EXCLU WEB / Eloi au service de la transmission agroécologique

Le renouvellement des générations est le défi majeur de l’agriculture française, « défi démographique historique », rappelait il y a peu la président de la FNSEA, Christiane Lambert au sommet de l’élevage. L’installation de jeunes agriculteurs repose en effet sur l’attrait des jeunes pour ce métier à la fois exigeant et épanouissant. Comment faire ? L’entreprise a peut-être le début d’une solution.

EXCLU WEB / Eloi au service de la transmission agroécologique

En termes de transmission/installation, rien n’est perdu, car de nouvelles catégories de jeunes, « non issus du milieu agricole », sont attirés par ces professions, par l’aspect entrepreneurial, en lien avec la nature, et aussi, contre toute attente, parce que ces métiers pourraient bien devenir un style de vie à la mode. Mais ces jeunes seront-ils assez nombreux ? Ces jeunes dont le rêve est de devenir agriculteur doivent trouver une ferme à reprendre. C’est là toute la difficulté, tant les désirs des cédants et ceux des candidats sont parfois éloignés.

Il existe déjà de nombreuses structures dont l’objet est de rapprocher les cédants des porteurs de projets. Le Répertoire départ-installation (RDI), mis en place par les chambres d’Agriculture, recense les offres et apporte un soutien aux candidats. D’autres entreprises, comme Terres de Lien, Fermes en vie (FEVE) font du portage foncier pour faciliter les transmissions, en s’appuyant sur du financement participatif. En 2019, une nouvelle structure voit le jour, l’entreprise Eloi. Prenant le nom du saint patron des agriculteurs, elle se spécialise aussi sur la transmission mais avec une approche nouvelle. C’est une société à mission, dont l’éthique est guidée par des valeurs sociales et environnementales, l’installation d’agriculteurs respectant des pratiques agroécologiques.

Maxime Pawlak, ingénieur et co-fondateur de l’entreprise, fait le constat suivant : « Il y a une inadéquation entre les fermes à vendre et ce que veulent faire les jeunes. Les cédants sont bloqués et vont bien souvent à l’agrandissement de manière subie ». Pour surmonter cet obstacle, rendre l’exploitation transmissible, Eloi donne « un devenir » à la ferme à céder en la scindant en plusieurs entités viables et complémentaires. Ainsi une exploitation bovin viande trop onéreuse à reprendre sera divisée en deux ou trois fermes plus petites. En intégrant de la vente en circuit court, de la transformation à la ferme, des petits ruminants plutôt que des bovins, ces entités seront mieux adaptées aux attentes des porteurs de projets.

 

50 installations en cours

 

« Ces grappes de fermes permettent de diviser le poids du foncier et des bâtiments entre les repreneurs » estime Maxime Pawlak, avant de préciser « il ne s’agit pas d’association, ni de GAEC, chaque ferme a son autonomie et son unité foncière cohérente. Les nouveaux installés deviennent de proches voisins qui peuvent s’entre aider, mais ils ne sont pas associés. » On les appelle des « grappeurs ». Ainsi, à Montoir-de-Bretagne, un atelier bovin allaitant de 280 ha, avec un cheptel de 250 bêtes,  est transformé en deux fermes. Maintien d’un élevage bovin plus petit d’un côté, et de l’autre, sur 40 ha de cultures, installation d’un paysan-boulanger avec transformation sur place. Maxime Pawlak s’appuie sur le recensement d’un millier de porteurs de projets inscrits sur son site. Leurs besoins en foncier et leurs capacités en capital sont inférieurs à la taille des fermes à transmettre. A partir de là, avec une équipe d’une dizaine de salariés, il évalue comment une ferme peut évoluer pour répondre aux attentes des candidats. Une cinquantaine de transmissions sont actuellement en cours. Le coût de ce service, qui s’apparente à du sur-mesure, est de 5 à 8 % du montant de la transaction pour le cédant. L’objectif est d’atteindre 500 transactions par an en vitesse de croisière. L’appel à capital a permis de faire des investissements en digital et d’embaucher des salariés. En gardant à l’esprit que le but de l’entreprise est d’installer des jeunes en agroécologie.