Nouveau ministre de l’Agriculture
« Une première rencontre très dense sur les sujets d’actualité et de long terme », pour Christiane Lambert

À l’issue de son rendez-vous avec le nouveau ministre de l’Agriculture, la présidente de la FNSEA s’est félicitée de son attitude d’écoute et du diagnostic qu’il partage avec la FNSEA sur l’avenir de l’agriculture.

« Une première rencontre très dense sur les sujets d’actualité et de long terme », pour Christiane Lambert

Vous avez rencontré le nouveau ministre de l’Agriculture, dès sa nomination, le 23 mai, quel accueil vous a-t-il réservé ?

Christiane Lambert : tout d’abord, nous nous félicitons que l’intitulé du ministère de l’Agriculture soit complété par la Souveraineté alimentaire comme la FNSEA l’avait demandé avant la formation du gouvernement. Nous avons le seul ministère avec celui de Bruno Le Maire sur la souveraineté industrielle et numérique à afficher une telle ambition. C’est extrêmement symbolique et un signe encourageant pour l’agriculture.
Ceci étant, nous avons été reçus avec Jérôme Despey pendant une heure. Je dois dire que l’entretien a été très dense avec un souci partagé d’efficacité dans l’objectif de défendre une agriculture dynamique et durable sur notre territoire. Notre premier échange a permis de faire un tour d’horizon général et d’aborder aussi bien les sujets les plus urgents à traiter que les actions plus structurelles à mener dans le temps. 

Commençons par les sujets d’urgence. Quelles sont les priorités du moment ? 

CL : à la FNSEA, nous sommes très préoccupés actuellement par la sécheresse qui frappe l’ensemble du territoire et impacte d’ores et déjà les rendements dans de nombreuses régions. Sans oublier la grêle dont les effets sont dévastateurs, mais plus ponctuels. Ces évènements climatiques nous rappellent l’urgence de travailler à des solutions en matière de gestion des risques dans le cadre du Varenne de l’eau et de finaliser les textes d’application sur l’assurance récolte pour qu’elle soit opérationnelle le 1er janvier prochain et que le maximum d’agriculteurs puissent y souscrire.

Deuxième sujet et non des moindres, le Plan stratégique national de la Pac. Nous sommes parvenus avec Julien Denormandie à un équilibre global du texte. Il n’est pas question de détricoter ce qui a été fait, de remonter le niveau d’exigences pour parvenir à quelque chose d’inatteignable pour la majorité des agriculteurs. Nous serons particulièrement vigilants à ne pas remettre en cause le compromis auquel nous étions parvenus sur la BCAE 7 et la rotation des cultures, les couverts végétaux (BCAE 6), les zones à faible potentiel et les dispositifs des écorégimes.

Enfin, en cette période de flambée des coûts de production liée la crise ukrainienne et à la grippe aviaire, nous devons garder absolument le cap sur la loi ÉGAlim. Les agriculteurs ne doivent pas être la variable d’ajustement et ils doivent être en mesure de passer les hausses dans les plus brefs délai. Et pour cela, il est impératif que les négociations avec les industriels et la grande distribution aboutissent avant le 1er juin. Pas question d’aligner les prix alimentaires sur le moins disant pour sauver le pouvoir d’achat des Français comme le prône la grande distribution. Pour les plus fragiles, nous avons été à l’origine de la création du chèque alimentaire pour lequel nous ferons prochainement des propositions sur les modalités de mise en place avec la Coopération agricole. 

Quels sujets avez-vous abordé pour le long terme ? 

CL : nous sommes reconnaissants au ministre de partager comme nous la même ambition pour l’agriculture ainsi qu’il l’a indiqué lors de son premier déplacement dans le Cher, dès sa nomination. Produire pour assurer notre autonomie alimentaire en France et en Europe est indispensable. Affirmer notre vocation agricole pour le monde l’est également. Cela apparaît encore plus important aujourd’hui quand de nombreux pays se referment dès qu’une crise survient comme l’Inde, ou à cause du conflit entre la Russie et l’Ukraine qui contrôlent 30 % du commerce du blé. Encore faut-il que les agriculteurs puissent dégager un revenu suffisant et aient des conditions de vie et de travail acceptables pour y parvenir. Cela suppose aussi de revoir le niveau d’exigences de la stratégie européenne de la "Ferme à la fourchette" qui va conduire à une baisse généralisée de la production en Europe.

Enfin, en matière de transition écologique et énergétique, nous avons insisté auprès du ministre sur la nécessité d’avoir des choix stratégiques cohérents et d’écouter les agriculteurs pour définir des objectifs ambitieux, mais réalistes et accessibles à tous, qu’il s’agisse de production d’énergies renouvelables, de crédits carbone pour lutter contre le changement climatique par exemple. C’est tout l’enjeu de la prochaine loi d’orientation agricole annoncée par le président de la République. Les transitions attendues ne se font pas sur un claquement de doigts.