Retraites
Il faut donner un signal fort aux futures générations d’agriculteurs

Trois questions à Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA, en charge du dossier des retraites.

Il faut donner un signal fort aux futures générations d’agriculteurs

Le ministre de l’Agriculture a annoncé le 9 février le versement de la revalorisation du minimum de retraites des conjoints et des aides familiaux désormais porté à 713 € par mois pour une carrière complète. Une première réaction ?

Luc Smessaert : C’est pour la FNSEA, la Section nationale des anciens exploitants (SNAE) et pour la Commission nationale des agricultrices (CNA), le fruit d’un long travail et d’un long combat syndical, menés depuis de nombreuses années. Cette revalorisation des retraites de base (hors RCO) des conjoints et des aides familiaux à carrière complète vient s’ajouter à une autre victoire obtenue en novembre dernier. La revalorisation du minimum de retraite des chefs d’exploitation à carrière complète qui est passée de 75 % à 85 % du Smic (1.067 € par mois pour une carrière de chef complète). Je salue comme il se doit le travail des parlementaires, le député André Chassaigne (PCF, Puy-de-Dôme) et sa collègue Jacqueline Dubois (LREM, Dordogne) qui ont porté ces deux textes.

Combien de personnes sont concernées par cette nouvelle disposition ?

L.S. : Cette mesure devrait bénéficier à environ 210.000 retraités dont 67 % de femmes pour une augmentation moyenne de 65 € par mois. 30 % des bénéficiaires bénéficieraient d’une hausse de pension supérieure à 100 € par mois. Nous avons exigé et obtenu que la solidarité nationale prenne en charge cette revalorisation. C’est une façon pour la collectivité de reconnaître le travail de ces femmes et de ces hommes qui n’ont bien souvent pas compté leurs heures pour nourrir le pays. Cette réforme reste à être améliorée pour prendre en compte l’ensemble des cas individuels.

Quels sont les chantiers à venir ?

L.S. : Il reste, bien entendu, de nombreux combats à mener. À commencer par les conjoints bénéficiaires de pensions de réversion qui, pour beaucoup, ne seront pas éligibles à la revalorisation de leur retraite en raison d’effets de seuil. C’est un peu la double peine pour eux. À la disparition de l’être cher, se greffe une « pénalité financière ». Il faut, au nom de l’équité, sortir la réversion du calcul des plafonds d’accès à la revalorisation.

De même, il est important de rendre plus accessible l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa / ex-minimum vieillesse, NDLR) d’un montant de 916,78 € par mois. Enfin, la FNSEA milite toujours pour que l’on gomme cette inégalité de traitement sur le calcul de la retraite : l’agriculture est l’une des très rares professions où la retraite se calcule sur l’intégralité de la carrière quand celle des salariés du privé se fait sur les 25 meilleures années de revenu et celles des fonctionnaires sur les six derniers mois. Nous exigeons le calcul de notre retraite sur la base des 25 meilleures années de revenu, ce qui serait juste et équitable.

Quoi qu’il en soit, nous poursuivons ce combat que nous devons à nos aînés mais aussi aux jeunes générations. D’ailleurs, à travers les deux textes votés en 2020 et 2021 (chefs d’exploitation et conjoints-aides familiaux), nous donnons un signal fort aux générations actuelles et futures pour leur dire que leur travail doit être et sera reconnu. N’oublions pas que d’ici dix ans, ce sont plus de 150.000 agriculteurs qui partiront à la retraite.