Evoluer pour progresser dans la viticulture
Les Rencontres avec la recherche ont permis de découvrir l’étendue des avancées dans des domaines aussi différents que la protection de la vigne, la robotique, le biocontrôle ou encore la diminution des intrants.

La deuxième partie de la matinée du 4 décembre dernier à Davayé a été l’occasion de s’intéresser à la protection de la vigne tout en cherchant à réduire la pression des phytosanitaires actuels. Enseignant à Agrosup Dijon, Frédéric Cointault a présenté les techniques d’imagerie au vignoble permettant de mieux détecter les maladies. L’occasion d’évoquer les différentes solutions de diagnostics des maladies et de l’état de santé de la vigne. Aujourd’hui, l’utilisation de drone aérien semble être la solution la plus intéressante. Une démarche que l’on peut retrouver à travers le Projet DAMAV qui réunit plusieurs partenaires. Un projet qui s'est conclu à la fin de l’année 2018 suite aux tests menés sur trois régions : Nouvelle-Aquitaine, Provence et Bourgogne. Parmi les solutions envisageables, il y a la navigation automatique à basse altitude du drone, associant à la fois spectromètre et caméra, sans oublier le couplage avec une analyse texturale. Alors que des vols d'essais ont encore eu lieu au mois de novembre 2018, il faudra attendra la période avril-octobre 2019 pour assister à des vols du système global (c’est à dira avec spectromètre et outil pour l’analyse texturale) afin de valider le système.
Biocontrôles
Ingénieur expérimentation au sein du Vinipôle de Davayé, Florent Bidaut est intervenu, pour sa part, sur le biocontrôle pour la vigne afin de dresser un état des lieux et d’envisager les perspectives. Il a, dans un premier temps, rappelé ce qu’est un biocontrôle. C’est à dire l’utilisation de processus naturels pour la protection des cultures dans le cadre de la protection intégrée. Tout en évoquant les produits actuellement disponibles et leur efficacité plus ou moins grande contre le mildiou, l’oïdium, les tordeuses, la pourriture grise ou encore les maladies du bois. S’il y a beaucoup de produits disponibles, leur efficacité est très variable. Ils sont en général réservés à une pression faible et associés à des fongicides à dose réduite. Aujourd’hui, de nombreux tests de biofongicides sont menés. Il en est de même pour les stimulateurs de défense des plantes (SDP). « La recherche est active. Les produits efficaces d’origine naturelle sont en développement. Pour réussir, il faut que les UBV (pulvérisateur ultra bas volume) soient suffisants, que le coût soit acceptable, que leur intégration dans des programmes de protection soit optimisée et que les opérateurs consentent à faire évoluer leurs pratiques. »
La robotique de plus en plus présente
Cette matinée a également permis de faire un état des lieux sur la présence de la robotique dans la viticulture. Thibaut Clamens, de l’Université Bourgogne Franche-Comté et de l’IUT du Creusot, a souligné que « cela se développe beaucoup, notamment en viticulture. » Il a ainsi égrainé différents modèles, actuellement en phase de test ou déjà commercialisés, d’origine française ou étrangère, électrique ou non, autonome ou nécessitant un conducteur, en location ou en propriété propre. L’occasion de constater que cela concerne toutes les tâches à effectuer dans la vigne. On pense aussi bien à la pulvérisation de la vigne qu’au désherbage mécanique, à la tonte entre les rangs de vigne, à la taille avec sécateur, à la plantation de jeunes pousses d’arbres, à l’estimation de la quantité de raisin par parcelle ou encore à des outils d’aide de prise à la décision. « Il y a beaucoup de projets qui émergent. »
Stabilité oxydative des vins
La troisième et dernière partie de la matinée était beaucoup plus technique et pointue. Il s’agissait de savoir comment conjuguer qualité, stabilité des vins et diminution des intrants. Membre de l’Université de Bourgogne et de l’Institut Universitaire de la Vigne et du Vin, Maria Nikolantonaki s’est attaquée à un sujet particulièrement complexe : Comprendre et anticiper la stabilité oxydative des vins. Il s’agissait, pour cette chercheuse, de comprendre comment il est possible de produire de meilleurs raisins. Et de s’attarder en particulier sur les vins blancs de Bourgogne, région avec une typicité et un potentiel de vieillissement. Rappelant le cycle de vie d’un vin qui est un produit qui évolue dans le temps, Maria Nikolantonaki a développé une approche globale pour évoquer la question du jour. Une démarche qui s’appuie sur une collaboration avec des domaines de différents climats sur les millésimes 2016 et 2017 pour un total de 126 vins. Ce qui lui a permis de construire un modèle de prédiction de la stabilité oxydative de vins. Avec, d’un côté, une approche ciblée. Elle a constaté que les composés phénoliques du vin sont stables pendant l’élevage, que la teneur en glutathion baisse et qu’il n’y a aucune corrélation retrouvée entre les CP GSH. Côté approche non ciblée, l’origine de certains composés clés a été identifiée. Au final, elle conclue que le phénomène d’oxydation prématuré des vins blancs secs est multiparamétrique.
Dernier intervenant du jour, Hervé Alexandre, de l’Université de Bourgogne et de l’Institut Universitaire de la Vigne et du Vin, s’est intéressé au vins sous bioprotection. Et de préciser, en préambule, la volonté de réduire le SO2, additif alimentaire, qui est un produit allergène. Il existe, à ses yeux, une multitude d’alternatives. « La bioprotection est une alternative pour le contrôle des contaminants microbiologiques en phase préfermentaire. » Précisant les propriétés antimicrobiennes des levures, lesquelles peuvent être utilisées comme bioprotectant, Hervé Alexandre a présenté une étude du rôle bioprotecteur potentiel des levures NS. On apprend ainsi que l’ajout du bioprotectant empêche le développement des flores d’altération.