Les brèves du 26 juin 2023

Voici les brèves du 26 juin 2023

Les brèves du 26 juin 2023

Ukraine : l'UE lance la réflexion sur les «implications» d'une adhésion 

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a invité le 23 juin les dirigeants des Vingt-Sept à lancer lors de leur sommet fin juin «une réflexion sur les implications» d'un élargissement de l'Union européenne à l'Ukraine et aux pays des Balkans occidentaux. «Nous devons nous pencher sérieusement sur le processus de cette intégration et sur notre capacité d'absorption», a-t-il souligné dans un lettre adressée aux dirigeants. Charles Michel propose aux Vingt-Sept «un point d'information» lors du sommet des 29 et 30 juin à Bruxelles, afin «d'établir un plan de travail». L'objectif de cette discussion sera de «déterminer les préoccupations de chacun des Etats membres et les manières de les affronter», a expliqué un responsable européen. L'UE a accordé à l'Ukraine le statut de candidat à l'adhésion dans un geste hautement symbolique en juin 2022, à la suite de l'invasion du pays par la Russie. Neuf autres pays, dont la Serbie, le Kosovo, la Moldavie et la Turquie, sont également candidats à l'adhésion.Leur entrée aurait un impact budgétaire énorme pour la Politique agricole commune (PAC) et les fonds créés pour aider les régions en retard de développement, avertissent les responsables européens, et des réformes institutionnelles seraient nécessaires, notamment pour la prise de décision.

Vin: la Commission européenne autorise la distillation de crise 

La Commission a annoncé le 23 juin (à la suite du feu vert donné par les experts des États membres le 19 juin) qu’elle autorisé jusqu'au 15 octobre 2023 les mesures de distillation de crise, dans le cadre des programmes nationaux viticoles, pour les vins le plus touchés par les déséquilibres actuels sur le marché. De plus une flexibilité supplémentaire est accordée pour les vendanges en vert cet été (date limite d'introduction des demandes repoussée, aucune justification nécessaire). Enfin, le taux de cofinancement de l'UE pour les mesures liées à la restructuration, à la récolte en vert, à la promotion et aux investissements est relevé de 50% à 60%. Selon, Bruxelles, la production de vin de l'UE a augmenté de 4% cette année par rapport à l'année précédente, et les stocks de début de campagne ont augmenté de 2% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Or, la baisse de la consommation de vin pour la campagne en cours est estimée à 7% en Italie, 10% en Espagne, 15% en France, 22 % en Allemagne et 34% au Portugal. Parallèlement, les exportations de vin de l'UE pour la période allant de janvier à avril 2023 ont été inférieures de 8,5% à celles de l'année précédente, ce qui a contribué à accroître encore les stocks. Le dispositif d’aide à la distillation de crise avait déjà été mis en place en 2021 par la Commission européenne et prolongé en 2022 pour aider à le secteur après la pandémie de Covid-19.

Cidre: des producteurs traditionnels s’inquiètent d’un projet de règlement européen 

La Brigade du cidre, un collectif fédérant des producteurs traditionnels de Bretagne, Normandie, Pays basque, Loire et Suisse, vient de lancer «l’Apple du 18 juin» pour «défendre un cidre 100% pommes, mais surtout du 100% jus», rapporte Libération. Le collectif s’inquiète de la perspective d’une réglementation européenne définissant le terme «cidre», qui n’est, à l’heure actuelle, pas encadré au niveau communautaire. Ils craignent qu’un tel règlement soit trop favorable aux industriels cidriers (40% des ventes en France). En avril, la Commission a lancé une consultation auprès du Parlement européen et des États membres réunis en Conseil sur l’opportunité de développer ou non de nouvelles normes au niveau européen. Elle a adressé aux deux institutions un rapport public présentant la situation actuelle de la mise sur le marché du cidre en Europe, comme le lui demande la loi européenne. Bruxelles y indique être favorable à l’adoption d’une norme de commercialisation de l’UE pour le cidre (et le poiré). Selon Agra Europe, lors de la réunion du comité spécial Agriculture du 5 juin, les experts des États membres se sont montrés eux aussi favorables au projet de la Commission européenne d’introduire ces normes de commercialisation.

