GDS Saône-et-Loire
GDS Saône-et-Loire : « c’est tous ensemble que nous réussirons ! »

Marc Labille
-

À l’heure du dérèglement climatique, du Covid et du consommateur roi, tout milite pour la maîtrise sanitaire en élevage. De cela, les responsables du GDS 71 en sont persuadés comme ils sont convaincus que le défi ne peut être relevé que collectivement.

GDS Saône-et-Loire : « c’est tous ensemble que nous réussirons ! »
Entourant Pierre-Olivier Renard et Françoise Roulleau (au centre), le bureau du GDS 71 : Fabien Coulon (Montbellet), Guillaume Lavesvre (Tavernay), Julien Chardeau (Mont-Saint-Vincent), Xavier Janniaux (Simandre), Rémy Corneloup (Curbigny), Patrick Sœur (Neuvy-Grandchamp), Pierre Pardon (Tramayes). Absents sur la photo Guillaume Mugnier (Jambles) et Jean-Marie Vincent (Rancy).

Le 18 novembre dernier, le GDS de Saône-et-Loire a tenu son assemblée générale à Pouilloux. Comme nombre de réunions agricoles, un parfum de retrouvailles régnait dans la salle. En effet, la précédente assemblée générale avait dû se dérouler en format visioconférence. De l’eau a coulé sous les ponts depuis la dernière AG en présentiel de fin 2019. Deux ans pendant lesquels, les équipes du GDS ont dû faire face au Covid-19, tout en continuant de mener à bien les missions d’un chantier sanitaire animal à la fois complexe et vertueux. Ce fut une période éprouvante tant pour les techniciens, qui n’ont pas ménagé leurs efforts, que pour les responsables de l’association, à l’image de son bureau remarquablement jeune, soudé et impliqué. Mouvementées, ces deux années l’ont été à plus d’un titre, mais on pourrait dire que le GDS y est presque habitué ! Depuis de nombreuses années, le sanitaire en élevage s’est en effet lourdement complexifié avec une organisation administrative réformée (désengagement de l’État) et un contexte épidémique à plus haut risque : le changement climatique n’y est pas étranger. C’est dans ces conditions particulières que le GDS a changé de président au mois de juillet 2020. Succédant à Fabien Coulon, Julien Chardeau a repris le flambeau à la tête d’une association qui ne tient bon qu’à travers la force du collectif et du mutualisme. Un peu plus d’un an après cette prise de fonction, le GDS change aussi de directeur (lire encadré).

Le mutualisme, une valeur fondamentale

Pour cette assemblée générale un peu particulière, la nouvelle équipe a eu envie de rompre avec les habitudes, délaissant le traditionnel rapport d’activité au profit d’un plaidoyer pour l’esprit collectif et le mutualisme. Convaincu que le sanitaire est une composante incontournable de l’élevage tant il implique la prévention des maladies, soutient la réussite économique des exploitations, garantit la qualité des produits alimentaires…, Julien Chardeau martèle que ce n’est que « tous ensemble que nous pouvons réussir ». Une valeur mutualiste fondamentale qui, si elle est indispensable pour espérer préserver le capital santé des cheptels, est aussi incontournable pour parvenir à « un niveau de cotisation aussi faible », défend le président. En effet, déduction faite de toutes les aides octroyées par le GDS, le coût de cotisation ne revient au final qu’à 75 centimes par bovin (65 centimes en 2022), en échange de l’accès à tous les services de l’association, démontrait chiffres à l’appui, le trésorier Xavier Janniaux. L’occasion de rappeler que le GDS verse aux éleveurs plus de 620.000 € d’aides pour lutter contre les maladies (BVD, IBR, caisse coups durs, besnoïtiose, paratuberculose, etc.). Au final, 80 % de la cotisation versée finit dans la poche des éleveurs et seulement 20 % finance les charges internes de l’association. Avec des frais de personnel somme toute modiques au regard du nombre d’animaux en Saône-et-Loire et des quelque 4.000 adhérents au GDS 71, faisait-on remarquer.

