Les brèves du 26 janvier 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 26 janvier 2023

Les brèves du 26 janvier 2023

Inflation alimentaire : pour Macron, c’est aux distributeurs de « faire un effort »
Pour préserver les marges des producteurs et des transformateurs, « ceux qui doivent faire un effort, ce sont les distributeurs », a souligné Emmanuel Macron lors de son déplacement au salon de l’agriculture le 25 février. « Nos agriculteurs payent plus cher l’énergie et les intrants, nous avons besoin de garantir leurs revenus » a insisté le président, reconnaissant que « les industriels ont fait un effort considérable ». Cette déclaration intervient alors qu’un plan de soutien spécifique à l’agroalimentaire doit être présenté durant le Salon pour aider les industriels à supporter l’inflation alimentaire, et alors que les discussions se poursuivent par ailleurs à Bercy sur des mesures anti-inflation. Annoncé mi-janvier par les ministres du Commerce et de l’Économie, Olivia Grégoire et Bruno Le Maire, puis décrié tant par la FNSEA que par l’UFC-Que Choisir, le dispositif de « panier anti-inflation » n’est pas encore abandonné. Son lancement était attendu pour le mois de mars, mais Bruno Le Maire avait laissé la porte ouverte à un abandon, dans un entretien à BFM TV, le 20 février. « Ce sera ce que les distributeurs trouveront de plus utile et de plus efficace », a-t-il déclaré, quelques jours avant des discussions sur l’inflation alimentaire avec les distributeurs. « J’ai fixé le 15 mars comme date limite pour trouver ensemble une solution opérationnelle sur cette augmentation des prix alimentaires », a précisé Bruno Le Maire. Selon l’équipe d’Olivia Grégoire, le panier anti-inflation n’est « pas enterré », rapporte l’AFP.

Accord UE/Mercosur : Macron y reste opposé sans réciprocité environnementale
Alors que les discussions entre l’Union européenne et le Mercosur semblent s’accélérer depuis l’élection de Lula au Brésil, Emmanuel Macron a déclaré, lors de son déplacement au Salon de l’agriculture le 25 février, qu'« un accord avec les pays latino-américains n’est pas possible s’ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris, et s’ils ne respectent pas les contraintes environnementales et sanitaires que nous imposons à nos producteurs ». Et d’ajouter : « Quand on impose à nos producteurs des contraintes, on doit les imposer à l’alimentation qu’on importe, ce qu’on ne fait pas assez au niveau européen ». « C’est pourquoi vous m’avez entendu ces dernières années me battre, en particulier, sur le sujet du Mercosur », a encore affirmé le président français. Un accord a été conclu en 2019 entre l’UE et le Mercosur, après plus de 20 ans de difficiles négociations, mais il n’avait pas été ratifié, notamment en raison d’inquiétudes en Europe sur la politique environnementale de l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro. Le ton a changé à la faveur du retour au pouvoir du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Au début de cette année, le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a affirmé que l’UE espérait signer l’accord d’ici le mois de juillet. À la veille du salon, l’interprofession bovine avait interpellé le président face à la perspective d’une ratification fin 2023, rappelant qu’Emmanuel Macron avait déjà exigé plus de garanties sur le traité en septembre 2021 à Marseille.

