Energies renouvelables
Les énergies renouvelables nécessitent un nouveau « contrat social »

La profession des énergies renouvelables a appelé à « bâtir un nouveau contrat social » pour accélérer fortement la production, lors de son colloque le 26 septembre dernier. Cela ne passera que par les territoires ruraux, notamment les agriculteurs, ont indiqué de nombreux intervenants. 

Les énergies renouvelables nécessitent un nouveau « contrat social »

« En matière de production d’électricité renouvelable, on n’arrivera pas à faire “fois deux” avec les seules toitures. Il faut des surfaces. L’accélération, c’est d’abord une solution agricole, c’est ensuite une solution agricole, c’est enfin une solution agricole. Je le dis volontairement trois fois », a appuyé William Arkwright, directeur général d’Engie Green, au colloque organisé par le Syndicat des énergies renouvelables le 26 septembre à la maison de l’Unesco. « Les deux-tiers de nos projets d’électricité renouvelable sont situés dans des communes de moins de 3.000 habitants », a indiqué Marianne Laigneau, présidente du directoire d’Enedis, l’entreprise gestionnaire du réseau électrique français. Avec la guerre d’Ukraine et la réindustrialisation de secteurs de l’économie française, il faudrait « multiplier par quatre la production d’électricité solaire et éolienne », selon Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE (gestionnaire de transport d’électricité sur les longues distances). Heureusement, l’accélération n’est pas qu’un vœu. « On est en train d’accélérer », a constaté Marianne Laigneau : 2,5 gigawatts d’électricité renouvelable ont été raccordés au réseau en 2019 par Enedis, 3,8 en 2022. La filière d’injection de biométhane est aussi sur une trajectoire d’accélération : 11 térawattheures sont raccordés, 12 le seront à la fin de l’année, selon Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF (gestionnaire du réseau pour les petites distances). Il en faudrait 50 en 2030.

Besoin d’innovation dans la biomasse

L’accélération de la production biomasse est, elle aussi, sollicitée. Mais la gestion de la biomasse est plus complexe que celle de l’électricité solaire ou éolien, car elle a plusieurs usages : l’alimentation (prioritaire), les matériaux et la chimie (usage nécessaire pour remplacer les fossiles) et l’énergie (la partie la moins noble qui reste). « La biomasse pourrait devenir un facteur limitant de l’extension des énergies renouvelables à partir de 2030. Il faudra de plus en plus pratiquer la hiérarchie des usages de la biomasse, sinon on risque de devoir en importer » a averti Antoine Pellion, chef du pôle « écologie, agriculture, énergie » au cabinet de la Première ministre. Interrogé sur cette problématique, Jules Nyssen, président du Ser, s’est montré optimiste : « Avant le charbon et le pétrole, on a toujours su utiliser de la biomasse pour la construction, les transports et travaux des champs et de l’industrie. Je suis confiant dans la capacité d’innovation des agriculteurs et des forestiers. On saura planter et reforester, s’il le faut avec des techniques qui n’existent pas encore ». Fanny Lacroix, maire d’une commune de 500 habitants, Châtel-en-Trièves (Isère), a indiqué que lorsque les habitants sont impliqués dans le projet d’énergie renouvelable de leur commune, ils l’acceptent volontiers. « Il faut que tout le monde se sente acteur. Le jour où énergie renouvelable sera synonyme de développement local, on aura gagné ». Elle a ajouté que les maires ruraux veulent avant tout « ne pas subir ». Ils veulent être acteurs et que leurs communes ne soient pas que des territoires servants. « On veut bien des éoliennes, mais on veut aussi en retour des boulangers et des médecins », a-t-elle résumé sous les applaudissements des congressistes. Fanny Lacroix est vice-présidente de l’Association des maires ruraux de France.