Chargé des installations au sein du Crédit Agricole Centre-est, Francis Goyon nous explique en quoi consistent l’étude d’un dossier d’installation, les modalités pratiques, l’approche "risque"… Il insiste sur l’approche métier et humaine de chaque dossier, qui est loin d’être une simple analyse chiffrée.

L’humain au centre de tout projet

Comment se déroule une installation au Crédit Agricole Centre-est ? Une installation débute par la rencontre du porteur de projet pour « faire connaissance » entre le chargé d’affaires en agriculture de l’agence et le repreneur ou créateur d’entreprise. Cette étape de présentation du projet est primordiale pour évaluer « la maturité, la volonté, la posture du futur chef d’exploitation… », explique Francis Goyon. Pour lui, l’humain est au centre de toute installation.

Ce n’est qu’ensuite que sont abordés le prévisionnel et l’analyse économique. « En Saône-et-Loire, nous travaillons très bien avec les organisations professionnelles, notamment la chambre d’agriculture et les cabinets comptables. Cela permet de connaître les principaux chiffres et repères d’une exploitation agricole. Cette partie économique nous permet de valider le chiffre d’affaires, la marge brute, la rentabilité, le plan de financement… ». Il arrive que des projets « sortent des clous ».
Là encore, pas de réponse toute faite. Le chargé d’installation demande des précisions. « Si en production allaitante, nous avons un prévisionnel avec un EBE de 35 %, cela peut être lié à une particularité. Par exemple, la vente de bovins à une GMS locale, qui permet cette performance par rapport à un EBE normal attendu autour de 30 % ». « Nous discutons également sur la partie technique pour comprendre le projet, les orientations de la production, les évolutions à venir, etc. ».

Depuis quelques années, l’agriculture évolue, elle est en pleine transition. En ce moment, « nous voyons plus de projets de maraichers, de la commercialisation en vente directe… donc nous questionnons de plus en plus le porteur de projet sur ses moyens de production, de commercialisation ; s’il a déjà des places négociées sur les marchés… ». En synthèse : motivation, connaissance des moyens de production et de vente/distribution sont donc scrutées.

Francis Goyon rappelle une règle compliquée de son métier : « c’est facile de dire oui, c’est bien plus dur de dire non à un projet. Nous expliquons toujours la raison de notre avis défavorable et cherchons souvent des solutions. Nous souhaitons donner du sens à la décision, c’est ça aussi notre rôle de banquier ».

Le projet d'une vie

Une installation doit être préparée suffisamment en amont avec les différents partenaires lors de rendez-vous communs. Il faut six mois en moyenne pour valider une installation aidée : du premier rendez-vous avec le Point accueil installation (PAI) au passage en Commission départementale de l’orientation de l’agriculture (CDOA). C’est bien souvent « le projet de leur vie » qui en découle ensuite. « Il faut donc bien le réfléchir ».
Les projets de reprises sollicitent souvent des capitaux importants ; le financement moyen constaté au Crédit Agricole est de presque 350.000 € ces dernières années. 

Enfin, Francis Goyon constate une évolution sur le souhait des jeunes agriculteurs de se dégager un certain niveau de revenu dès l’installation pour vivre, avoir « des projets familiaux, des vacances… ». Cette configuration est « poussée » également par les organisations agricoles (JA, FDSEA, chambre…). « On insiste tous sur les notions de vivabilité et de viabilité d’une installation ».

Depuis trois ans, le Crédit Agricole Centre-est s’est doté de moyens humains supplémentaires et a mis en place une nouvelle organisation. Ces changements lui permettent d’accompagner aujourd’hui huit installations aidées de jeunes agriculteurs sur dix en Saône-et-Loire, soit environ 80 par an. 

C.M.