Les brèves du 26 mai 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 26 mai 2023

Les brèves du 26 mai 2023

Viande bovine : l’UE propose à l’Australie un quota de 24 000 t à droits nuls (FNB)

Dans le cadre des négociations de l’accord de libre-échange avec l’Australie, la Commission européenne a proposé le 24 mai « un contingent d’importation de 24 000 tonnes de viande bovine », a rapporté le président de la FNB (éleveurs de bovins viande) Patrick Bénézit le lendemain. « Il s’agit d’une proposition de début de négociation, ce sera donc probablement un minimum », s’est-il inquiété lors d’une action syndicale devant le ministère de l’Économie à Bercy (Paris). Selon Dominique Fayel, président du groupe bovins viande au Copa-Cogeca, il s’agirait d’un quota à droits de douane nuls. Et il pourrait être mis en place progressivement sur une période de sept ans, d’après les informations d’Agra Europe. Bruxelles, qui compte conclure les négociations avec Canberra en juillet, aurait aussi proposé des quotas pour d’autres produits animaux : 20 000 t de viande ovine, 8000 t de lait écrémé en poudre ou encore 5000 t de beurre, le tout à droits de douane nuls. Concernant la viande bovine, le quota de 24 000 t en négociation s’ajouterait à d’autres volumes également en discussion, totalisant plusieurs dizaines de milliers de tonnes : 50 000 t pour le Canada (accord Ceta en application transitoire), 20 000 t en provenance du Mexique, 10 000 t de Nouvelle-Zélande (accord signé), ou encore 2 000 t en provenance du Chili et 99 000 t du Mercosur.

Bovins viande : en réponse à la Cour des comptes, la FNB veut un « plan de sauvegarde »

Une trentaine d’éleveurs de la FNB (producteurs de bovins viande, FNSEA) se sont rassemblés le 25 mai devant le ministère de l’Économie, à Paris, pour réclamer un « plan de sauvegarde » de la filière, récemment pointée par un rapport de la Cour des comptes. Son président Patrick Bénézit plaide pour « un plan qui protège les éleveurs, qui permette d’arrêter la décapitalisation et qui permette aux éleveurs de pouvoir vivre de leur métier ». La FNB a choisi de placer son action à Bercy en réponse au ministre de l’Économie Bruno Le Maire, accusé par la FNB d’avoir « stigmatisé lourdement le secteur de l’élevage » lors d’une visite chez HappyVore (steaks végétaux). Les éleveurs bovins souhaitaient aussi répondre à la Cour des comptes, qui a proposé dans un récent rapport de « réduire drastiquement l’élevage », selon le syndicat, afin de diminuer les émissions françaises de gaz à effet de serre. Une « véritable provocation » pour Patrick Bénézit : « La Cour des comptes parle de 11 % des émissions pour l’élevage bovin, mais oublie de prendre en compte le CO2 stocké et la biodiversité dans nos 13 millions d’hectares de prairies ». Tout en critiquant l’appel à réduire le cheptel, alors que la France a perdu « trois millions de vaches en soixante ans », mais que la consommation de viande bovine se maintient, au profit des importations. De son côté, dans un entretien sur France Inter le 25 mai, le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a proposé de « rencontrer les responsables du monde agricole, de la filière bovine aussi, pour discuter du fond du rapport ».

PLOA : Jeunes agriculteurs souligne les points de consensus à l’issue de la concertation

Le syndicat Jeunes agriculteurs a souligné, en conférence de presse le 25 mai, les points de consensus à l’issue de la concertation sur le Pacte et la Loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOA), souhaitant les voir repris dans les textes finaux. Sur le volet « orientation et formation », il s’agit de sensibiliser au monde agricole et à ses transitions dès le plus jeune âge, pour favoriser les vocations. JA soutient l’idée d’une modernisation de l’offre de formation visant « plus d’ouverture et d’adéquation » avec les nouvelles compétences de l’agriculteur (adaptation au climat notamment). Concernant l’installation et la transmission, le syndicat adhère au consensus sur un guichet unique intégrant la formation, ouvert aux exploitants et aux salariés. JA défend la proposition d’un diagnostic de transmissibilité et d’un plan d’entreprise orienté vers la durabilité. Les avantages fiscaux et sociaux sont jugés nécessaires afin d’orienter la politique publique. Sur le volet adaptation au climat, JA souligne le consensus autour de la rémunération des productions, s’appuyant sur une planification au sein des filières. Il s’agit par ailleurs de mettre en place un diagnostic de gestion des risques, un droit à la prise de risque par l’expérimentation, des paiements pour services environnementaux.

