Les brèves du 20 février 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 20 février 2023

Les brèves du 20 février 2023

Pas de pluie en France depuis le 21 janvier, « du jamais vu en hiver »
La France est à sec depuis le 21 janvier, une série de 27 jours, « du jamais vu en hiver » selon Météo-France, et une situation préoccupante après la sécheresse exceptionnelle l’an dernier qui a épuisé les nappes phréatiques. « C’est la première fois qu’on a une série aussi longue de jour sans pluie pour les mois de janvier et février, et elle devrait durer a minima les prochains jours, indique Simon Mittelberger, climatologue à Météo-France. Par le passé, on a connu en 1978 une série de 28 jours mais c’était en octobre et novembre. Et une série de 31 jours entre mars et avril 2020. » Par jour sans pluie, Météo-France entend un cumul des précipitations quotidiennes inférieur à 1 mm à l’échelle de la métropole. « Les sols se sont nettement asséchés depuis le milieu du mois de janvier. L’état actuel correspond à ce qu’on observe habituellement autour de la mi-avril. On a donc deux mois d’avance », poursuit le climatologue. Pour cette période de l’année, les sols sont donc très secs mais ils sont quand même nettement plus humides qu’en été. Et le risque d’inondations par ruissellement reste donc bien plus faible. » La situation est tout particulièrement préoccupante dans une partie de la région Occitanie, notamment dans les Pyrénées-Orientales. Ce département et la majorité du Var subissent déjà des restrictions d’usage de l’eau.

Négociations commerciales : situation « extrêmement tendue » à l’approche de la clôture
À l’approche de la date de clôture des négociations commerciales annuelles, la situation est « extrêmement tendue » avec environ un quart des contrats signés entre les coopératives et la grande distribution, indique le président de la Coopération agricole (LCA), Dominique Chargé, à Agra Presse. Les écarts importants entre les hausses de tarif consenties par les distributeurs lors des renégociations successives en 2022 compliquent la donne : les enseignes qui ont fait passer le plus de hausses tendent vers des « rééquilibrages » en se calquant sur leurs concurrents. « Les mauvais élèves sont en train d’entraîner les bons vers le bas », déplore Dominique Chargé. « Une pression énorme est mise sur les références, ajoute-t-il. Les distributeurs nous disent que, s’ils acceptent des hausses élevées, ils seront obligés de réduire le nombre de références. » Les coopératives demandent entre 13 et 14 % de revalorisation, avec « un atterrissage à 8 ou 9 % ». Toute l’attention est portée sur les prix, déplore le président de LCA. Les plans d’affaires, dans lesquels sont abordées les questions de « montée en gamme » et de « démarche de progrès », sont « presque absents des discussions ». « C’est le retour de la guerre des prix et de la menace du déréférencement », en conclut M. Chargé.

UE/Nouvelle-Zélande : l’accord commercial arrive au Conseil pour ratification
Suite à la révision juridique et linguistique de l’accord de libre-échange conclu avec la Nouvelle-Zélande, le 30 juin 2022, l’UE l’a envoyé le 17 février, au Conseil de l’UE pour signature. Une fois que les États membres l’auront adopté, les deux parties pourront signer l’accord. Ensuite, le texte sera transmis au Parlement européen pour approbation. L’accord pourra entrer en vigueur après adoption par le Conseil de la décision de conclusion et une fois que la Nouvelle-Zélande aura notifié qu’elle a également achevé sa procédure de ratification. Concernant les produits agricoles sensibles de l’UE (viande bovine et ovine, produits laitiers, éthanol, maïs doux), l’accord commercial autorisera les importations à droits nuls ou réduits en provenance de Nouvelle-Zélande, mais uniquement par le biais de contingents tarifaires. Le texte protégera en Nouvelle-Zélande 163 indications géographiques européennes (feta, comté, parmesan, queso manchego…), ainsi que la liste complète des vins et spiritueux de l’UE (près de 2000 noms dont le prosecco, la vodka polonaise, le rioja, le champagne ou le tokay). Il s’agit également du premier accord commercial de l’UE qui comportera un chapitre consacré aux systèmes alimentaires durables.

