Gaec de Lys à Sassangy
Un bâtiment à moindre coût grâce au solaire

Marc Labille
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Depuis 2015, le Gaec de Lys est passé de 120 à 190 vaches charolaises avec engraissement de toutes les femelles. En 2021, la famille Tramois a opté pour le photovoltaïque pour se doter de cases d’engraissement fonctionnelles et d’un stockage à moindre coût.

Un bâtiment à moindre coût grâce au solaire
Avec l’installation d’Anthony Tramois auprès de son père en 2015, le Gaec de Lys a vu son cheptel s’agrandir et les associés ont fait évoluer leur parc bâtiments en recherchant des solutions économes.

Le Gaec de Lys est composé d’Anthony Tramois et de son père Jean-Pierre. Tous deux sont à la tête d’un troupeau de 190 vaches charolaises sur 320 hectares à Sassangy. L’exploitation familiale compte aussi un atelier ovin de 140 brebis sur 70 hectares que gère à son propre compte la maman d’Anthony. Adeptes de charolais plutôt viandés, les associés engraissent toutes les femelles (lire encadré).

En s’installant auprès de son père en 2015, Anthony a repris 140 ha ainsi que 20 vaches supplémentaires. Pour accroître le troupeau de 120 à 190 vaches, le Gaec a conservé toutes ses génisses et pratiqué le vêlage à deux ans durant trois campagnes.

Pour les bâtiments, la famille Tramois a adapté progressivement l’existant en limitant les investissements malgré quelque 600 bovins à hiverner. Pendant un temps, le Gaec louait une étable entravée. Datant de 1996, la stabulation a été agrandie une première fois en 2005 puis après l’installation d’Anthony, elle a subi une nouvelle extension en 2018 pour contenir 180 vaches à veaux.

La solution la plus rentable

En juin dernier, le Gaec a fait construire un nouveau bâtiment à toiture photovoltaïque. Sur l’exploitation, il manquait un bâtiment fonctionnel pour l’engraissement hivernal ainsi que pour du stockage de fourrages et de paille. Mais les associés recherchaient une solution à moindre coût ayant encore à financer l’extension de la stabulation des vaches. Le photovoltaïque était une opportunité à laquelle ils pensaient depuis quelque temps. Par l’intermédiaire d’un de leurs constructeurs, ils ont rencontré la société Ositoit. « On nous a présenté plusieurs solutions (prêt de terrain, location de toit, investissement dans une centrale…). Nous avons fait une étude avec notre comptable, notre banque. La solution la plus rentable pour nous était d’investir dans notre propre centrale comprenant un bâtiment et nos panneaux photovoltaïques », confie Anthony.

« Plus rien n’est à faire à la main »

Ouvert sur un côté, le bâtiment est long de sept travées de 6 m par 14 m de largeur. La toiture est composée d’un long pan orienté sud supportant la couverture photovoltaïque dont la puissance totale est de 100 kWc (kilo Watt crête). Un auvent de 4 m prolonge la toiture côté nord.

Sous ce bâtiment, Anthony a aménagé quatre cases pour 10-12 bêtes sur aire paillée. Les bovins à l’engraissement ont accès à des nourrisseurs à volonté que le jeune éleveur recharge une fois par semaine à l’aide de sa mélangeuse. Les animaux ont aussi droit à du foin en libre-service. « Plus rien n’est à faire à la main », se félicite Anthony qui ne consacre pas plus de deux heures par semaine pour panser une quarantaine de bovins. Au fur et à mesure des ventes, des jeunes bêtes remplacent les bovins gras dans ce nouveau bâtiment polyvalent.

