Réunion pré-vendanges
L’inflation des salaires

Cédric MICHELIN
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Le 21 juillet au Vinipôle de Davayé et à la Cave de Buxy, l’Union viticole 71 tenait compte des premiers relevés maturités pour faire ses réunions pré-vendanges, avec les dernières informations sur la main-d’œuvre, les déclarations MSA, douanes et un point syndical. Avant de petites vacances méritées, les premiers coups de sécateurs sont en effet prévus entre le 10 et 16 août, pour les crémants, en attendant d’éventuelles pluies.

L’inflation des salaires

Le président de l’Union viticole 71, Patrice Fortune lançait ses réunions prévendanges dans un esprit plutôt décontracter : « on est là pour se détendre et se préparer », avec la fin des traitements et la préparation pour des vendanges mi-août probablement. Mais avant, il demandait à l’animatrice, Coralie King de refaire un point sur l’année syndicale viticole. Suite aux épisodes de grêles (week-end Pentecôte…), et notamment celui du 20 juin qui a ravagé le Charolais, et qui n’a pas épargné la vallée de la Grosne et plusieurs secteurs du Mâconnais, l’Union viticole a organisé des tournées calamités avec la DDT de Saône-et-Loire. Une nouvelle visite est prévue avant vendanges pour aller dans la continuité de la mission "flash" demandée par le Ministre. Solidaire des éleveurs qui n’ont plus de bâtiments de Digoin à Paray, Patrice Fortune invitait toutefois à relativiser : « nous restons perplexes face aux effets d’annonce forts car la déception est aussi forte à la fin ». Pourtant, il aurait lieu d’avoir une aide publique tant le « phénomène a été impressionnant avec des mini-tornades et même des bottes de paille projetées dans des vignes ». Chacun croise maintenant les doigts avant les vendanges pour que ce phénomène ne se reproduise pas.

Gyrophare pour la Charte ZNT riverains

Patrice Fortune revenait ensuite sur les dernières avancées sur la Charte ZNT riverains puisque la consultation du public de l'avant-dernière a été attaqué et l'a annulée au niveau national. À nouveau, la profession a élaboré un projet de Charte, « transmis fin juin au Préfet » qui doit la valider et la déposer officiellement. Ses services la vérifient pour « être bordé juridiquement et éviter les recours car les Chartes seront à nouveau attaquées », ne se fait pas d'idée la profession. Sur le terrain, des contrôles ont eu lieu et « cela ne va pas s’arrêter », craint aussi l’Union viticole. Une fois éclaircie sur des notions encore floues (travailleurs, grande propriété…), la profession va donc « ré-expliquer » la Charte et les distances lors de réunions locales, y compris en associant les Maires ruraux. Ces derniers sont très utiles pour « éviter que de petits problèmes deviennent grands » avec des voisins, cherchant le plus souvent à comprendre le pourquoi des traitements.
À l’heure actuelle, pour prévenir le public, le Ministère semble vouloir autoriser différentes mesures, dont « le gyrophare », lors d’un traitement. À vérifier par la suite.

Le Smic bouscule la grille des salaires

La responsable du Service Emploi et Paie de la FDSEA, Cécile Parent faisait ensuite un point très attendu sur la gestion de la main-d’œuvre avec notamment le contrat vendanges qui « reste d’actualité ». Peu de grands changements sont à noter (voir notre dossier), néanmoins la possibilité de déclarer en travailleur occasionnel n’est plus possible pour une embauche déclarée après l’heure. À l’inverse, bonne nouvelle, le Tesa simplifié permet pour les contrats saisonniers inférieurs à un mois, la saisie d’un bulletin de salaire sur deux mois civils, dans la limite d’un seul par contrat d’usage ou vendanges.
En tant que seul syndicat représentant des employeurs en Saône-et-Loire, les négociations tout au long de l’année n’ont pas été des plus simples. Et notamment avec la nouvelle convention collective nationale qui est venue mettre « fin aux salaires vendanges ». Reste que la FDSEA « fait des préconisations ». Les employeurs devront appliquer en tout cas la nouvelle grille de classification nationale, qui « depuis a déjà été rattrapée par les augmentations du Smic au 1er août pour les deux premiers paliers », mettait en garde Cécile Parent. « Le reste de la grille reste applicable mais soyez prudents ». De nouvelles négociations sont prévues le 23 août mais ne rentreront en application qu’après avoir été « étendues ». Enfin, dernières précisions, les cotisations sociales augmentent « en raison de la hausse des arrêts Covid l’an dernier ».

