ENVIRONNEMENT
Qualité de l’air : encore du chemin à faire

Chambres d’agriculture France et la Fédération des associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (Atmo France) organisaient le 17 janvier un débat sur le thème : « Qualité de l’air : un enjeu national, l’agriculture relève le défi ».

Qualité de l’air : encore du chemin à faire
La France devra notamment avoir réduit de 50 %, d’ici 2025 le recours aux produits phytosanitaires et de 13 % d’ici 2030 la volatilisation de l’ammoniac (par rapport à 2005). © iStock-SimonSkafar

Bien que déjà ancien, le sujet de la réduction des polluants atmosphériques agricoles revient régulièrement sur le devant de la scène, d’autant que les règles deviennent plus contraignantes. En plus du Plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques, la loi Climat et résilience, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire ainsi que des directives européennes prévoient des contraintes techniques et des sanctions financières. Ainsi, la France devra notamment avoir réduit de 50 %, d’ici 2025 le recours aux produits phytosanitaires et de 13 % d’ici 2030 la volatilisation de l’ammoniac (par rapport à 2005). Plusieurs dizaines de substances sont aujourd’hui sous surveillance à l’échelle nationale, car quelques-unes d’entre elles « traversent certaines barrières biologiques », a soutenu Robert Barouki, professeur à l’université Paris Cité, le 17 janvier lors d'une conférence organisée par Chambres d'agriculture France et Atmo France. Si le glyphosate a fait l’objet de nombreuses attentions, il en est tout autant du Folpan (fongicide) dont l’utilisation a connu une « diminution drastique », a relevé Emmanuelle Drab-Sommesous, référente nationale pesticide à Atmo France. Si le vrai enjeu « sur tout le territoire », reste l’utilisation du prosulfocarbe (herbicide) dont les ventes ont quasiment doublé entre 2015 et 2022 (*), la référente remarque toujours la présence du Lindane dans l’air, malgré son interdiction en France depuis 1998 (**).             

Lourds investissements

L’enjeu est aussi d’obtenir une « information fiable et impartiale », a soutenu Guy Bergé, président d’Atmo France car les prélèvements dans l’air sont « plus compliqués à analyser » que ceux que les scientifiques peuvent effectuer dans la nourriture ou les liquides, a convenu Robert Barouki. Pis « le suivi des pesticides dans l’air n’est pas règlementé », a renchéri Emmanuelle Drab-Sommesous. De plus, la météo joue un rôle non négligeable dans les dérives ou la volatilité des produits phytosanitaires dans l’air. « Il nous manque des informations scientifiques » dans ce domaine, s’est ému Laurent Rouyer, président de la chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle. Des solutions existent comme la mise en place de stations météo dans les exploitations. « Le suivi et les relevés permettent de déclencher les traitements phytos au bon moment », a-t-il indiqué. « Nous incitons aussi à couvrir les fosses à lisier ou quand les lisiers sont assez liquides, à utiliser des pendillards pour lutter contre l’évaporation », a ajouté Edwige Kerboriou, vice-présidente de la chambre d’agriculture de Bretagne. Il n’en reste pas moins que ces investissements restent importants, plus encore pour une profession qui a connu, ces dernières années, des revenus en baisse.
Comme l’a résumé le député et président du Conseil national de l'air (CNA), Jean-Luc Fugit (Renaissance, Rhône), « l’agriculture va devoir s’adapter aux aléas climatiques et aux exigences sociétales, dont la qualité de l’air fait partie». « Il faudra cependant faire attention à ce que les réponses aux demandes des citoyens-consommateurs ne pénalisent pas les agriculteurs », a en substance plaidé Léa Hermier, conseillère à la chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France. « Il faut progresser à petits pas », a-t-elle conclu. 

Christophe Soulard 

(*) Il faut préciser que le prosulfocarbe qui a reçu une autorisation de mise sur le marché est aussi disponible pour les particuliers, les collectivités, etc. 
(**) Le Lindane est une substance rémanente qui a une durée de vie très longue et dès que les sols sont travaillés, il y a un effet dispersion dans l'air.