Mouton Charollais
Privé de salon de l'agriculture, le Mouton Charollais organise un trophée numérique

Marc Labille
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Privé de salon de l’agriculture, le Mouton Charollais organise son tout premier trophée numérique en ligne. Onze lots d’animaux seront jugés sur Facebook par un jury d’experts français et étrangers. Le palmarès sera révélé le 4 mars prochain.

Privé de salon de l'agriculture, le Mouton Charollais organise un trophée numérique
Le palmarès du trophée numérique de la race Mouton Charollais sera dévoilé le jeudi 4 mars sur Facebook et sur le site Internet de l’OS.

Chaque année, le salon de l’agriculture est le rendez-vous incontournable pour les races animales et pour le Mouton Charollais. Paris demeure une occasion prestigieuse de faire parler de lui ! Aussi, privé de cette semaine parisienne et de concours général, l’OS Mouton Charollais a-t-elle eu envie de maintenir un évènement à la date habituelle du salon. Une façon de motiver ses troupes et de relancer la promotion de la race. Pour la première fois, cette année, l’OS propose un trophée numérique en lieu et place du concours général des animaux. Ce sera un concours d’animaux sur photos et en ligne. Onze lots de moutons charollais en provenance de onze élevages-sélectionneurs s’affronteront sur Facebook au moyen de photos prises sous différents angles. Ces lots d’ensemble (un bélier, un agneau, deux agnelles) seront jugés pendant trois jours, sur un groupe Facebook restreint, ouvert à 25 juges étrangers et 25 juges français, tous éleveurs ou experts de la race, décrit Aline Bonnot, directrice de l’OS.
Pour participer à ce concours d’un nouveau genre, les éleveurs ont dû fournir trois photos prises selon un cahier des charges précis. Les animaux devaient être présentés toilettés et les différentes prises de vue étaient destinées à évaluer les devants (gueules, aplombs, homogénéité), les arrières (gigots, aplombs) et les dos. Le résultat de ce jugement sera publié le jeudi 4 mars sur Facebook et le site web de l’OS, jour où aurait dû se tenir le concours général. 

Clin d’œil aux clients étrangers

« Ce concours en ligne est un moyen d’attirer des éleveurs qui ne participent pas à Paris parce qu’ils ne peuvent pas venir au tri des animaux à Palinges. À l’avenir, ce nouveau moyen peut nous aider dans notre sélection en amont du concours général. Cela nous permettra aussi de solliciter nos clients étrangers et de leur dire que nous n’oublions pas le rendez-vous du salon. Chaque année, Paris est l’évènement qui donne le ton en début de campagne commerciale. C’est là que nous rencontrons les étrangers, recueillons des contacts… Cela va nous manquer cette année », confie Pascal Chaponneau, président de l’OS.

Les responsables auraient aimé organiser une vente de béliers en ligne pour remplacer les transactions du Salon de l’agriculture. Malheureusement, le contexte a dissuadé les éleveurs de préparer des animaux. L’annulation du rendez-vous parisien prive aussi les représentants de la race de nombreux échanges professionnels. Une occasion perdue qui pèsera dans l’avancée des dossiers, confie Aline Bonnot.

Une marque pour l’agneau charollais

À défaut de salon, le Mouton Charollais entend bien s’inscrire dans la « semaine de l’agriculture numérique » organisée à l’échelon national du 13 au 24 mai prochain. La race espère figurer en bonne place dans une vidéo collective mettant à l’honneur les richesses agricoles des territoires. 

Les promoteurs de la race continuent de mener leur projet de marque pour des agneaux de boucherie pure race Mouton Charollais. Ils espèrent pouvoir déposer cette marque dans l’été sous la dénomination « L’agneau charollais d’excellence ». 

Concours national et vente de station les 5 et 6 août à Charolles

L’OS Mouton Charollais donne d’ores et déjà rendez-vous pour son 59e concours national qui aura lieu les 5 et 6 août prochain à Charolles. À cette occasion, se déroulera aussi la vente des agneaux de station raciale.

L’année dernière en dépit du Covid-19 et de son confinement, la race était parvenue à organiser le recrutement des agneaux pour sa station de contrôle individuelle. L’évaluation avait pu se dérouler comme prévu, de même que la vente des jeunes béliers dans le cadre du concours national de Charolles, entre les deux vagues épidémiques. Aussi, les responsables de l’OS espèrent profiter à nouveau de ce calendrier favorable à leurs manifestations. D’autant que sur le plan commercial, la tendance serait plutôt de « bon augure », confie Pascal Chaponneau. Un certain nombre d’agnelles auraient été réservées en ferme par des clients français. « Les agneaux de boucheries se vendent bien en ce moment. Si la conjoncture ne change pas, on vendra des béliers », espère le président. 

Inquiétudes quant au retour du loup…

Les éleveurs de moutons charollais gardent un très mauvais souvenir de l’année 2020 durant laquelle un loup s’est attaqué à une quinzaine d’élevages adhérents à l’OS dans le Charolais. Dans ces troupes de taille modeste mais à fort potentiel génétique, les préjudices ont été importants avec des reproducteurs massacrés et des conséquences inéluctables sur la production. Un coup dur pour le berceau de race dans une conjoncture où les troupes ovines peinent toujours à se maintenir. En ce début d’année, les responsables de l’OS Mouton Charollais ne cachent pas leur inquiétude pour les mois à venir. Tout le monde s’attend à de nouvelles attaques de loups dans la région – les autorités ayant reconnu elles-mêmes que la Saône-et-Loire était sur le front de colonisation du prédateur. Les éleveurs sont particulièrement inquiets pour le printemps lorsqu’ils relâcheront leurs brebis suitées de leurs petits agneaux. En dépit des mesures d’aides proposées, les sélectionneurs de moutons charollais restent persuadés que leur mode d’élevage spécifique, exclusivement à l’herbe, qui, pour la filiation génétique, impose de parquer les animaux en petits lots…, n’est pas compatible avec la présence régulière de loups.