Préfecture de Saône-et-Loire
Le nouveau préfet Seguy veut co-construire et aller sur le terrain

Cédric Michelin
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Le préfet Julien Charles, qui à peine nommé en Saône-et-Loire, avait été confronté à des attaques de loup, est parti le 20 octobre. Ce lundi 24, son successeur Yves Séguy entend s’inscrire dans la « co-construction » des décisions avec les acteurs du département et aller fréquemment « sur le terrain » pour conduire les actions de ses services préfectoraux.

Le nouveau préfet Seguy veut co-construire et aller sur le terrain
Yves Séguy, nouveau préfet de Saône-et-Loire.

Fils de viticulteurs dans les Corbières (Sud de l’Aude), Yves Séguy a une réputation qui l’a précédé en Saône-et-Loire, puisque Michel Fournier, le président des Maires ruraux de France qui participait le 8 octobre à l’AG de l’Union des maires des communes rurales (UMCR71) à Simard, l’avait dépeint comme « un très bon préfet avec qui travailler et faire avancer les dossiers de la ruralité ». Venant donc des Vosges précédemment, Yves Séguy est juriste de formation et à force de travail, « l’ascenseur social » lui a permis de devenir un « vieux routier », comme il se décrit à 60 ans, des ministères et des préfectures. Il avait déjà croisé Julien Charles justement au ministère de l’Intérieur.
Si Julien Charles était arrivé en pleine épidémie de Covid-19, Yves Séguy aimerait bien conclure cette crise sanitaire et pour cela, il restera encore « vigilant » à l’écosystème, notamment de santé, même si le « très bon taux » de vaccination en Saône-et-Loire fait baisser les risques de saturation des services hospitaliers et « permet de vivre à peu près normalement ». Reste que le taux d’incidence est « élevé » à 700 positifs pour 100.000 Saône-et-loiriens actuellement, sans forcément de suivi précis des tests individuels.
Yves Séguy n’a peut-être plus trop la crise Covid à gérer mais il a tout de même la crise énergétique qui menace cet hiver. Si la pénurie de carburants « s’améliore » avec la fin des grèves dans les raffineries, il s’attend à des « tensions » énergétiques pour cet hiver, en fonction des températures et du contexte international. Il n’exclut pas de devoir faire des «délestages ou coupures » d’électricité qui concerneront d’abord le « monde économique, circonscrit dans le temps (2 h/jour par exemple) et pas les particuliers », émet-il en hypothèse à ce stade puisque dans l’attente des derniers paramètres. « Je vais enchaîner les rendez-vous pour appréhender les problématiques départementales avec une approche attentive du monde agricole et industriel », indiquait-il dans cet ordre.
Emploi, social… bien des dossiers sont déjà sur son nouveau bureau à Mâcon, y compris les « impasses budgétaires » de certaines communes qui pourraient demander la tutelle de l’État cet hiver, avec l’inflation ? À ce stade, Yves Séguy n’en a pas connaissance et d’autres acteurs (BPI…) sont plus à même de répondre auparavant, selon lui, à l’image des deux milliards d’euros débloqués par le gouvernement.

Tirer le maximum de potentialité de chaque territoire

Avec franchise, il avouait ne pas connaître la Saône-et-Loire mais a pour principe de fonctionner « par co-construction avec les partenaires et acteurs locaux pour faire progresser les politiques publiques prioritaires, sans compromission, dans le respect des lois, pour un traitement équitable, en apportant un regard différencié » s’il le faut, selon les situations départementales. Il compte bien se saisir de la loi 3DS, dite de décentralisation, pour mener un « travail concret pour aider les territoires à tirer le maximum de leur potentialité ».
En prévenant aimer les déplacements pour « coller au terrain », il indiquait déjà vouloir rencontrer la filière avicole, notamment AOP volailles de Bresse, avec les cas récurrents d’influenza aviaire menaçants. Une autre sortie déjà prévue, avec le président du Département Accary, sera au marché au cadran de Saint-Christophe-en-Brionnais. Le préfet évoquait aussi le « manque et les excès » d’eau qui sont plus « complexes » qu’il n’y paraît, même dans un département au nom de ses deux importants fleuves. « L’eau n’est plus si abondante. La source de la Saône ne coulait plus par instant cet été », a-t-il pu malheureusement constater, appelant à faire « attention à cette ressource et ces usages ».
Autre priorité, la transition écologique en lien avec les précédents sujets. Partant des économies d’énergie, notamment dans l’habitat, au développement des énergies renouvelables. Là encore, il faudra consulter la profession agricole qui a bien des propositions à lui faire.

Loup : « je ne reculerai pas »

Interrogé enfin sur le dossier du loup, Yves Séguy « connaît bien » le fonctionnement du plan Loup, lui qui dans les Vosges, était arrivé une semaine après la « neutralisation » d’un loup. Ici en Saône-et-Loire, « nous sommes assez proches de la situation des Vosges, en front de colonisation, sans présence permanente mais avec des passages » de loups. Pour autant, le nouveau préfet ne minimisait pas ces « situations sensibles », exprimant une « empathie réelle » pour les éleveurs. Il se montrera solidaire à leurs côtés, lui qui a pu constater les ravages d’attaques précédemment. Prévention, effarouchement, dissuasion et tirs de défense, « je ne ménagerai pas ma peine et ne reculerai pas si la situation devient inacceptable », concluait Yves Séguy, en symbole sans doute de sa volonté et politique qu’il entend mener.