PSI : autant de travail ?

Autre négociation via la FRSEA, sur la durée du travail hebdomadaire et les dérogations attribuées par la DREETS et l’administration du travail. Ainsi, 66h/semaine sont possibles pour la période allant du 10 août jusqu’au 15 novembre, sauf pour les porteurs qui ne pourront pas dépasser 60h/semaine. Les mineurs ne pouvant jamais déroger à la règle des 35h avec repos dominical obligatoire. De nombreux domaines comptent pourtant sur eux en ce mois d’août. Le GED Emploi rural 71 a également cherché à recruter des bénéficiaires du RSA – qui peuvent cumuler RSA et salaires des vendanges – et des Ukrainiens. Sur les 500 Ukrainiens présents en Saône-et-Loire, la moitié est des enfants. Au final, seuls 50 Ukrainiens seraient disponibles mais « sans moyen de transport et dans tout le département ».
Résultat, les PSI, prestataires de services internationaux, gagnent du terrain face aux tensions sur le marché du travail. « Mais soyez vigilants avec eux, il y a beaucoup de vérifications à faire sur eux et avec eux. Car en cas de contrôle, vous serez seul dans votre parcelle » et surtout, vous serez responsable pénalement. Dans la salle, plusieurs vignerons prenaient conscience que pour être dans les règles, « c’est autant de travail que d’embaucher en direct ».
En l’absence de représentant des Douanes, de l’Union viticole 71, Thibault Laugâa présentait les nouveautés sur la DAI et sur Ciel (lire en page HH) et Eric Gaillard de la MSA Bourgogne présentait le Tesa dans les grandes lignes.

2020-Août : la nouvelle norme des vendanges

Du Vinipôle Sud Bourgogne, Thomas Canonier, expert Climat, venait parler plus des années à venir que de la campagne passée. Mais comme toujours en termes de météo et climatologie, le passé éclaire l’avenir. Et 2022 pourrait bien être la nouvelle « norme ». C’est-à-dire, une année chaude et sèche, « à part janvier en dessous de la normale, sinon avec des températures entre 1 à 3°C en plus » qu’avant. Idem, côté précipitations, avec « un déficit hydrique, avec -55 à -85 % pendant la période végétative ». Pour l’heure, 2022 a connu un « seul mois - juin - excédentaire avec un cumul de pluie qui a fait du bien ».

Auparavant, si quelques gelées ont eu lieu, il n’y a pas eu redites de 2021 mais le couperet est encore passé très près avec des vents polaires, de la neige et tout de même « un peu de casse » à Bouzeron et Rully surtout. « Le gel avait encore été précédé d’une forte période de redoux, avec des sols réchauffés, mais le débourrement a été moins précoce que l’an dernier », notait-il, alors que les essais de tailles tardives menées par le Vinipôle n’aient pas été concluants. Le débourrement a été observé autour du 11 avril dans le Mâconnais Sud et la floraison le 23 mai, soit une « accélération » (2,5 mois) avec un écart final au stade fermeture de la grappe donnant « entre 3 semaines et un mois » avec le millésime 2021.
Thomas Canonier a débuté les prélèvements pour suivre la maturité et il apparaît « beaucoup plus d’acide malique que de tartrique ; donc il y a la crainte d’une chute ou dégradation rapide de l’acide malique avec les fortes températures », prévenait-il. Ce qui pourrait encore avancer la date des vendanges… Difficile de savoir toutefois à ce stade, « la charge en raisins est importante et le risque de blocage de la vigne existe avec les températures et le stress hydrique », notamment en chardonnay qui pourrait dès lors « flétrir et traîner », tandis que le pinot noir lui « se concentre et continue sa maturité », ne se mettant pas en pause. Au final, « les précipitations à venir vont conditionner les dates de vendanges », avec pour l’heure, un millésime se rapprochant de 2018 ou 2020. Ce qui faisait dire à Thomas Canonier, « 2020 semble être l’année typique des prochaines années ».