Agroforesterie : le nouveau plan national attendu au Salon (associations)
Le nouveau plan national de développement de l’agroforesterie pourrait être dévoilé au Salon de l’agriculture selon l’association française d’agroforesterie, confirmant des informations de la France agricole auprès d’une autre association. « La précédente feuille de route reste valable, c’est avant tout l’animation et le pilotage qui ont fait défaut, et qui seront cruciaux pour cette nouvelle programmation », prévient Fabien Balaguer, directeur de l’association. Comme le souligne un rapport commandé par le ministère de l’Agriculture, et publié en 2021, le précédent plan n’était pas doté de moyens humains ni financiers spécifiques. S’il a permis d’avancer sur la connaissance de l’agroforesterie, il a en revanche manqué ses objectifs en matière de renforcement du cadre règlementaire et financier, ou de développement du conseil. « Les agriculteurs sont volontaires, il ne manque que les moyens humains et techniques », défend Fabien Balaguer. En plus d’une cible de 700 techniciens spécialisés à l’horizon 2030, son organisation plaide pour « travailler l’outillage, notamment à travers les Cuma ». Car les seules incitations à la plantation ne suffiront pas, alertent les associations expertes. Preuve de cet écueil : une grande partie des 7000 km de haie financés à hauteur de 50 M€ par le plan de Relance n’auraient pas survécu à l’été 2022, tant en raison de la sécheresse que d’une mauvaise gestion.

Agroforesterie : les feuilles d’arbres, un potentiel en alimentation humaine (rapport)
« La plupart des gens dans le monde n’ont jamais mangé une feuille d’arbre de leur vie », regrette Eric Toensmeier, auteur américain spécialiste des plantes pérennes comestibles, dans un rapport publié en janvier. Selon les recherches de l’auteur, les feuilles d’une douzaine d’espèces d’arbres poussant en climat tempéré seraient adaptées à la consommation humaine. Crues ou cuites, les jeunes feuilles d’espèces communes en Europe comme le hêtre, le mûrier blanc ou encore le tilleul pourraient se faire une place dans nos assiettes, tout comme certaines espèces d’origine asiatique comme le kalopanax du Japon, le lyciet de Chine, ou l’angélique en arbre. « La Chine, le Japon et la Corée du Sud ont été les premières à cultiver ces espèces », souligne le rapport. En plus des atouts des arbres pour le climat et la biodiversité, les feuilles pourraient par ailleurs répondre à une demande pour des aliments plus sains, grâce à des taux élevés de fibre, calcium ou vitamines chez plusieurs espèces. Les plantations commerciales sont pour l’heure limitées au niveau mondial, avec seulement 500 000 ha de moringa ou 20 000 de nopal (cactus), contre environ 5 Mha de pommiers (source FAO).

Risques climatiques : la Conf’critique les aides de FranceAgriMer aux assurés
La Confédération paysanne dénonce une réforme de la gestion des risques « doublement punitive » qui « écarte des systèmes d’aides à l’investissement » des agriculteurs ayant choisi de ne pas s’assurer, dans un communiqué le 15 février. Le syndicat minoritaire fait référence à un dispositif d’aide aux investissements pour la protection contre les aléas climatiques. Ouvert par FranceAgriMer le 13 février jusqu’au 31 décembre, il est « réservé aux demandeurs disposant d’une assurance risques climatiques ». Ce dispositif prévoit un taux d’aide de « 40 % du coût HT » des investissements éligibles (contre gel, grêle, sécheresse, vent, cyclones…) dans un plafond de « 40 000€ HT pour les exploitations et de 150 000€ HT pour les Cuma et ASA ». FranceAgriMer avait déjà ouvert un dispositif similaire en 2021-2022 (vague 2 et vague 3), ouvert à tous les agriculteurs sans requis d’être assuré. Pour rappel, dans le cadre de la réforme de l’assurance entrée en vigueur le 1er janvier, les assureurs peuvent tenir compte des « mesures et pratiques de prévention mises en œuvre par les exploitants agricoles pour réduire leur exposition aux aléas climatiques » afin de leur proposer des primes plus attractives.

