Violences faites aux femmes
Un combat mené au cœur des territoires

Françoise Thomas
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Particulièrement sensibilisée à la cause des femmes et marquée par des récentes et dramatiques affaires qui prouvent que beaucoup restent encore à faire, Nathalie Bonnot n’a de cesse d’œuvrer pour la prise de conscience des différentes formes de violences intrafamiliales et pour leur apporter des solutions. S’appuyant sur le préfet qui reste « le chef de file de la lutte contre les violences faites aux femmes », la déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité peut malgré tout se satisfaire de la mise en place dernièrement de plusieurs dispositifs.

Un combat mené au cœur des territoires
Nathalie Bonnot, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité, ici avec sa collaboratrice Estelle Bougain, est à l’initiative d’un jeu à destination des intervenants des réseaux Vif, des réseaux Vif dont la mise en place est particulièrement justifiée en secteur rural.

Le douzième réseau Vif, pour violences intra familiales, mis en place sur le département, en l’occurrence sur la communauté de communes de Saint-Cyr-Mère-Boitier, est l’occasion d’organiser la journée internationale contre les violences faites aux femmes à Matour.
La raison d’être des réseaux Vif est notamment de permettre de fédérer l’ensemble des acteurs intervenant dans ces situations via une formation servant « à la fois à déconstruire la représentation que l’on a des violences intrafamiliales et parler le même langage », présente Nathalie Bonnot. Et ce depuis le gendarme qui reçoit la plainte, jusqu’aux structures d’accueil, en passant par l’hôpital, les magistrats, etc. « Il faut un temps pour tout, poursuit la déléguée départementale des droits des femmes, et pour amener les victimes à déposer plainte, cela peut demander du temps ». D’où l’importance de ces réseaux qui permettent à chacun de jouer leur rôle : l’annuaire partagé fait que tout un chacun sait vers qui se tourner en fonction des problématiques et des besoins spécifiques des victimes.

Encore des zones à couvrir

Si la multiplication des réseaux Vif est une vraie satisfaction, la déléguée départementale aux droits des femmes ne peut que constater que toutes les zones du territoire ne sont pas encore couvertes.
Les démarches vont donc se poursuivre à destination de toutes ces "zones blanches" pour que les élus des communautés de communes, dont la mise en place des Vif dépend désormais, soient convaincus de leur importance. Si Nathalie Bonnot appelle de ses vœux l’installation de nouveaux réseaux Vif, elle espère aussi étendre le périmètre d’actions de certains existants.

La communication entre ces différents professionnels est capitale pour pouvoir agir au mieux et au plus efficace pour les victimes. « C’est une notion qui est souvent primordiale et qui doit parfois encore être rappelée. Ainsi, pour le bien des victimes, le secret professionnel doit être partagé, les victimes en sont de toute façon informées ».

Des interlocuteurs dès le dépôt de plainte

Autre satisfaction pour Nathalie Bonnot : la mise en place des Intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie, les ISCG. « Nous travaillons sur ce sujet depuis trois ans. La plupart de ces personnes sont arrivées en 2021. Depuis, les neuf postes créés permettent de couvrir tout le département ».
Ces intervenants, actuellement toutes des femmes au profil d’assistante sociale, sont placés en gendarmerie et en commissariat, servent d’interface entre les victimes et les officiers et viennent combler un manque de relais entre les forces de l’ordre et les structures sociales.
Ces postes sont pris en charge par l’État, les Départements et les Communautés de communes, selon une proportion qui évolue au fil du temps, la part de l’État étant dégressive.
Ces ISCG peuvent ainsi s’appuyer sur le réseau Vif pour avoir rapidement les bons interlocuteurs et les bonnes structures auxquelles s’adresser pour venir en aide aux victimes.
« La difficulté des victimes habitant dans les territoires ruraux, c’est qu’elles sont soit très isolées, soit connues de tout le monde », d’où l’importance d’avoir des professionnels sur lesquels s’appuyer et parfaitement formés à ces spécificités-là.

Faire encore plus

Mais Nathalie Bonnot ne saurait se contenter de cela. Depuis un an seulement, un décret reconnaît (enfin) le statut de victime aux enfants témoins des violences intrafamiliales. « On doit aller plus loin dans l’accompagnement de ces enfants-là, estime la déléguée. Ils doivent vraiment bénéficier d’un accompagnement juridique et d’une prise en charge pour évaluer leur traumatisme ». Elle souhaiterait aussi que se développe la formation des médecins « pour qu’ils soient à la fois encore plus sensibilisés aux signaux d’alerte et pour qu’ils aient encore plus de clés pour recueillir la parole des victimes et gagner leur confiance ». Et pour qu’ils soient informés d’un maximum d’éléments comme pour la rédaction des interruptions temporaires de travail : selon le nombre de jours accordés, une ITT ne débouche pas sur les mêmes procédures juridiques. Autant d’éléments qui peuvent s’avérer déterminants finalement…

Le jeu en réseau

Pour faciliter la prise de contact entre les membres du réseau Vif et que chacun comprenne bien les enjeux de ce réseau, Nathalie Bonnot est à l’initiative d’un jeu. Constitué d’un plateau et d’un système de cartes et de dés, S.Team (prononcé « estime ») permet ainsi de "bien travailler ensemble", de "mieux comprendre les Vif" et de "se soutenir". Essentiellement destiné aux personnes qui entrent dans des réseaux Vif constitués, il sera présenté lors de cette journée du 25 novembre à Matour. L’occasion de le distribuer à tous les réseaux Vif déjà créés dans le département.