Coût de l'énergie
Élargir le bouclier tarifaire, une nécessité pour les filières

Face à la flambée des factures d’énergie, les filières s’inquiètent. En élevage procin ou encore en production de fruits et légumes frais, les interprofessions appellent à élargir les dispositifs pour ne laisser personne au bord de la route. 

Élargir le bouclier tarifaire, une nécessité pour les filières
La FNP demande en conséquence que le bouclier « s’applique aux TPE de moins de dix salariés ou qui réalisent un chiffre d’affaires de moins de 2 M€ ». © iStock-artbyPixel

Ce n’est un secret pour personne, les factures d’énergie flambent et l’ensemble des professionnels agricoles et nombre d’entreprises françaises sont concernés. Ils ont parfois du mal à faire face. Pour accompagner les entreprises à affronter cette crise, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé, le 6 janvier, un prix de l’électricité plafonné à 280 €/MWh en 2023 pour les très petites entreprises (TPE), au-dessous de dix salariés et de 2 M€ de chiffre d’affaires. Or ce critère cumulatif exclut de fait certaines exploitations agricoles du dispositif. C’est en tout cas le cri d’alerte que la filière porcine a lancé le  17 janvier dans un communique de presse. 

Beaucoup d’éleveurs de porcs exclus du bouclier

Dans ce communiqué, le président de la Fédération nationale porcine (FNP), François Valy, s’inquiète, en effet, du sort de très nombreux éleveurs de porcs qui sont exclus du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement. « L’élevage de porcs est une activité à fort chiffre d’affaires et faible marge aussi nombre d’élevages dépassent les 2 M€ de chiffres d’affaires pour moins de 10 salariés. », explique le président de la FNP. Il demande en conséquence que le bouclier « s’applique aux TPE de moins de dix salariés ou qui réalisent un chiffre d’affaires de moins de 2 M€ ». Pour les exploitations privées de cette aide, le surcoût lié au prix de l’électricité atteindra « plusieurs euros par porc », pointe le syndicat. 

« Une évidente spéculation »

Les éleveurs se voient proposer des contrats 2023 aux alentours de 74 000 € par an (contre 15 000 € en 2022), rapporte la FNP, sur la foi d’une « moyenne de 25 élevages de diverses régions et divers fournisseurs ». Les aides gouvernementales peuvent limiter la facture à 60 000 € (avec l’amortisseur tarifaire ouvert aux PME), voire 37 000 € (avec le prix plafond). Autre enseignement de l’enquête de la FNP : « Nombre de contrats ont été […] signés dans un contexte de menace de pénurie, alors que certains fournisseurs ont divisé leur [tarif] par trois entre fin 2022 et janvier 2023, en passant d’un prix moyen de fourniture de 0,53 €/kWh à 0,19 €/kWh, comme par magie ! » Et le syndicat de dénoncer « une évidente spéculation ». 

Interfel veut élargir le plafonnement

Dans la filière fruits et légumes frais aussi, l’inquiètude est de mise. Le 12 janvier, Laurent Grandin, le président de l’interprofession, Interfel, alertait sur la situation des entreprises « qui passent à travers » les dispositifs d’aides au paiement des factures d’énergie et « ne sont pas assurées de continuer leur activité ». Face à la flambée de leur facture d’électricité, « beaucoup de producteurs d’endives ont basculé vers les céréales », signale Laurent Grandin. Il souligne la difficulté pour les TPE agricoles à savoir si elles peuvent bénéficier du plafonnement des prix de l’électricité, car le secteur emploie un grand nombre de salariés non permanents. Il appelle le gouvernement à prendre en compte « les spécificités de notre secteur » et demande que les petites entreprises – moins de 50 salariés et 10 M€ de chiffre d’affaires, selon la définition de la Commission européenne – bénéficient du tarif garanti de l’électricité à 280 €/MWh. Le dispositif TPE « couvre quelques entreprises » de la filière, explique le président, sans pouvoir chiffrer le nombre de bénéficiaires potentiels. « Une extension aux petites entreprises permettrait de couvrir la majorité des entreprises », précise-t-il.

M.C. S.-B. avec Agra et Actuagri