Sival 2023
Rentrée difficile pour les producteurs de fruits et légumes
Le syndicalisme fruits et légumes a tenu, avec la FNSEA, sa traditionnelle conférence de presse de rentrée en ouverture du Sival qui s’est déroulé du 17 au 19 janvier à Angers.

Représentant la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF), Charlie Gautier est revenu sur les actions d’arrachages de vergers par les pomiculteurs le week-end précédent : « La situation des producteurs de pommes s’est dégradée depuis quelques mois ». La production a, en effet, été amputée de 20 % de son potentiel en raison des épisodes de sécheresse et de canicule. Si en septembre, la qualité gustative des pommes était au rendez-vous, les conditions de stockage n’étaient pas bonnes. « Le potentiel de conservation était dégradé, poursuit l’élu de la FNPF. Il a donc fallu déstocker rapidement ce qui a conduit à une chute des prix ». « Nous sommes donc intervenus auprès de la grande distribution pour faire prendre conscience de l’importance de l’origine France. Il faut revaloriser les prix payés aux producteurs de + 20 cts par kilo ». Un Français consommant en moyenne 16 kg de pommes par an, cela fait 3,2 € par consommateur et par an.
Situation dégradée
La situation n’est guère plus favorable pour les producteurs de légumes. Nouveau président de la Fédération des maraîchers nantais*, Régis Chevallier a rappelé les dures conditions climatiques et l’explosion des coûts de production. Ainsi, la production de salade a été « atomisée ». Sur toutes les productions de la région nantaise, « notre coût de revient explose, et notre activité baisse en qualité, en valeur, et en volume ». « Le gros de notre travail en 2023 sera d’accompagner les entreprises dont la situation s’est dégradée. » Vice-président de Légumes de France, Cyril Pigou a insisté sur le Plan de souveraineté des fruits et légumes et des pommes de terre que le ministre doit annoncer au Salon de l’Agriculture. « Je sens une mécanique positive qui est en train de s’enclencher », indique l’élu qui participe à des groupes de travail. « Nous sommes en train de rédiger des fiches qui identifient les ‘boulets’ et proposent des solutions ». Ce serait le cas notamment sur la question des phytos. « Il y a une prise de conscience » conclut-il. L’enjeu de ce plan est d’inverser la courbe pour revenir dans les dix ans à un niveau de 60 % de fruits et légumes frais d’origine France dans les assiettes des Français.
Ne pas revenir sur le Varenne de l’eau
Présidente de la FNSEA, Christiane Lambert a insisté sur l’importance de ce plan de souveraineté. « L’agriculture ne doit pas se trouver dans la même situation que le nucléaire, le textile ou la chaussure. » « Nous ne voulons pas être victime de délocalisations par abandon », a-t-elle martelé. Elle a par ailleurs insisté sur les discussions en cours au Parlement concernant la grande distribution et a réclamé un meilleur encadrement des promotions. Il faut aussi « interdire aux centrales d’achat d’aller s’installer à l’étranger pour échapper aux lois françaises et ne pas payer d’impôt en France ». Christiane Lambert s’est aussi félicitée de la reconduction du dispositif TO-DE (**) pour deux ans. Elle a enfin insisté sur l’importance de l’accès à l’eau que ce soit pour l’irrigation ou pour l’aspersion pour protéger les vergers contre le gel. La demande des agriculteurs est simple : ne pas revenir sur le Varenne de l’eau. C’est l’engagement que le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a pris le 16 janvier à l’occasion de ses vœux au monde agricole : « les arbitrages ont été rendus, on ne refait pas le match ».
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