Élodie Brenot-Béranger
Laizé vous conter les vins

Régis Gaillard
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Quand on a un père et un mari connus et reconnus dans l’univers viticole, pas facile de se faire un prénom. C’est toutefois la gageure qu’a su relever Élodie Brenot-Béranger, récemment récompensée pour la qualité de son travail par un trophée du GJPV.

Laizé vous conter les vins
Élodie (aux côtés de son époux Christophe) vit pleinement son métier dans un cadre privilégié à Laizé.

Fille d’un père agriculteur installé à Laizé en 1975 et d’une mère institutrice, Élodie Béranger choisit de suivre sa propre voie tant en terme de formation que de travail. Après des études littéraires et linguistiques, elle se spécialise dans le monde du vin du côté de Bordeaux avec un diplôme en droit-économie-gestion de la filière vitivinicole. C’est ensuite qu’elle entre de plain-pied dans le monde du travail. Elle effectue un stage à Mercurey chez Antonin Rodet. Puis elle intègre la Maison des Vins à Mâcon pour la partie vente au caveau. Par la suite, pendant huit ans, elle occupe le poste d’assistante administrative et commerciale à Vinzelles chez les frères Bret. Le temps de mûrir sa réflexion quant à la reprise du domaine familial. Une reprise qui est effective en 2017 (après avoir obtenu un BPREA Viticulture Œnologue au CFPPA à Davayé en 2017) aux côtés de son époux Christophe Brenot. Ce dernier travaillant au sein du domaine de Naisse depuis 1999.

Montée en puissance de la vente bouteilles

Guy Béranger a planté ses premières vignes au Domaine de Naisse en 1982, en complément d’une activité de céréalier et éleveur de vaches charolaises jusqu’en 1999. Une exploitation familiale qui a migré du centre du bourg de Laizé à la ferme de la Naisse au moment de s’agrandir. Alors que le domaine commence à vinifier un peu dès 1997 - « cela nous a appris à faire du vin progressivement » -, le choix est fait de rester en cave coopérative jusqu’en 2015. Une date à partir de laquelle le domaine a connu une augmentation progressive des vins vinifiés et mis en bouteilles à la propriété, en plus de ventes de moût et de vin en vrac au négoce. « Aujourd’hui, nous commercialisons environ 40.000 bouteilles par an. Pour les deux tiers à des particuliers, environ 20 % à destination des cavistes et des restaurateurs et quelque 10 % à l’export. L’export que nous avons démarré il y a trois ans, avec mon arrivée sur le domaine. Nous vendons en Europe exclusivement ». L’occasion, pour ce domaine de 20 hectares, de proposer essentiellement du mâcon-villages, du viré-clessé, du bourgogne pinot noir, du mâcon rouge et du crémant de Bourgogne. Des vins qui sont le fruit d’un travail méticuleux dans la vigne. « Nous pratiquons la lutte raisonnée, basée avant tout sur l’observation de la vigne et les conditions météorologiques. Nous disposons de vignes enherbées depuis 25 ans. Cela permet d’aller dans les vignes quand on veut, de maîtriser les rendements, de limiter l’érosion et l’utilisation des désherbants. Une bonne partie du vignoble, c’est-à-dire 75 %, est située autour de la propriété. Ce qui est très pratique au quotidien : peu de déplacements, une meilleure surveillance, un travail aussi bien manuel que mécanique facilité ». Une situation favorable qui n’empêche pas Élodie et son époux Christophe de chercher à s’améliorer. « Depuis 2018, nous réalisons pas mal d’essais aussi bien à la vigne qu’en cave. Mais il faut du temps et des moyens humains et financiers pour s’investir dans des projets comme le travail du sol par exemple. Nous travaillons en interceps et nous traitons le moins possible. Nous nous posons de vraies questions sur nos pratiques culturales pour les faire évoluer, pour jongler entre rentabilité et pérennité de notre exploitation, respect de l’environnement et de la santé de nos concitoyens ».

Un style frais et fruité

Quant au vin, le couple est là aussi à la recherche de l’excellence. « Le mâcon-villages est l’appellation principale de notre domaine. Nous vendangeons à la machine sauf les crémants. La machine à vendanger permet d’être hyper réactifs. Cela nous arrive même d’attaquer les vendanges alors qu’il ne fait pas encore jour pour avoir de la fraîcheur naturelle. Nous souhaitons avoir un raisin mûr gustativement. Au moment de choisir quand vendanger, il y a un compromis à faire entre maturité, équilibre et saveurs. Nous souhaitons obtenir des vins plutôt frais et fruités, qui puissent être bus dès la première année. Notre gamme va du mâcon-villages, léger et fruité, au mâcon rouge ou au viré-clessé de terroir permettant aux amateurs de boire nos vins en toutes circonstances. Que ce soit pour partager un bon moment entre copains ou pour une grande occasion. De même, nous travaillons aussi bien avec des bistrots qu’avec des restaurants réputés dont certains étoilés ».

Un trophée du GJPV apprécié

Le 2 février 2021 est à marquer d’une pierre blanche pour Élodie Brenot-Béranger. C’est en effet à cette date qu’elle s’est vu récompenser par le trophée du Groupe des jeunes professionnels de la vigne et du vin (le GJPV) alors qu’elle avait présenté trois vins : un mâcon-villages vieilles vignes, un viré-clessé et un viré-clessé Église de Quintaine. « Cela m’a vraiment fait plaisir. Les vins ont été reconnus pour leur fraîcheur, le fruité, leur style et la cohérence d’ensemble entre les trois cuvées ».