Gestion de l’eau : Macron plaide pour des « retenues collinaires » et « moins de fuites »
Alors que Christophe Béchu doit présenter prochainement un plan d’action sur l’eau, le président de la République a invité à adopter « des comportements de sobriété », lors de son déplacement au Salon de l’agriculture le 25 février. « Plutôt que de s’organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d'usage, on doit planifier tout ça », a invité Emmanuel Macron. « Nous devons réutiliser les eaux, avoir moins de fuites, […] et mettre en place les structures partout sur le territoire pour les rétentions collinaires ». Un décret sur la réutilisation des eaux usées, a-t-il indiqué, « a été transmis dans les derniers jours au conseil d’État ». Prévu à l’origine en janvier, le plan d’action du gouvernement sur la question de l’eau sera présenté « d’ici quelques jours », avait annoncé Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, le 22 février sur Franceinfo, à la veille de la réunion du Comité d’anticipation sur les risques de sécheresse. Parmi les cinquantaines de mesures qui seront dévoilées, certaines concerneront l’utilisation des eaux usées. Christophe Béchu réunira par ailleurs les préfets coordinateurs de bassin afin de « prendre des mesures de restriction soft, dès le mois de mars, pour éviter de se retrouver dans des situations catastrophiques d’arbitrage » à l’approche de l’été.

Environnement : Macron promet un « chemin prévisible et planifié »
Quelques minutes après l’inauguration du Salon, le 25 février, le président de la République s’est exprimé sur ses grandes orientations, évoquant la gestion de l’eau et les relations commerciales avec le Mercosur, qui préoccupent particulièrement le secteur de l’élevage. Comme évoqué par ses services deux jours plus tôt, Emmanuel Macron a également évoqué, mais de manière allusive, la question des pesticides et de leur réévaluation : « On a une agriculture qui a parmi les meilleurs standards mondiaux sur les plans environnementaux, a expliqué Emmanuel Macron. On sait qu’on a encore du chemin et qu’on va devoir avancer. Ce chemin doit être prévisible, planifié, respectueux d’usages et qu’il soit loyal. » Plus tôt dans la semaine, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau avait évoqué son souhait d’une « meilleure coordination entre l’Anses, l’Inrae et les instituts techniques » - idée également soutenue par la FNSEA. L’entourage du président de la République confirme que le gouvernement veut avancer en ce sens. L’objectif serait d’identifier au plus tôt les produits susceptibles d’être interdits, notamment ceux pour lesquels il n’existe pas d’alternative viable économiquement, afin d’y flécher des efforts de recherche publique supplémentaires. De son côté, le p-dg de l’Inrae Philippe Mauguin se dit prêt à y travailler, et rappelle que son institut collabore d’ores et déjà avec l’Anses.

Crise du bio : Macron envisagerait une aide à la trésorerie, selon la Conf'
Lors d’un rendez-vous bilatéral avec la Confédération paysanne en amont du Salon de l’agriculture le 23 février, le président de la République aurait évoqué une aide à la trésorerie pour aider les producteurs bio en difficulté. « Le président a parlé d’un plan de soutien à l’agriculture biologique qui comprendrait plusieurs mesures dont la promotion et l’application d’Egalim, ainsi que des aides à la trésorerie », détaille Nicolas Girod, porte-parole du syndicat. « Alors que nous interpellons le gouvernement depuis un an, ces annonces tardives seraient les bienvenues mais elles restent à confirmer », tempère Laurence Marandola, secrétaire nationale du syndicat. Interrogé, l’Élysée n’a ni infirmé, ni confirmé cette information. L’ensemble des organisations, dont la FNSEA, les chambres, les interprofessions, la Fnab et la Conf’ étaient sorties plutôt déçues du rendez-vous organisé plus tôt dans la semaine avec le cabinet de Marc Fesneau. L’entourage du ministre de l’Agriculture ne s’était pas prononcé clairement à cette occasion sur les mesures portées par l’ensemble des acteurs dont le soutien à la promotion, le maintien de l’enveloppe à la conversion dans le giron de la bio, et l’ouverture d’aides d’urgence. « La réponse du ministère à ce stade des discussions n’est pas satisfaisante », s’était émue la FNSEA dans un communiqué du 23 février.