Soja : un projet à 11 M€ pour développer la culture en France (Inrae)
Le projet Soystainable a officiellement été lancé le 9 février, afin de « stimuler » au cours des six prochaines années la culture du soja en France, a annoncé un communiqué de presse de l’Inrae le 16 février. Financé notamment par l’Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre du plan d’investissement France 2030, il est doté d’un budget total de 11 M€. Parmi ses objectifs scientifiques, Soystainable a pour ambition de produire de nouvelles connaissances concernant « les interactions du soja avec les micro-organismes bénéfiques naturellement présents dans les sols » mais aussi d’analyser les « bases génétiques régissant la qualité des protéines et la tolérance au froid du soja ». L’idée étant de « lever des verrous techniques » et « sociétaux » au développement de cette culture dans l’Hexagone. Selon Jean-Malo Couzigou, coordinateur du projet et chercheur au laboratoire de recherche en sciences végétales au CNRS, le soja dispose de sérieux atouts. « Pour l’instant, il est peu sujet aux maladies, ne nécessite pas d’engrais azotés et présente des rendements en grains et une teneur protéique élevés tout en nécessitant moins d’irrigation que d’autres grandes cultures telles que le maïs ». Légumineuse la plus cultivée sur la planète, le soja a représenté 70 % de la production mondiale de légumes secs en 2021.

Biocarburants aériens : première étape pour Global Bioenergies vers la certification de l’ASTM
L’entreprise Global Bioenergies – qui développe notamment des biocarburants grâce à sa technologie d’isobutène biosourcé –, a annoncé le 16 février le lancement du processus de vote afin d’être certifié par l’ASTM International. L’industrie du transport aérien exige en effet que tout carburant soit certifié par l’organisme ASTM, selon une norme qui décrit les exigences de spécification du carburant et le pourcentage de mélange maximal avec les carburants conventionnels. Elle leur permet ainsi d’être considérés comme des carburants sûrs à l’échelle internationale. « L’inclusion de nouveaux modes de production de biocarburants aériens dans la norme repose sur une évaluation approfondie des performances du carburant à l’issue de laquelle une procédure de vote est enclenchée », rappelle Global Bioenergies dans son communiqué. « Atteindre le stade du vote […] est une étape importante pour nous », affirme Bernard Chaud, directeur de la stratégie industrielle chez Bioenergies. Aujourd’hui, seules sept technologies ont été validées par l’ASTM et Global Bioenergies s’attend à voir son procédé certifié dans les prochains mois.

Sucre : un nouveau directeur général chez Tereos, en provenance de Sodiaal
À l’issue du conseil d’administration du 8 février, le groupe sucrier Tereos a annoncé la nomination de Jorge Boucas en tant que nouveau d.g. de la coopérative, dans un communiqué du 17 février. Directeur général de la coopérative laitière Sodiaal jusqu’en février 2023, il a auparavant été d.g. du groupe Roullier pendant quatre ans après lui avoir cédé Nextenergies – spécialisée dans la production d’énergie à partir de la biomasse –, qu’il a co-fondé et développé entre 2006 et 2012. Jorge Boucas prendra ses fonctions le 20 avril 2023, et « aura pour mission de mener à bien le projet stratégique de Tereos », à savoir celui « d’achever le redressement du groupe coopératif, de déployer dans les meilleurs délais le plan de décarbonation face aux enjeux énergétiques qui touchent notre industrie et de proposer au Conseil d’administration de nouvelles orientations de croissance pour Tereos ». Jusqu’à l’arrivée de Jorge Boucas, le président du conseil d’administration assure l’animation du groupe avec l’appui du comité de direction de Tereos.

Précision sur le plan d’aide de Sanders : l’entreprise ne ferme aucune porte pour la suite
Interrogé dans l’Agrafil du 17 février, sur la reconduction du plan d’aides de Sanders à l’élevage, son directeur général, Philippe Manry, avait expliqué que « Sanders envisageait d’autres actions de soutien à l’élevage français. Mais pas sous la forme d’un plan d’aide », avait noté Agra presse. Philippe Manry tient à préciser que Sanders ne ferme à ce stade aucune porte. « Nous regardons actuellement sous quelle forme cette aide va se poursuivre », indique-t-il.