L’électricité produite paiera le bâtiment

Le montant de l’investissement – sans la centrale solaire et son raccordement - s’élève à un peu plus de 93.000 € (54.500 € de charpente couverture, 22.000 € d’aménagement intérieur et de fournitures diverses, 8.950 € de terrassement, 5.000 € de maçonnerie…). La centrale a coûté pour 75.000 € de panneaux photovoltaïques. Le prix du raccordement au réseau électrique s’est élevé à 30.000 € pour 280 mètres de distance. Le projet a bénéficié d’une subvention à hauteur de 40 % du montant du bâtiment hors toiture photovoltaïque.

Le prévisionnel prévoit un gain de 10.000 € par an grâce à la vente d’électricité. « Le bâtiment devrait être payé au bout de 14-15 ans », fait valoir Anthony qui pense d’ores et déjà à faire bâtir un second bâtiment du même type. « Nous manquons encore de place pour les animaux et le stockage. Nous pourrions même installer des panneaux solaires sur le toit de la stabulation pour une puissance totale de 400 kWc… », envisage le jeune éleveur.

Mise en service le 20 février dernier, la centrale photovoltaïque du Gaec de Lys a pourtant été montée à la fin du mois d’août 2021. « Il y a beaucoup de démarches administratives à accomplir », informe Anthony. Quant à l’entretien, la famille Tramois a signé un contrat de maintenance avec l’installateur qui veille sur la centrale à distance. « C’est quand même assez technique », commente Anthony qui dispose d’une appli sur son téléphone portable lui permettant de suivre en direct la production de ses panneaux solaires. Le coût du contrat de maintenance revient à environ 1.000 € par an.

 

Engraissement des femelles
Le Gaec de Lys a construit un stockage à plat à partir d’un hangar d’occasion.

Engraissement des femelles

Stockage à plat auto-constuit

Anthony Tramois et son père ont auto-construit un stockage à plat pour les céréales et l’aliment. Pour limiter les frais, ils ont acheté un hangar d’occasion sur pied qu’ils sont allés démonter eux-mêmes. Cette structure en kit munie de son toit et de son bardage en réemploi surmonte trois cases bétonnées de 50 tonnes de capacité chacune. Le bâtiment est fermé par deux grandes portes coulissantes. L’achat du bâtiment d’occasion n’a coûté que 1.500 €, fait valoir Anthony qui a calculé qu’avec l’économie générée par l’achat d’aliment en vrac, le stockage (bétons, murs et portes inclus) était payé au bout d’un an seulement.

Matières premières vrac pour l’engraissement

Chaque printemps, le Gaec de Lys engraisse entre 60 et 70 animaux (vaches de réforme, génisse et bœufs) au pré. L’autre partie des bêtes de boucherie est finie à partir de fin octobre en bâtiments. Les animaux à l’engrais sont nourris avec une ration sèche mélangée constituée de farines de céréales à paille et de maïs, de compléments azotés (lin, pulpe de betterave, luzerne déshydratée) ainsi que de paille. L’exploitation produit ses céréales (triticale, blé) et elle achète du maïs grain à un voisin. Pour l’heure, les céréales sont aplaties à l’extérieur par un prestataire, mais à terme, Anthony envisage de se ré-équiper d’un aplatisseur. Il prévoit aussi de se faire livrer son aliment sous forme de matières premières pour pouvoir acheter le tourteau de lin ou de colza en semi-remorque complètes. Pour l’heure, les broutards sont vendus en direct à un engraisseur du nord de la France. Mais à terme, Anthony aimerait développer l’engraissement des mâles sur la ferme.

« Bêtes de viande »

Les meilleures bêtes de viande produites par le Gaec de Lys sont valorisées auprès de la boucherie Bruel à Buxy. Les autres femelles bouchères sont commercialisées auprès de chevillards et négociants. Avouant son goût pour les « bêtes de viande », Anthony Tramois participe aux concours de bovins de boucherie depuis six ans. Sa première présence à Autun lui a valu un prix d’honneur d’emblée. Ces concours de viande font vendre des reproducteurs, confie Anthony qui valorise ainsi entre 10 et 15 mâles par an.