté ses fruits, tant en termes de gestion administrative interne que de logistique. Toute l’activité semences (taurellerie, production, logistique, azote…) est désormais centralisée au siège de Fontaines où sont brassées plus de 2 millions de doses, faisait valoir le directeur Pierrick Drevillon. Tout est aujourd’hui fait pour « saturer l’outil taurellerie, de telle sorte qu’il s’auto-finance », expliquait le directeur. Les 124 places de la taurellerie de Fontaines sont ainsi constamment prises. 1,5 million de doses de semences y sont produites par 83 taureaux en moyenne. Pour assurer le remplissage du site, Fontaines n’hésite pas à accueillir des taureaux d’entreprises de sélection d’autres zones, à l’instar de la race blanc bleu belge qui vient faire prélever des taureaux culards sur le site saône-et-loirien. Corollaire de la production de semences, le service azote est lui aussi centralisé à Fontaines et il approvisionne un peu plus de 500 contrats du nord Côte-d’Or au sud Puy-de-Dôme, indiquait Pierrick Drevillon.

La filiale commerciale de diététique et de minéraux Généform appartient désormais au groupe Connexyon comme les deux autres filiales que sont Saphir (hygiène) et le photovoltaïque. Avec un chiffre d’affaires consolidé de plus de 5 millions d’euros, ces trois activités contribuent aux bénéfices de la coopérative avec des résultats tous positifs. « C’est 305.000 € qui remontent à la coop ! », faisait valoir Laurent Ferrier.

« Revenir à une animation plus territoriale »

Heureux « du chemin parcouru par la coop depuis quatre ans », Laurent Ferrier se félicitait de ces bons résultats qui vont permettre « d’oser à nouveau », confiait-il. En clair, Elvanovia s’apprête à réinvestir dans des programmes d’avenir, désireuse de répondre « aux besoins très évolutifs des éleveurs », annonçait le président. Et ce dernier d’assurer que « l’insémination, l’échographie, le suivi repro, le sexage et aujourd’hui le génotypage de masse sont des moyens pouvant répondre seul ou à plusieurs aux exigences économiques et techniques ». Se démarquant d’une offre nationale et européenne « très standardisée », le conseil d’administration d’Elva Novia fait le choix « de revenir sur une animation plus territoriale », annonçait Laurent Ferrier, qui appelle « à réinvestir sur des projets plus locaux en phase avec la demande du marché de plus en plus régionalisée en liaison avec le terroir et ses races locales ».

Ce choix implique de « s’appuyer sur les nombreuses organisations présentes dans les élevages », indiquait-il. Parmi les actions citées, le génotypage de masse sur la voix femelle, que les races laitières connaissent bien, est en train d’être déployé en race charolaise. Elva Novia s’y emploie depuis cet automne avec une offre « massification » proposée aux éleveurs. Le conseil d’administration vient aussi de faire le choix de « reprendre l’animation de la transplantation embryonnaire afin d’assurer la démultiplication de la génétique des femelles de notre zone », révélait Laurent Ferrier. La seconde partie de la réunion était consacrée à la présentation de la station de donneuses d’embryons de l’entreprise de sélection montbéliarde Umotest. Un exemple qui inspire un projet similaire pour la race charolaise en Saône-et-Loire et qu’Elva Novia aimerait voir se concrétiser.

Résultats positifs malgré l’érosion structurelle

Les coopératives d’insémination doivent faire face à une baisse structurelle des inséminations bovines. Pour Elva Novia, cette baisse était de – 2,5 % au cours de l’exercice 2020-2021 (121.400 IAP, 47 % lait, 53 % allaitant). Une érosion que la coopérative parvient tout de même à stabiliser, mieux que la moyenne nationale. La baisse d’activité touche aussi les échographies à – 3,2 %. Mais avec 216.000 constats de gestation, cette activité continue de peser très lourd, au point de concerner plus de vaches que les inséminations, faisait remarquer Pierrick Drevillon. Les suivis repro se stabilisent à 250 élevages. La coopérative réfléchit à un système plus léger à destination des éleveurs allaitants, annonçait le directeur. Quant aux synchronisations des chaleurs, elles n’ont cessé de se développer depuis cinq ans pour atteindre 560 élevages (12.000 synchros), essentiellement de vaches allaitantes. Cette grosse activité est en pleine évolution pour s’adapter au contexte sociétal. De nouvelles méthodes de synchronisation vont devoir être proposées. Des essais seront menés cet hiver auprès des adhérents d’Elva Novia. La récolte en ferme est un autre service phare d’Elva Novia. Avec plus de 1.000 taureaux récoltés, cette activité, qui fait des émules et rayonne jusqu’à l’étranger, occupe trois techniciens aux commandes de leurs camionnettes floquées. Son chiffre d’affaires a fait un bond de + 24 %, essentiellement dû à l’augmentation du prix de la prestation, informe Pierrick Drevillon.