Flavescence dorée
L'appellation pouilly-fuissé mobilisée au cours d'une prospection précoce

Florence Bouville
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Le 18 et 19 juillet, les viticulteurs de l’appellation pouilly-fuissé ont consacré deux matinées entières, malgré les fortes chaleurs, à la prospection précoce de la flavescence dorée. À Fuissé, là où il y avait le plus de travail, ils étaient, le premier jour, un peu plus de quatre-vingts. Répartis en sept groupes, correspondant aux sept secteurs au préalable cartographiés par la Fredon (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles). La présidente, Aurélie Cheveau, supervisant et participant aux opérations, souligne l’investissement général.

L'appellation pouilly-fuissé mobilisée au cours d'une prospection précoce
Au départ de chaque parcelle, les 7-8 personnes du groupe prospecteur se répartissaient tous les quatre rangs.

Fort enjeu sanitaire oblige avec la flavescence dorée, l’appellation a obtenu cette année des services préfectoraux régionaux d’obtenir une dérogation de traiter à condition de faire une double prospection, précoce et normale. Ce 18 juillet, le rendez-vous était fixé à 7 h 30, sur le parking de la salle des fêtes de Fuissé. Horaire tout aussi matinal pour les communes voisines de Vergisson et de Chaintré. Pour le village de Fuissé, comportant la plus grande surface de terres en production, sept îlots de parcelles ont été définis en amont. Cela a donc permis de constituer, au total, sept groupes prospecteurs. Chacun comprenant une dizaine de personnes, en fonction des affinités, dont un porteur de carte. Son rôle consistant à répertorier manuellement les pieds infectés. Mêmes procédés mis en place à Chaintré et Vergisson. Au bilan, la mobilisation a été forte et l’enjeu bien compris. Les effectifs étant globalement plus nombreux que l’année dernière, y compris lors de la deuxième demi-journée de participation, nécessaire pour Fuissé.

Alors qu’à Fuissé la prospection venait d’être lancée, les viticulteurs de Vergisson voyaient déjà le bout de l’opération. Ils sont ensuite venus porter main forte à leurs autres collègues.

Des « symptômes pas tous marqués »

Solène Dubuisson, technicienne de la Fredon, a rappelé, lors du briefing précédant le départ, que le cycle de vie de la cicadelle, vecteur de la flavescence dorée, s’étend de mai à mi-octobre. Les symptômes visibles à l’œil nu sont les suivants : enroulement plus ou moins important des feuilles, couplé à une décoloration (oscillant entre le vert olive et le jaune citron) ainsi qu’à une absence de lignification des tiges (absence de noircissement et ramollissement). Solution : couper à ras les rameaux contaminés afin « d’enlever tout réservoir », explique-t-elle. Les rameaux peuvent ensuite être laissés au sol, ne présentant plus aucun risque de transmission. À ce stade, les raisins ne montrent pas encore de flétrissement. Seuls un ou plusieurs rameaux sont donc atteints, très rarement le cep entier.

L’analyse des prélèvements est en cours

Dès le jeudi après-midi, la Fredon avait terminé les prélèvements à Chaintré et Vergisson. Encore quelques jours à attendre pour la fin de ceux de Fuissé. Ils sont en train d’être analysés et « nous recevrons les résultats rapidement », déclarait Aurélie Cheveau le 24 juillet. Une cartographie synthétisant les résultats des différents secteurs sera ainsi, prochainement, envoyée à tous les domaines de l’appellation.

La Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB) a, quant à elle, déjà commencé à communiquer auprès des adhérents concernés, au sujet de l’importance de couper à blanc les pieds, sans laisser de rameaux, afin de maximiser la lutte.

Les prospections annuelles habituelles commenceront fin août, avant les vendanges. Elles se finiront sûrement, courant septembre. D’ici là, les domaines peuvent se consacrer pleinement à leurs travaux estivaux. Il faut absolument maintenir cet état de vigilance et rester mobilisés pour garantir des prospections de qualité. Les repérages individuels visant à éliminer efficacement les pieds symptomatique. Il y va de la survie du vignoble !

Marquage des ceps contaminés

Marquage des ceps contaminés

Sur le terrain, pour chaque suspicion de contamination, il s’est agi de placer un morceau de rubalise sur le pied ainsi qu’un autre sur le piquet de début de rang. Il fallait, dans la foulée, signaler son emplacement au porteur de carte. Ce dernier inscrivait alors une flèche matérialisant le plus précisément le rang ainsi qu’une croix pour indiquer le cep. Des inspecteurs agrémentés viendront ensuite faire des prélèvements en vue d’analyses pour déterminer s’il s’agit de bois noir ou de flavescence dorée, impossible à déterminer sans analyse en laboratoire. Le laboratoire départemental Agrivalys à Mâcon est mandaté et équipé pour les faire.