Ventilation naturelle
Un vent nouveau souffle sur la conception des bâtiments

Magdeleine Barralon
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Pour lutter contre le stress thermique des animaux en période de canicule, l’heure est à la conception de bâtiments ouverts sur l’extérieur pour une ventilation naturelle maximale. 

Un vent nouveau souffle sur la conception des bâtiments
Les ouvertures basses, au niveau de l’aire de repos des animaux, permettent de diminuer leur température corporelle. (Crédit Bertrand Fagoo)

Le changement climatique entraîne de nombreuses réflexions sur la conception des bâtiments d’élevage dont la taille ne cesse d’évoluer pour accueillir tout au long de l’année, des troupeaux de plus en plus importants. « Nous devons adapter les bâtiments à ces nouvelles conditions », indique Bertrand Fagoo, de l’Institut de l’élevage (Idele) chef de projet au sein du service Capteurs-Equipement-Bâtiments. « On sait que les ruminants résistent bien au froid s’ils sont à l’abri de l’humidité. En revanche, la canicule entraîne un stress thermique qui les impacte très fortement. Il faut donc changer notre approche pour la conception des bâtiments qui doivent désormais permettre que l’air circule librement à l’intérieur du bâtiment. Il existe aujourd’hui des bâtiments d’élevage type parasol qui sont ouverts sur les quatre côtés ».

Dès la conception

Pour Bertrand Fagoo, la notion de ventilation est fondamentale, elle doit être étudiée dès la conception du bâtiment. Il invite les éleveurs à réfléchir et se faire conseiller pour le choix de l’implantation de la construction, son orientation, son ensoleillement en été. Il est important également de prévoir un bâtiment indépendant pour qu’il n’y ait pas d’obstacle à la circulation de l’air. Il devra être le plus étroit possible, car la ventilation naturelle est complexe dans les bâtiments de grande largeur qui doivent alors présenter des relais en toiture. Enfin, il conseille d’éviter, si possible, le mélange des générations d’animaux qui n’ont pas les mêmes résistances.

Il existe aujourd’hui des outils de diagnostic et d’aide à la décision tel que Shelt-air afin de bien dimensionner les ouvertures en ventilation naturelle lors de la conception du bâtiment.

Toutefois, s’il est désormais conseillé de concevoir un bâtiment totalement ou en partie ouvert sur l’extérieur, l’éleveur doit pouvoir en cas d’évènements extrêmes offrir des protections grâce aux accessoires modulables tels que les rideaux, les volets ou encore les murs gonflables. En hiver, ces équipements protégeront des précipitations et du vent, en été du soleil et de la pluie.

Pour l’existant

Dans les bâtiments existants, « la ventilation mécanique ne doit être envisagée qu’en tout dernier recours », affirme le spécialiste. De nombreux aménagements peuvent en effet y être faits pour profiter de l’aération naturelle et apporter de la vitesse d’air en été afin d’abaisser la température corporelle des animaux. Il s’agit de favoriser le passage de l’air à la base du bâtiment. Pour cela, il est, par exemple, possible d’éliminer un pan en béton pour le remplacer par des rideaux avec des ouvertures du bas vers le haut ou d’installer des panneaux articulés. Si le bâtiment est en bardage, démonter une partie de la façade pour ménager des ouvertures est également une possibilité.

« Chaque exploitation est un cas unique, avec des besoins spécifiques liés à sa situation », indique Bertrand Fagoo. « Les éleveurs ne doivent pas hésiter à demander conseil à leur technicien (conseil d’élevage, chambre d’agriculture) pour ne pas rester seuls et désarmés face à ces bouleversements climatiques ».