EXCLU WEB : Alertes sur les (prix des) matières premières

Les quatre principales associations des grandes cultures ainsi que plusieurs filières animales tirent la sonnette d'alarme concernant les prix des matières premières : engrais azotés, alimentation animale...

EXCLU WEB : Alertes sur les (prix des) matières premières

Dans un communiqué commun du 21 octobre les quatre principales associations des grandes cultures, l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), l’association générale des producteurs de maïs (APGM), la Confédération générale de planteurs de betteraves (CGB) et la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (FOP) demandent à la France et à l’Europe de prendre des mesures d’urgence. Ils demandent notamment de prendre très rapidement  « des mesures temporaires de suspension des barrières tarifaires à l’importation sur l’azote et à étudier toute mesure de nature à soulager la facture pour les agriculteurs ». En effet, selon ces quatre organisations, l’envolée des prix de l’énergie et de l’azote pèse sur les exploitations agricoles. Elles évaluent le surcoût minimum à environ 4 milliards d’euros « sans tenir compte de la hausse des autres charges notamment le coût du gaz nécessaire au séchage du maïs ». Par ailleurs, les agriculteurs rencontrent actuellement des difficultés à s’approvisionner en engrais en prévision du printemps prochain. L’impact économique de ses nombreux dérèglements pourrait, selon leur calcul, dépasser 40 000€ sur la campagne pour une exploitation moyenne de grandes cultures ! Pour l’AGPB, l’AGPM, la CGB et la FOP, c’est in fine une question de souveraineté agricole et alimentaire.

Alimentation animale à répercuter

« Il y a urgence à répercuter les hausses du coût de l’alimentation animale dès maintenant. Il en va de l’avenir du potentiel de production national !», a indiqué Jean-Michel Schaeffer, président de la Confédération française de l’aviculture (CFA), le 26 octobre dans un communiqué de presse. Selon l’organisation avicole, les projections de l’Institut technique (Itavi), sur l’augmentation du prix des matières premières qui représente près des deux tiers du coût de production d’une volaille,  « sont dramatiques ». Depuis septembre 2020, le coût de l’alimentation des poulets, dindes, poules pondeuses a  augmenté de presque +30 %. « Dans les œufs, c’est la même chose : En septembre 2021, l’indice“ poules pondeuses”  reste significativement au-dessus de son niveau de l’année précédente (+ 24,4 % / septembre 2020). », insiste la CFA. Face à cette variation des prix de l’alimentation animale « excessive depuis un an » et qui plonge l’indice Itavi dans le « le rouge écarlate », Jean-Michel Schaeffer une répercussion des hausses et que « nos partenaires de la distribution et de la restauration entendent nos demandes. C’est l’avenir des éleveurs et de toute la filière qui est en danger ! ». Pour rappel un poulet sur deux consommé en France est importé.

Hausse des prix des intrants : le seuil de 10 % a été franchi

Les prix de l’énergie et des engrais n’en finissent pas de croître, depuis le début de l’année, rejoints par ceux de l’alimentation animale. Le prix des intrants a crû, en rythme annuel, de 10,2 %, selon le ministère de l’Agriculture. Depuis, cette hausse s’accélère au fil des cours des céréales, des oléo-protéagineux et des prix de l’énergie. Pris dans leur ensemble, les prix des engrais s’envolent : +2,8 % en août par rapport au mois précédent. Ils sont dorénavant supérieurs de 13,6 % à leur niveau du début de l’année et de 29,9 % sur un an. Aussi, la majorité des agriculteurs diffère leurs achats d’engrais phosphatés et potassiques quand ils n’y renoncent pas tout simplement, avec le risque de compromettre les rendements des campagnes à venir. « Sur l’intégralité de la campagne (juillet 2020-juin 2021), les livraisons d’azote reculent de 16,9 % par rapport à 2019-2020 », souligne le ministère de l’Agriculture. Pour le seul mois d’août, le repli est de 25,8 % sur un an. En août 2021, le prix des aliments pour animaux augmente légèrement (+0,2 % par rapport à juillet) mais l’indice des prix est nettement supérieur de 12,5 % à celui d’août 2020. Depuis le début de l’année, il a progressé de 10 %. Pour les seuls aliments simples, la hausse est de 13,1 %. Par rapport à 2015, l’indice des prix des aliments simples est supérieur de 17,8 %. En août, l’augmentation des prix de l’énergie a marqué le pas. Sur un an, l’indice des prix a progressé de 21,3 %. Mais dès le mois de septembre, ce dernier est reparti à la hausse.