Foncier : des transactions et des prix records en 2022 (FNSafer)

Les marchés fonciers agricoles ont été au sommet en 2022, a indiqué le 25 mai la FNSafer. Des records sont atteints pour les terres et les prés, avec 480 400 ha de surfaces échangées (+2,7 %) pour une valeur de 7,14 Mrd€ (+4,9 %). La FNSafer note une hausse des transactions de biens loués, quand les biens libres bâtis marquent le pas. À 6130 €/ha (+3,2 %), le prix des terres et prés libres non bâtis est au plus haut depuis le point bas de 1997. Des situations contrastées apparaissent néanmoins. « Le différentiel de prix se creuse entre les terres irriguées et non-irriguées », a souligné le président Emmanuel Hyest. Sur le marché des vignes, les surfaces échangées grimpent à 18 400 ha (+5,4 %), du jamais vu en trente ans. La valeur régresse à 1 Mrd€ (-7,9 %). Le marché des parts sociales connaît, lui, une accélération en 2022 avant la mise en œuvre, début 2023, de la loi Sempastous qui intensifie la régulation. Un nombre record de 9490 transactions (+24,8 %) est enregistré. Enfin, le marché de l’urbanisation chute à 18 100 ha (-46 %). Une évolution liée à l’objectif Zan (Zéro artificialisation nette), considère la FNSafer. « Je suis persuadé qu’un nouveau modèle de développement se met en place, sans consommation de terres agricoles », a considéré Emmanuel Hyest.

Salaires agricoles : vers une revalorisation qui suit la hausse du Smic

Les salaires conventionnels de la branche Production agricole et Cuma vont être revalorisés « à hauteur de 2,22 % sur tous les paliers » de la grille, a indiqué la CFDT Agri-Agro à Agra Presse le 25 mai. L’accord a été trouvé à la mi-journée entre la FNSEA et quatre organisations syndicales sur cinq, ce qui est suffisant pour qu’il entre en vigueur après parution au Journal officiel. Seule la CGT n’est pas signataire, du moins pour l’instant, car elle « réserve sa signature dans l’attente de son bureau de mardi prochain », a précisé la CFDT Agri-Agro. Les partenaires sociaux se sont mis d’accord « après plus de sept heures de débats nourris ». D’un côté, les exploitants agricoles ont mis en avant leur inquiétude sur l’inflation, le coût des intrants, la volatilité des prix, la concurrence déloyale ou encore les aléas climatiques. Quant aux représentants des salariés, ils ont pointé « une hausse de la valeur ajoutée brute par actif agricole de presque 30 % en deux ans, alors que les salaires n’ont bondi que de 11 % ». Cette augmentation des minimas de salaires suit la hausse du Smic de 2,22 %, actée le 1er mai. Le précédent accord de revalorisation datant du 27 janvier ne portait que sur certains paliers.

Céréales : devant l’AGPB, Fesneau estime qu’il faut « produire plus de biomasse »

À l’occasion du congrès annuel de l’AGPB (producteurs de blé, FNSEA) le 25 mai, son président Éric Thirouin a souhaité rappeler les grands enjeux auxquels est confrontée la filière céréalière. En plus de faire face à « une situation d’effet ciseau, avec des prix des céréales revenus à ceux d’il y a deux ans », la filière s’interroge sur l’influence qu’aura la guerre en Ukraine sur les cours des céréales. Par ailleurs, Éric Thirouin estime qu’il faut apporter des solutions « réalistes, rentables et efficaces » aux agriculteurs en cas de retrait de produits phytosanitaires. Et de s’adresser au ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, en martelant qu’il ne peut pas y avoir « d’interdictions sans solutions ». Un avis que partage le ministre de l’Agriculture, qui se dit « très frappé » de voir que « le progrès technologique est vu comme très important dans la société, sauf dans l’agriculture ». Il encourage le monde agricole à « ouvrir le capot » afin d’examiner les molécules qui risquent d’être examinées à l’avenir, et ce pour ne pas « subir » les interdictions « qui se succèdent ». Il estime également qu’il faudra « produire plus de biomasse » face aux besoins croissants, soulignant que « l’agriculture est le seul secteur capable de stocker du carbone ».