Influenza aviaire: cinq vaccins ont obtenu une autorisation temporaire (ministère) 

«Cinq vaccins vétérinaires efficaces contre la souche circulante» d’influenza aviaire ont décroché ces dernières semaines une autorisation temporaire d’utilisation (ATU), a indiqué le ministère de l’Agriculture sur son site internet le 19 juin. Une décision de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) qui ouvre la voie à leur usage pour la campagne de vaccination prévue à l’automne. Comme le précise la Rue de Varenne, «trois de ces vaccins concernent l’espèce canard», la plus sensible à la maladie et pour laquelle la vaccination est envisagée. Parmi eux, le Respons AI H5 (Ceva) et le Volvac B.E.S.T AI + ND (Boehringer Ingelheim) ont présenté de bons résultats lors des essais menés par l’Anses et l’ENVT (École vétérinaire de Toulouse). Quant au Poulvac Flufend H5N3 (Zoetis), il est destiné aux canards et aux poules. Les deux derniers, le RG de Zoetis et le Vectormune HVT-AIV (Ceva), ciblent aussi les gallus (poules et poulets). Au printemps, le ministère de l’Agriculture a passé un appel d’offres pour 80 000 doses de vaccins, dans le but de vacciner l’ensemble des canards (gras et à rôtir) en France à l’automne. La Rue de Varenne doit annoncer dans les prochains jours le lancement de la campagne vaccinale, pour laquelle de derniers détails sont attendus (financement, date de démarrage).

Insémination animale: Gènes diffusion et Apis diffusion fusionnent 

A l'occasion d'assemblées générales extraordinaires organisées le 22 juin, le groupe coopératif d'insémination artificielle de l'ouest, Apis Diffusion, a fusionné avec des activités d'insémination animale de Gènes diffusion, situées dans le nord de la France (CIA Gènes diffusion) et dans l'ouest (activité bovine de Gènes diffusion ouest), d'après un communiqué paru le 23 juin. Le nouvel ensemble revendique 11 000 éleveurs adhérents, 280 techniciens-inséminateurs, dans 23 départements. C'est l'ancien président d'Apis diffusion Jean-Michel Fortin qui a été nommé à sa tête. Cette nouvelle organisation vise à «impulser une dynamique d’élevage», «améliorer la qualité des services apportés aux éleveurs pour la performance de leurs exploitations, dans une logique de proximité et de maîtrise des coûts», et «conforter la capacité d’investissement et de développement de la coopérative pour initier des chantiers ambitieux pour les outils de production, les systèmes d’information et de gestion, les ressources humaines et la communication», expliquent les entreprises. Le groupe Genes diffusion qui inclut des activités de sélection (Union Genes diffusion), et fédère d'autres activités d'insémination animale en Normandie, Centre, Bourgogne, Rhône-Alpes, revendique être la propriété de plus de 30 000 éleveurs bovins des régions Nord, Nord-Est, Vendée-Charente.

Artificialisation: l'Assemblée approuve une «souplesse» pour les petites communes rurales 

L'Assemblée nationale a approuvé le 23 juin une mesure de «souplesse» pour le «droit à construire» des petites communes rurales, avec la garantie de disposer pendant dix ans d'une surface minimale d'un hectare pour se développer. Introduit par le Sénat, le dispositif vise à rassurer les élus locaux face à l'objectif de long terme de «zéro artificialisation nette» (ZAN), qui vise à ne plus bétonner les sols à l'horizon 2050, à moins de «renaturer» des surfaces équivalentes. Les députés ont soutenu par 25 voix contre 2 cette «garantie rurale», avec une abstention des écologistes. Seuls les députés du Rassemblement national s'y sont opposés, en jugeant que l'effort demandé aux communes rurales demeurait trop contraignant, alors que «l'artificialisation concerne avant tout les métropoles». La mesure du Sénat avait été modifiée par les députés dès l'examen en commission. L'Assemblée nationale réserve la «garantie rurale» aux communes «peu» ou «très peu denses», soit un total de «30.775 communes rurales» (sur 35 000 au total), où vit environ 33% de la population française, selon l'Insee. Ces communes doivent aussi être dotées d'un document d'urbanisme établi avant le 22 août 2026.

Artificialisation: opération «coup de poing» contre «la cabanisation» dans l'Hérault 

Une opération «coup de poing» contre «la cabanisation» a été menée les 20 et 21 juin dans l'arrière-pays de l'Hérault, conduisant à l'établissement de 30 procès-verbaux sur les 32 propriétés visées, ont annoncé la Préfecture de l'Hérault et le Parquet dans un communiqué commun. L'arrière-pays héraultais est «un territoire de plus en plus confronté au fléau de la cabanisation», ces constructions érigées sans permis, souvent en zone inconstructible, précise le texte. Ces constructions sont toutes «dans des zones par nature inconstructibles», «exposées pour certaines d'entre-elles à un risque de feux de végétation et de forêts», précise le communiqué. De même, «ces parcelles ne disposant pas d'un assainissement collectif, il existe un risque important de pollution sur les captages d'alimentation en eau potable qui desservent tous les habitants du secteur». «Les maires doivent veiller, sur le territoire de leur commune, à la stricte application de la réglementation pour préserver les terres agricoles et naturelles», rappelle le préfet de l'Hérault, Hugues Moutouh, dans ce communiqué.

