Placée sous le vocable Saint-Martin, l’église de Sevrey a révélé d’inattendus trésors de manière totalement fortuite.

A Sevrey, le Christ en Majesté

Située à quelques kilomètres au sud de Chalon, l’église Saint-Martin de Sevrey a été reconstruite en 1862 par l’architecte chalonnais Narjoux, lequel conserva, dans son projet, deux chapelles du XVe siècle et une abside romane utilisée comme sacristie. Alors que la municipalité envisageait la remise en état de cette abside, le hasard fit découvrir quelques fragments de peinture colorés. Les sondages qui ont suivi ont confirmé l’intérêt des restes conservés sous les badigeons. Le dégagement de l’ensemble et sa conservation furent alors décidés dans le cadre d’un chantier composé de bénévoles placés sous la direction de professionnels : J.G. Cellier, directeur d’un atelier de restauration à Paris, et P. Delval de Dijon.

Mise en valeur

La première opération de dégagement a permis de faire apparaître une représentation du Christ en Majesté. Placé dans une mandorle, il tient le livre de sa main gauche, ses pieds reposant sur une sphère. Il est entouré des symboles des évangélistes présentés dans des cercles constitués d’une grande bande rouge crénelée. Les espaces intermédiaires sont ornés de motifs stylisés peints en rouge sur enduit blanc. Ils forment des réseaux de branchages et de rinceaux constituant un très grand arbre de vie. Le registre inférieur du mur circulaire de l’abside comporte à gauche de la fenêtre centrale une représentation de saint Adrien. Ce saint, peint en gris avec des rehauts de noir, hormis le lion à ses pieds, est reconnaissable par son armure et l’enclume qu’il tient de la main gauche. A droite de la fenêtre, une sainte Barbe tenant la tour de sa main droite est représentée avec les mêmes techniques.

Toute cette composition picturale exécutée à la détrempe semble dater de la fin du XVe siècle. Elle est d’autant plus intéressante à cette date qu’elle révèle la permanence d’une tradition romane dans la disposition du Christ en gloire qui n’est pas habituelle. On connaît encore mal la construction originelle de l’abside. Les rapports de niveaux entre la hauteur des peintures et du sol actuel laissent penser que ce dernier a été très surhaussé. L’étude attentive des couches d’enduits et de supports a montré que les parois de l’abside ont subi plusieurs transformations. Après consolidation du support, élimination des joints et nettoyage des manques, les surfaces picturales ont commencé à être refixées et protégées contre les agressions climatiques éventuelles, en respectant la tonalité des coloris d’ensemble.