Conversion au bio
Miser davantage sur le triage et la rotation

Françoise Thomas
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Une visite de la ferme du Gaec Copex était proposée jeudi 17 novembre par la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire et par Bio Bourgogne, avec au programme discussion autour des rotations de cultures pour la filière bio et présentation du matériel de triage récemment installé sur le site.

Miser davantage sur le triage et la rotation
Les animatrices Aline Villot pour la chambre d’agriculture 71 et Marie Froelhy pour Bio Bourgogne encadraient cette visite au Gaec Copex de Taizé.

Si peu d’agriculteurs se sont déplacés à Taizé ce jeudi 17 novembre pour participer au tour de plaine proposé conjointement par la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et par Bio Bourgogne, cela n’a pas empêché une matinée riche en échanges, voire en perspectives…
Le Gaec Copex qui accueillait cette matinée d’information est en conversion bio. « Une conversion que l’on a fait en deux temps, détaille Pierre-Yves Descours l’un des associés, avec 100 ha en 2020 et 100 autres hectares en 2021 ».
Le Gaec Copex, situé à Taizé, est connu pour ses nombreuses productions de petits fruits, transformés en jus, glace, confiture, compote, etc., commercialisés sous la marque Parfums de terroir. Ils sont cinq associés et emploient trois équivalents temps plein. Si la partie petits fruits est un poste très important, il ne faut pas oublier les 9 ha de vignes, et l’essentiel de l’assolement, à savoir environ 200 ha sur les 245 au total, consacrés aux grandes cultures.

Les besoins de la terre et des éleveurs

Cultivant essentiellement du blé, mais aussi du triticale, de l’orge d’hiver et des céréales de printemps, les producteurs ont aussi fait le choix d’intégrer du tournesol et des protéagineux dans la rotation. La très grande majorité de ces productions sont apportées à la coopérative Bourgogne du Sud. Mais le Gaec entretient aussi d’autres débouchés. « Nous ne faisons pas d’élevage sur le Gaec, mais nous avons des voisins éleveurs », précisent les associés qui partent du principe que ces légumineuses vont intéresser les éleveurs du secteur à la recherche de protéine dans le cadre de la démarche nationale Cap protéine, visant l’autonomie protéique.
Et s’il y a un double intérêt à la mise en place de ces cultures, en termes de gestion du sol et d’allongement des rotations, un petit bémol a malgré tout été souligné lors de la discussion à bâton rompu entre les agriculteurs : ces mêmes éleveurs, et notamment les éleveurs en bio, sont de plus en plus en recherche de leur autonomie fourragère. À l’image d’Emmanuel Desbois, éleveur laitier à Buffières présent lors de la matinée. En conversion entre 2017 et 2019, il a depuis diminué son chargement : « ce n’est pas la productivité des vaches que je vise, mais vraiment l’autonomie fourragère. Je n’achète rien ! ».

De nouveaux débouchés

Ainsi, la problématique de la valorisation de ces cultures-là, produites en petits volumes sur les exploitations pour limiter les frais et les risques, est revenue plusieurs fois dans la conversation. Entre eux, les agriculteurs ont notamment évoqué la possibilité de produire leurs propres farines, leur propre huile, etc., et ont échangé sur la pertinence économique d’un tel projet. « Comme nous produisons et commercialisons déjà en vente directe, rappelle Luc Baumont l’un des associés, cela nous permettrait d’élargir la gamme des produits issus de l’exploitation et d’intégrer l’atelier grandes cultures aux ventes effectuées par la boutique ».
Mais ces besoins potentiellement identifiés de moulin et de presse pourrait impliquer d’« avoir une organisation collective minimum à notre niveau », pour, par exemple, mutualiser ces équipements à échelle plus locale. « On réinvente la coopérative ! », en ont plaisanté les agriculteurs présents.
Les producteurs bio ont ainsi plusieurs fois souligné le juste équilibre à trouver entre intérêts agronomiques d’implanter des cultures de printemps (pour favoriser la lutte contre le salissement) et des cultures fourragères (pour l’apport d’azote), et intérêts économiques ; entre la volonté de limiter les risques sans se surcharger de travail ; viser quelques marchés de niches, tout en s’assurant des débouchés.

 

Matériel de triage : judicieux investissement

Matériel de triage : judicieux investissement

Pour Luc Baumont, l’un des associés du Gaec, pas d’équivoque : « la conversion en bio impliquait forcément de nouveaux investissements ! ». Aussi, la structure a notamment choisi de s’équiper d’un trieur. Le choix du modèle s’est orienté vers un trieur rotatif à quatre grilles, jugé « plus polyvalent » par rapport à d’autres types de trieurs et plus performant que l’ancien modèle qu’ils avaient. Installé cette année dans un bâtiment datant des années 1960, cet équipement acheté neuf a jusqu’à présent nécessité un investissement d’environ 70.000 €, dont 17.000 € pour le trieur, près de 8.000 € pour les 24 grilles, plus de 10.000 € pour refaire entièrement l’armoire électrique, etc. Dans le cadre du Plan protéine gouvernemental, le Gaec a bénéficié d’une subvention de 17.000 €.
Une seule cellule d’une capacité de stockage de 35 tonnes a pour l’instant été installée près du trieur, mais de nouveaux achats dans ce même bâtiment sont d’ores et déjà en projet pour améliorer les capacités de stockage des différentes productions et en plus petits lots.

Le trieur permet la séparation des récoltes, comme « pois-triticale, pois-orge, avoine-féverole », détaille Luc Baumont, et de valoriser ainsi ces mélanges en cultures pures. Mais, même pour les cultures en pur et même si cette année elles étaient « plutôt propres », les associés ont choisi de tout passer par le trieur. Outre l’aspect nettoyage, « cela nous a permis de sauver une récolte de soja qui était un peu humide » et permet de façon générale d’améliorer la préservation de la qualité des cultures.

Un variateur permet de régler la vitesse de rotation et l’inclinaison de l’axe des grilles peut aussi être réglée. « Le débit de chantier est d’environ 15 tonnes/heure pour le nettoyage et d’environ 5 tonnes / heure pour les semences », précise enfin Luc Baumont.

L’investissement dans un trieur est d’autant plus intéressant lorsque l’on produit, comme le Gaec Copex, une bonne partie de ses semences. Les grains conservés dans cette optique sont systématiquement passés une seconde fois dans le trieur, pour peaufiner leur nettoyage. Des opérations réalisées au fil du temps et des récoltes. Compte tenu de la multiplication des cultures mises en place par le Gaec Copex, il serait donc compliqué et économiquement pas rentable de faire appel à un prestataire extérieur pour le tri des semences.