Vinosphère à Beaune
L’avenir des vins de Bourgogne pose question

Régis Gaillard
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Lors de l’édition 2020 de Vinosphère, le sujet central des différentes interventions concernait le devenir des vins de Bourgogne entre changements climatiques, contexte international incertain et innovations techniques. Un sujet toujours d'actualité.

L’avenir des vins de Bourgogne pose question
Claire Piat a évoqué le changement de comportement des consommateurs.

En début d'année, la quatrième édition des Vinosphère s’est déroulée à Beaune en présence de plus de 300 personnes. L'occasion pour le président du BIVB, Louis-Fabrice Latour, de préciser que ce rendez-vous était « l’occasion de faire une pause, de réfléchir » à un moment troublé entre Brexit et guerre commerciale avec les États-Unis. Et si à ce moment-là, il n'était pas encore question de confinement et de crise sanitaire, la préoccupation climatique était, elle, déjà au centre des discussions.
Ainsi, différentes interventions ont eu pour point commun de s'interroger sur l'avenir des vins de Bourgogne.

Claire Piat, de Kantar, s’est par exemple intéressée à une approche de la qualité par la diversité pour affirmer la réputation des vins de Bourgogne. À ses yeux, la fin de l’hyperconsommation est toujours d’actualité. Le contexte lié à la loi ÉGAlim a un impact non négligeable. « Aujourd’hui, 10,7 % des foyers français disent ne pas s’en sortir. Nous sommes passés de 9,3 % en 2017 à 10,7 % en 2019 ». Et ce avant la crise Covid... Et de noter que déjà les comportements avaient changé. « Les Français contrôlent de plus en plus les étiquettes. Et ils refont de plus en plus eux-mêmes avec, aussi, une plus grande attention portée au local. Ils continuent également de diminuer leurs achats de boissons alcoolisées. Il y a un engouement pour les boissons sans alcool au positionnement plus naturel ». Ainsi, en dix ans, les foyers consomment en moyenne 13,3 cols en moins. C’est encore plus marqué chez les 50-64 ans qui consomment 30 cols de moins. « Chez les jeunes, la bière a pris le pas sur le vin. Quant à ceux qui consomment du vin, le rouge est plus présent chez les seniors et le blanc chez les jeunes ».

Un marché du vin qui chute

Pour sa part, Éric Marczec, d’Iri (panel/études), a rappelé que « si, jusqu’en 2018, les volumes se sont réduits, le chiffre d’affaires a plus que résister ». Par contre, en 2019, la chute des volumes (-3,1 %) s’est accélérée dans l’hexagone pendant que le chiffre d’affaires baissait dans les mêmes proportions. « La valorisation avait masqué le problème de fond : à savoir le repli du rouge compensé par la montée du rosé. Aujourd’hui, le rosé recule et les rouges reculent encore plus vite qu’avant. La loi Égalim n’explique pas tout, seulement 20 % des chutes du vin tranquille ». Et de citer quatre grandes raisons à la baisse : le rayon, le prix, la concurrence d’autres marchés et une tendance de fond. En outre, si les magasins (GMS) mettent de plus en plus de références en rayon, les linéaires de vin ont diminué en taille avec, pour conséquence, de moins en moins de lisibilité pour le consommateur. Il convient aussi d’évoquer le problème de prix. Alors que le prix du vin a augmenté de 30 % en dix ans, la hausse des autres liquides n’a été que de 6 %. On n’oubliera pas la poussée des bières. À tel point que depuis 2015, on vend plus de bière que de vin tranquille. Un phénomène de chute du vin amplifié par le développement de l’univers sans alcool.

Eric Marczec a souligné la chute des volumes de vin en 2019.