Ministère de l’Agriculture : les services déconcentrés souffrent de réformes trop fréquentes (CGAAER)

Dans un rapport paru le 25 mai, le CGAAER (ministère de l’Agriculture) constate que les services déconcentrés du ministère souffrent de l’enchaînement des réformes de leurs missions et de leur organisation, comme récemment celle de la gouvernance de l’autorité de gestion du Feader (second pilier de la Pac). « Les responsables du [ministère de l’Agriculture] comme les agents sont las des réformes, souvent mal préparées, dont la mise en œuvre est très consommatrice en énergie, et qui tardent à produire les effets attendus », rapportent les auteurs. « Tous attendent une stabilité organisationnelle, ou pour le moins une très solide démonstration de la nécessité de changer. » Des griefs que semblent partager les inspecteurs du CGAAER, qui « s’interrogent sur l’atteinte du niveau de performance globale de l’action publique affiché par les réformes successives, conduites sans véritable cohérence globale. » Ils recommandent notamment de s’intéresser plus concrètement à la gestion des compétences présentes dans les préfectures. « Le contenu concret du travail des agents des services déconcentrés fusionnés reste un impensé des réformes. » En outre, le rapport recommande de désigner des chefs de file pour certains dossiers interministériels comme la réduction de l’usage des pesticides ou la préservation des sols et de la biodiversité.

Colza : les importations massives de biodiesel pèsent sur les prix, alerte le Fediol

Les industriels européens des huiles végétales (Fediol) s’inquiètent dans un communiqué le 24 mai de l’augmentation massive de biodiesel importé classé comme produit à base de déchets, « signe d’un comportement anormal du marché ». Le Fediol soupçonne, compte tenu de l’échelle du phénomène, une fraude sur l’authenticité de la classification de ce biodiesel issu de déchets. L’importation pour la production de biocarburants dans l’UE d’huiles de cuisson usagées qui serait en réalité de l’huile de palme est dénoncée depuis plusieurs années. « Il est urgent d’enquêter sur la légitimité de ces importations », demande l’association professionnelle. Mais, depuis quelques mois, ces importations atteignent une telle ampleur qu’elles ont entraîné une chute des prix du colza, alerte le Fediol : « Au cours des cinq derniers mois, les prix de l’huile de colza ont chuté significativement de plus de 30 % à 800 €/t, faisant chuter les prix physiques du colza pour livraison spot de 625 €/t à 410 €/t sur la même période. »

Nutrition animale : un fabricant sur deux s’inquiète de la « fragilité » des éleveurs (Snia)

Pour 46 % des industriels de l’alimentation animale, la « fragilité » de leurs clients éleveurs constitue un « facteur déterminant pour l’avenir » du secteur, apprend-on dans une enquête diffusée lors de l’assemblée générale du Snia (fabricants), le 25 mai à Paris. Une part plus importante encore (57 %) s’inquiète pour la « rentabilité de l’activité », en lien direct avec le recul des productions animales, et donc de la production d’aliment. En 2022, la production française d’aliments composés a accusé une baisse « historique » de 6,6 % (à 19,2 Mt), en raison de l’épizootie d’influenza aviaire et de la décapitalisation dans les secteurs bovin et porcin. « Une baisse de volume, c’est une baisse de rentabilité, car nos outils sont conçus pour faire du volume », a insisté le président du Snia François Cholat. « Cette décroissance de l’élevage, et les importations qui progressent en compensation, ce n’est pas acceptable », a-t-il martelé. D’après l’enquête du Snia, 39 % des adhérents interrogés se disent aussi inquiets pour leur capacité à investir, quand 25 % pointent le « cadre réglementaire ». Enfin, 21 % des fabricants s’inquiètent d’autres sujets, dont les difficultés de renouvellement des générations en agriculture.