Lutte contre la flavescence dorée

Un cinquième pilier : le nettoyage du matériel

À l’occasion de la réouverture des cahiers des charges, la CAVB fait le grand ménage de printemps. À l’AG de Saint-Véran (lire notre précédente édition), Véronique Lacharme indiquait que les deux seules ODG qui gardaient dans leur cahier des charges ce cinquième "commandement" si l’on peut dire, étaient les appellations bouzeron et saint-véran. « La petite phrase disant que les matériels sont propres, est effectivement logique et pleine de bon sens, mais s’est traduite en plan de contrôle et oblige d’avoir une procédure de nettoyage de vos matériels de récolte et de transport », procédure contrôlable par la CAVB ou Siqocert donc « pour voir comment vous laver vos sauts, vos sécateurs, vos machines, vos hottes, vos bacs… ». Si cette obligation devrait se voir supprimer dans tous les cahiers des charges des appellations bourguignonnes, pour autant, la CAVB appelle à conserver cette bonne habitude. Le dernier « gros » foyer de flavescence dorée du côté du Beaujolais en Saône-et-Loire avait d’ailleurs malheureusement démontré ce fait que la maladie peut-être transportée par des machines, la cartographie de la maladie suivant un parcours précis.

Lors du dernier VinEquip, la directrice de la Fredon BFC qui suit cette maladie de quarantaine, Marie-Charlotte Palut faisait justement un point sur l’évolution de la maladie et son vecteur l’an dernier, et même depuis l’apparition en 2004 et son foyer « historique » dans le Nord Mâconnais en 2011. « La flavescence est épidémique et peut se multiplier par 10 ou par 20 d’une année sur l’autre », avec des symptômes pas forcément visibles l’année N. C’est pourquoi, même si le cépage chardonnay « exprime bien » les symptômes (enroulement des feuilles, non-aoûtement des bois…), « malgré le bon état des lieux avec les prospections, ce n’est pas dit qu’un pied (infecté, N.D.L.R.) ne se cache pas au milieu ». Une façon de rappeler qu’il ne faut jamais baisser la garde.

La moitié des viticulteurs concernée

Outre l’adaptation des traitements insecticides, par « analyses de risques », la Fredon accompagne les prospections collectives, à hauteur de 170 jours par an en moyenne pour « couvrir les 33.000 ha » avec les vignerons et leurs référents communaux. La prophylaxie reste donc cruciale. « La moitié des viticulteurs sont concernés avec au moins une parcelle, voire plus, ayant de la flavescence dorée », estime-t-elle. 42 % des vignerons ont même entre 2 et 5 parcelles avec des pieds flavescents. « Donc, le viticulteur a un impact sur la dissémination dans sa propre parcelle », sachant que le vecteur, la cicadelle, n’a globalement qu’un rayon de déplacement de 200 mètres environ. Hormis le vent, la cicadelle se transporte sur le matériel. C’est pourquoi, la Fredon rappelle toute l’importance de « nettoyer vos enjambeurs, même sommairement : rameaux, feuilles… à la fin de chaque parcelle et avant la suivante ». Des consignes à passer à tous. En Côtes-du-Rhône, en moyenne, « 1,2 cicadelle avait été retrouvée sur 57 % des enjambeurs et elles pouvaient rester accrochées malgré des déplacements à plus d’un kilomètre de distance ». Vous connaissez donc le cinquième pilier de lutte recommandé.