Renforcement de l’action technique terrain

Pour 2021/2022, un système de tiers payant sera mis en place pour le paiement des analyses IBR avec le laboratoire Agrivalys. D’autre part, c’est un véritable virage que les responsables du GDS entendent impulser en déployant les actions techniques, le conseil de terrain, pour plus de proximité avec les éleveurs. Formation, diagnostics bâtiments, audits d’élevage, audits boiterie, matinées techniques… en sont les meilleurs exemples. En guise d’illustration de cette nouvelle feuille de route, Ludivine Perrachon, technicienne, Guillaume Lavesvre, éleveur en Gaec à Tavernay et le vétérinaire Jocelyn Amiot sont venus livrer leurs témoignages éclairants. Sous leur bâtiment de 2002, les frères Lavesvre étaient confrontés à des problèmes de pathologies respiratoires, une forte mortalité des jumeaux, de nombreux accidents de bovins, le tout dans une ambiance humide et sombre, rapporte Jocelyn Amiot. Un audit bâtiment a été réalisé par Ludivine Perrachon du GDS 71. Ce diagnostic pointu a permis d’identifier un problème de marche trop haute au sol et donc source d’accident. L’étude a aussi mis en évidence un défaut de ventilation, la présence de courant électrique vagabond au niveau des abreuvoirs… Une intervention technique en ferme qui s’est avérée pleine d’enseignements et que Guillaume et Olivier Lavesvre recommandent aujourd’hui à tous leurs collègues confrontés à des problèmes d’élevage.

« Bilan mitigé » pour l’IBR…

Le GDS 71 mène de front deux éradications importantes. « Le bilan est mitigé » pour l’IBR, rapportait Fabien Coulon. Atteignant 91 %, le pourcentage d’élevages indemnes continue de progresser mais une circulation préoccupante est à déplorer dans le sud-ouest du département, regrettait-on. Cela se traduit par 770 bovins infectés dans 43 cheptels et 21 ont ainsi perdu leur qualification, détaillait Fabien Coulon. Si elle va indéniablement freiner l’assainissement, cette circulation a eu un impact conséquent sur l’activité du GDS : aides aux analyses, vaccination, élimination… et augmentation significative du budget alloué. En vigueur depuis le 21 avril dernier, la nouvelle Loi de Santé Animale fixe l’éradication de l’IBR à l’horizon 2027. Cela implique, pour les cheptels non indemnes, le renforcement des mesures de surveillance et d’assainissement ainsi que des conditions de mouvement : prophylaxies annuelles en analyses individuelles dès 2021/2022 ; réforme obligatoire des bovins positifs pour les cheptels détenant moins de 10 % de positifs ; quarantaine avant vente pour les bovins issus de cheptels non qualifiés… Parallèlement, un allègement de la surveillance est envisagé dans les cheptels indemnes depuis plus de trois ans.

« Bel élan collectif » pour la BVD

La généralisation du dépistage de la BVD est entrée en vigueur sur la campagne 2020-2021. Plus de 200.000 veaux ont été testés dans environ 3.000 cheptels et 99,8 % se sont révélés non IPI, indique Pierre Pardon. Cette situation se traduit par un peu plus de 300 veaux positifs dans 130 élevages. Avec plus de 7 bovins sur dix garantis non IPI, le bilan de campagne est meilleur que les prévisions, se félicite le GDS. Ce bon résultat fait suite à un fort taux de vaccination en Saône-et-Loire. Aussi, comme une circulation du virus existe bel et bien et que les conséquences de la BVD sont très lourdes pour un cheptel, il est recommandé de continuer à vacciner, conclut Pierre Pardon.

Passage de relai à la direction du GDS 71

Arrivée au GDS en 2012-2013 et nommée directrice en janvier 2018, Françoise Roulleau quitte ses fonctions pour une nouvelle mission au sein du GDS 21. Vétérinaire de formation, elle y travaillera sur la biosécurité à mettre en place pour lutter contre la tuberculose. Un chaleureux hommage a été rendu à cette experte au parcours professionnel atypique, dont les qualités scientifiques rivalisent avec des qualités humaines peu communes. Au nom de toute l’équipe technique, du conseil d’administration et des éleveurs, le président Julien Chardeau lui a adressé un grand merci, elle « qui a écrit les pages de notre GDS une décennie durant. […] Notre association lui doit beaucoup… ». Le successeur de Françoise Roulleau est un enfant de Saône-et-Loire. Fils d’éleveurs à Curgy, ingénieur agro de formation, Pierre-Olivier Renard a commencé sa carrière dans les laboratoires pharmaceutiques pour l’élevage. Connaissant bien le métier agricole et le département, le jeune cadre âgé de 28 ans est aussi très au fait des questions de santé animale. C’est avec un enthousiasme non feint qu’il revient dans sa Saône-et-Loire natale pour servir la profession de ses parents.