Bail rural: la Fondation Jean Jaurès veut en «réveiller la fonction environnementale» 

Dans le cadre du PLOA (Pacte et loi d’orientation agricoles), la Fondation Jean Jaurès formule, dans une note publiée le 21 juin, des propositions pour «réveiller la fonction environnementale» du bail rural. Son auteur, le docteur en droit à l’université de Poitiers Benoît Grimonprez, suggère de «refaire pencher le bail à ferme du côté du propriétaire». Car, constate-t-il, «de plus en plus souvent, les petits bailleurs font face à de grands fermiers». Ce rééquilibrage irait de pair avec une «salve de mesures» environnementales, comme la «possibilité pour le bailleur de récupérer ses terres au motif d’une exploitation agroécologique ou biologique» ou un «état des lieux obligatoire de la qualité des sols». Plaidant pour les clauses environnementales, M. Grimonprez veut établir leur «liberté de stipulation» dans les baux, tout en créant des «objectifs agroécologiques à atteindre» en échange d’une «variation possible du loyer». Le juriste propose aussi que les baux ruraux environnementaux bénéficient de la même fiscalité que les baux à long terme. Plus largement, il suggère de «moderniser le bail à ferme» et d’en élargir l’accès en levant «certains tabous» (transfert de la jouissance des terres à «des étrangers à la relation filiale», cessibilité du bail associée à une «régulation aiguisée»).

Prunes: les orages ont eu peu d’impact sur la production en Occitanie (AOPn) 

Malgré les violents orages qui ont touché notamment l’Occitanie ces derniers jours, la production potentielle de prunes envisagée par l’AOPn est maintenue aux alentours des 55 000 t pour cette saison 2023. Dans le Tarn-et-Garonne et le sud du Lot, la cellule orageuse du mardi soir (20 juin), en particulier, a été large et puissante, avec une forte pluviométrie. Cette zone rassemble la plus grosse surface nationale de pruniers, et la région Occitanie concentre 60% de la production nationale de prunes. Cependant, l’AOPn prune se veut rassurante: elle indique que les producteurs, depuis une quinzaine d’années, plantent des vergers protégés sous filets paragrêle. Cette démarche, bien suivie en production, vient en complément d’autres systèmes d’alertes. Ces investissements permettent aujourd’hui de prévenir en grande partie les dégâts d’orages de grêle et surtout de maintenir un potentiel d’offre française en linéaires entre juillet et octobre. Par ailleurs, les récoltes de prunes dans la région n’ont pas encore véritablement commencé. À ce jour, les derniers événements climatiques n’ont pas d’incidence notable sur la qualité des fruits. Cette année est importante pour les producteurs de prunes, après deux récoltes 2021 et 2022 fortement réduites en raison du gel.

Piment d'Espelette: la grêle, une «catastrophe» pour des producteurs 

Le violent orage de grêle qui a frappé le 20 juin une partie du Pays basque a engendré une «catastrophe pour des producteurs de piment d'Espelette, qui ont perdu «en dix minutes» une bonne partie de leur récolte annuelle, selon des responsables. «C'est une catastrophe. On recense une quarantaine de producteurs dont l'exploitation a été touchée à plus de 80%», a expliqué à l'AFP Maialen Sarraude, responsable du syndicat de cette AOP basque qui compte quelque 200 producteurs. Parmi eux le président de l'AOC Panpi Olaizola, à la tête d'une exploitation agricole de 20 hectares dont un hectare de piment qui a été très endommagé. «Si les feuilles restantes se relèvent, on va produire la moitié de ce qui était prévu mais j'ai très très peu d'espoir», a-t-il dit à l'AFP. «J'ai tout perdu, honnêtement, ça équivaut à la perte d'un proche pour moi». Dans son exploitation, témoigne-t-il, «les toitures des bâtiments sont à changer, le foin pour cet hiver est perdu, les arbres sont déchiquetés et j'ai même les brebis et les agneaux qui sont encore complètement sonnés. On avait diversifié la ferme pour avoir plusieurs cordes à notre arc mais elles sont toutes cassées».

