EXCLU WEB / Ukraine : les exportations céréalières compromises ?

Sous l’égide de la Turquie et des Nations unies, l’Ukraine et la Russie ont signé, le 22 juillet, un accord sur l’exportation des céréales. Ce dernier n’aura pas tenu 24 heures, plongeant le communauté internationale dans l’expectative. Cependant rien n'est perdu les exportations pourraient débuter prochainement.

EXCLU WEB / Ukraine : les exportations céréalières compromises ?

Presque cinq mois jour pour jour après que la Russie a lancé son « opération militaire spéciale » contre l’Ukraine, les deux pays sont parvenus à se mettre d’accord sur l’exportation de céréales et de produits agricoles dont des intrants, notamment envers les pays les plus dépendants comme ceux d’Afrique (Somalie, Bénin, Soudan, ou du Maghreb et du Moyen-Orient (Égypte, Tunisie, Algérie, Libye, Liban, Yémen, Éthiopie …)

Cet accord entérine la mise en place de couloirs sécurisés sur la Mer Noire fortement minée par la Marine ukrainienne pour empêcher tout débarquement russe sur leurs côtes. Les Ukrainiens qui n’ont ni le temps ni les moyens de déminer, se sont engagés à mettre des pilotes (marins habilités à assister le capitaine pour guider le navire dans les passages difficiles) à disposition pour ouvrir la voie aux navires. L’accord indique aussi ces exportations s’effectueront à partir de trois ports Odessa, Pivdenny et Tchornomorsk. Kiev espère pouvoir accroître leur nombre à l’avenir. De plus, les deux belligérants ont convenu que des inspections des navires, au départ et en direction des ports ukrainiens auront lieu, dans l’un des ports d’Istanbul. La Russie veut s’assurer que les navires ne transporteront pas autre chose que des céréales ou des produits agricoles, en particulier des armes. Ces inspections doivent être conduites par un centre de coordination conjoint en cours de formation à Istanbul sous l’égide de l’ONU. Ce centre sera composé d’experts russes, ukrainiens turcs et de l’ONU. Enfin, le texte signé le 22 juillet prévoit une application valable pendant 120 jours, soit 4 mois. L’objectif est de sortir les quelque 25 millions de tonnes stockées dans les silos ukrainiens alors même que la nouvelle récolte commence.

 

Enjeu : 10 milliards d’euros

 

Cet accord pour le moins inédit a été salué par la communauté internationale, notamment par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Celui-ci a remercié la Russie et l'Ukraine qui ont « surmonté leurs divergences pour faire place à une initiative au service de tous ». Il a appelé les deux parties «  pleinement (mettre) en œuvre » cet accord. Peine perdue. Moins de 24 heures plus tard, le 23 juillet, la Russie a bombardé le port d’Odessa, déclarant avoir frappé un navire militaire ukrainien à l'aide de missiles de haute précision, a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

« Les exportations de céréales ukrainiennes depuis le port d’Odessa peuvent avoir lieu en conformité avec l'accord signé sous l'égide l'ONU, malgré les bombardements de la Russie sur les infrastructures portuaires », a estimé le Kremlin le 25 juillet par l’intermédiaire de son porte-parole, Dimitri Peskov. Ce qui semble être le cas puisque Kiev a poursuivi, le 24 juillet, ses préparatifs en vue de la réouverture des ports ukrainiens de la mer Noire pour la reprise des exportations de céréales. Le ministre ukrainien de l'Infrastructure, Oleksandre Koubrakov, a d'ailleurs confirmé une reprise prochaine du trafic maritime international avant le 31 juillet "si les Russes respectent l'accord".
Ces ventes sont en effet vitales pour au moins 25 pays africains. En effet, selon les données de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (UNCTAD)* portant sur la période 2018-2020, 25 pays africains importent plus du tiers de leur blé de Russie et d'Ukraine. Ils sont quinze à en importer plus de la moitié. Ces exportations sont aussi importantes pour l’économie ukrainienne. Le pays pourrait en effet renflouer ses comptes de presque 10 milliards d’euros en vendant 20 millions de tonnes de céréales actuellement dans des silos et 40 millions de tonnes de sa nouvelle récolte, a estimé un proche conseiller du président Volodomyr Zelensky.

 

(*) Ces données sont accessibles à l’adresse suivante : https://unctad.org/webflyer/impact-trade-and-development-war-ukraine