Beaujolais
D’une promesse à une autre

En visite dans le Beaujolais, jeudi 18 novembre, à l’occasion de la sortie des beaujolais nouveaux, Julien Denormandie a rencontré la filière viticole pour parler changement climatique et d’autres enjeux viticoles.

D’une promesse à une autre

Depuis son bureau au ministère, il y a un an, Julien Denormandie trinquait avec les acteurs du Beaujolais à la sortie confinée des beaujolais nouveaux 2020, promettant qu’il sera au rendez-vous l’année suivante. Douze mois plus tard, le ministre a bien tenu sa promesse. Jeudi dernier, « pour le 3e du mois de novembre » comme il aime si bien le dire, le ministre de l’Agriculture a fait le déplacement dans le Beaujolais, non pas uniquement pour déguster les différents beaujolais nouveaux qu’il a pu apprécier en l’espace de quatre heures de visite, mais surtout pour échanger avec les acteurs de la filière viticole du Beaujolais sur des sujets d’actualité, aussi préoccupants que structurants pour l’avenir de la filière.
Au menu de cette visite évidemment très encadrée, mais dans une ambiance conviviale, il a été question de changement climatique. Alors forcément, quoi de mieux que le site expérimental de la Sicarex Beaujolais à Pouilly-le-Monial (Porte des Pierres dorées) pour présenter les leviers d’adaptation sur lesquels l’équipe dirigée par Bertrand Chatelet poursuit ses travaux.


Changement climatique et initiation à la taille

Sous la forme d’un petit circuit au milieu des vignes, Julien Denormandie s’est vu présenter les filets d’ombrage, utiles pour se prémunir de la grêle mais pas que, la collection de cépages et de variétés résistantes et les essais sur la réduction de la haie foliaire par Jean-Yves Cahurel de l’IFV - Sicarex Beaujolais. « L’idée, c’est d’avoir moins de photosynthèse pour ralentir le développement de la vigne et que les raisins mûrissent à des périodes moins chaudes, ce qui permettra, par la même occasion, de conserver de l’acidité. Ici, nous maintenons la même hauteur de rognage, mais on a levé le tronc et le fil de palissage de 30 cm pour atteindre 90 cm de haut. Pour quel résultat ? Nous n’avons que deux années de recul, mais ce n’est pas flagrant. On réduira peut-être encore plus cette haie foliaire pour avoir des effets plus importants. » « Au risque que la vigne ne soit plus en capacité de développer convenablement ses raisins ? », s’est interrogé le ministre. « Effectivement, la crainte, c’est de perdre de la structure des raisins. Il faut aussi faire attention à la mise en réserve de la vigne pour l’année suivante », a répondu Jean-Yves Cahurel, avant d’initier le ministre de l’Agriculture à la taille de la vigne.


Renouvellement des générations

Des réserves et des interrogations, les représentants du vignoble en ont exprimé d’autres, lors de la deuxième étape à Beaujeu où la filière souhaitait aborder quatre thèmes : « 2021, un millésime combatif », « les difficultés et les contraintes des producteurs », « être vigneron demain en Beaujolais » et « la commercialisation des vins ». De par sa fonction naturelle, l’occasion était trop belle pour Inter Beaujolais et la chambre d’agriculture de le questionner sur l’enjeu du renouvellement des générations. « Nous avons lancé un projet multi-partenarial et ambitieux pour garder la pérennité du vignoble. L’objectif, c’est d’accompagner les futurs cédants et identifier les porteurs de projet à travers une pépinière. On cherche aussi à sécuriser les futurs installés et faciliter l’accès au foncier et aux bâtiments techniques. Malheureusement, notre projet a été refusé dans le cadre du plan de relance sur la structuration des filières. Pourquoi dans votre fléchage ne pas avoir privilégié cette solution locale alors que le renouvellement des générations fait partie de vos priorités ? », a lancé Nadège Fellot, élue à la chambre d’agriculture du Rhône. « Nous avons reçu des centaines de dossiers, a répondu le ministre, glissant que celui-ci « a été mal engagé », reprenant ainsi les dires du préfet du Rhône Pascal Mailhos, en septembre dernier à l’occasion de sa visite dans le Beaujolais pour les vendanges. « Ce dossier pourrait candidater dans le cadre du plan France 2030 pour obtenir des aides », a-t-il simplement réagi. Sa réponse n’a peut-être pas la valeur d’une promesse faite au Beaujolais, mais il sera attendu à nouveau dans les prochains mois…
David Duvernay