Observatoire des prix et des marges: les GMS n’ont pas augmenté leur marge en 2022 

En moyenne, la marge brute de la grande distribution sur les produits alimentaires est restée stable en 2022 (+0,4%), tandis que celle des industries agroalimentaires a progressé de 4%, indique le rapport 2023 de l’Observatoire de la formation des prix et des marges, présenté le 22 juin. Le document souligne que l’amortissement par l’aval (IAA et GMS) de la hausse des prix à la production, observé sur 2020-2021, s’est poursuivi en 2022, année caractérisée par une inflation forte (+ 7,3% en alimentation). Un phénomène très marqué pour la viande porcine, la viande bovine, le lapin, la volaille et la pomme de terre vapeur (qui intègre cette année le panel). Cependant, contrairement aux éditions précédentes, cet amortissement est d’abord le fait de la grande distribution. Les plus fortes hausses en IAA (supérieures à 12%) concernent la volaille, la pomme de terre vapeur (stade expédition) et quatre produits laitiers au lait de vache conventionnel. En revanche, les évolutions sont beaucoup plus contrastées en GMS, de -18% pour le jambon à +57% pour les pâtes. 2022 est aussi marquée par une progression moyenne de 17% de la valeur de la matière première agricole dans le prix de vente au détail HT. La part de la matière première agricole dans ce dernier passe de 45% en moyenne en 2021 à 50 % en 2022.

Charcuterie: la marge brute des GMS sur le jambon baisse de 18%, la Fict nuance 

En 2022, la marge brute moyenne des grandes et moyennes surfaces (GMS) sur le jambon cuit libre-service a connu un «fort repli» de 18% (soit -0,77 €/kg), apprend-on dans le rapport 2023 de l’Observatoire des prix et des marges. «Cette forte contraction [a permis] de limiter la hausse du prix au détail (…) sur ce produit d’appel pour la GMS», analysent les experts. Et de noter que, en particulier sur le jambon cuit, «il existe un phénomène de compensation des marges d’un maillon à l’autre qui amortit les variations de prix au consommateur». Ainsi, entre 2021 et 2022, les abattoirs et les distributeurs ont vu leur marge brute reculer, tandis que celle des éleveurs et des salaisonniers a progressé. Mais sur une plus longue période, entre 2016 et 2022, «le maillon industrie charcuterie-salaison est le seul de la filière à voir son indicateur de marge brute baisser» de 3%, souligne la Fict (charcutiers industriels) dans un communiqué le 22 juin. Alors que ses membres sont en «très grande difficulté économique», la fédération demande que la baisse de marge des GMS «se poursuive». Tout en exigeant qu’elle s’étende à «l’ensemble des produits de charcuterie», qui constituent «le rayon qui génère le plus de marge pour les distributeurs», comme le rappelle la Fict.

Fromages: moins d'appétit pour le gruyère suisse à l'étranger 

L'appétit pour le gruyère suisse à l'étranger est en berne et il y a trop de stocks, ce qui conduit les professionnels du pays alpin à réduire de 10% leur production cette année. «Le marché tient bien la route en Allemagne, mais en Belgique, le recul est de 40%, soit de 400 tonnes. Et aux Etats-Unis la baisse se monte à 25%, soit près de 1.000 tonnes», a déclaré le 23 juin le directeur de l'Interprofession du Gruyère, Philippe Bardet, à l'agence Keystone-ATS. En début d'année, l'Interprofession avait déjà réduit les quotas de 3%, puis de 5% compte-tenu de ventes en demi-teinte. La guerre en Ukraine et l'inflation ont fait reculer les exportations. «En Suisse, on a heureusement enregistré une légère hausse. Seul le gruyère bio a subi un tassement», a ajouté M. Bardet. L'an dernier, ce sont 7.500 tonnes de gruyère AOP qui ont été consommées en Europe et 4.000 aux Etats-Unis, des volumes en diminution par rapport à 2021, qui avait été une année record. Les stocks, qui étaient déjà hauts en début d'année, doivent être réduits pour «repartir sur de bonnes bases», a-t-il dit. Pour réduire sa production, l'agriculteur doit, soit éliminer des vaches, soit faire en sorte que les excédents de lait soient transformés autrement.

Erratum sur l'étiquetage environnemental 

Contrairement à ce qui a été écrit dans l'Agrafil daté du 23 juin, la déclaration d'Emma Dahan, chargée de mission chez France nature environnement (FNE), ne reflète que la position de son association sur le Planet score et non celle de l'ensemble des ONG soutenant la pétition pour «un véritable étiquetage environnemental».