Pesticides : Lambert « attend davantage » de l’Inrae, son p-dg lui répond
« Nous attendons davantage de l’Inrae », s’impatientait la présidente de la FNSEA, le 25 février, après son entrevue avec Emmanuel Macron. Le chef de l’État devait s’exprimer le même jour sur les pesticides pour « fixer un nouveau cadre », quelques semaines après l’interruption brutale des dérogations à l’interdiction des néonicotinoïdes en betterave. « L’Inrae est forte pour nous dire que l’agriculture peut changer, mais pour amener des solutions, ils ne sont pas au rendez-vous », estime Christiane Lambert. L’éleveuse soutient notamment qu’au moment de la réautorisation provisoire des néonicotinoïdes en betterave et de la mise en place d’un plan de recherche dédié aux alternatives (PNRI), l’Inrae ne travaillait plus sur cette question. Une affirmation que réfute le p-dg de l’Inrae Philippe Mauguin : « Nous avons toujours continué de travailler sur la jaunisse de la betterave ». Et l’ancien directeur de cabinet de Stéphane Le Foll d’assurer que « l’Inrae est l’institut de recherche qui a le plus publié en Europe sur les alternatives aux pesticides, devant Wageningen ». Pour Philippe Mauguin, l’Inrae n’est pas le mieux placé dans la mise en marché de pesticides alternatifs : « Est-ce que Mme Lambert a demandé la même chose aux fabricants ? Notre budget, qui couvre tous les champs de l’agriculture, de l’élevage à la forêt, correspond au budget de recherche et développement d’un seul géant comme Bayer. Quand on décide d’arrêter la voiture thermique, on ne demande pas au CNRS de produire des voitures électriques ».

Salon de l’agriculture : écartée du huis clos avec Macron, la Conf' « en colère »
C’est avec surprise que le porte-parole de la Confédération paysanne Nicolas Girod a appris, ce 25 février, qu’Emmanuel Macron avait prévu à son agenda de rencontrer en huis clos des organisations professionnelles agricoles, juste avant d’inaugurer le Salon de l’agriculture. Auprès d’Agra presse, le leader du troisième syndicat agricole français (environ 20 % des voix aux dernières élections professionnelles) se dit « en colère » de n’avoir pas été convié. Selon lui, « c’est la première fois que cela se passe comme ça, ce n’est pas possible, il écarte la moitié des agriculteurs français ». En effet, la Coordination rurale (CR), second syndicat agricole (environ 20 % des voix), n’était pas non plus conviée à cette entrevue à laquelle assistaient des représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (55,18 % des voix à eux deux). « C’est sa décision, qu’il l’assume », réagit Véronique Le Floc’h. « Être vu à cette réunion, ou non, n’est pas important pour nous », tempère la présidente de la CR. « L’important est que nous ayons été reçus dans la semaine. Nous verrons s’il met nos propositions en œuvre ». Plus tôt dans la semaine, Emmanuel Macron et Élisabeth Borne ont rencontré l’ensemble des syndicats agricoles, y compris le Modef (1,8 %).

LOA : pas d’annonces de Macron, mais une « prise de température » (JA)
À l’issue de son rendez-vous avec la FNSEA et le président de la République le 25 février, le syndicat Jeunes agriculteurs indique que la discussion a plutôt été l’occasion de « prendre la température », résume son secrétaire général Pierrick Horel. Fortement mobilisé sur les futures Pacte et Loi d’orientation et d’avenir (LOA) agricoles, le syndicat « n’estime pas que l’installation doit être un totem de cette édition du salon », préférant « prendre le temps de discuter » dans le cadre des concertations déjà lancées. C’était d’ailleurs précisément au Salon que la loi d’orientation avait été annoncée en 2022 par le président, alors en campagne pour sa réélection. Ce projet est entré en phase de consultation depuis quelques semaines, avec la création de trois groupes de travail nationaux : « Installation et transmission », « Orientation et formation » et « Transition agro-écologique et adaptation face au climat ». Des déclinaisons régionales de cette consultation ont également débuté. Les contributions régionales seront présentées fin avril à tous les participants, en vue d’un atelier autour de l’ensemble des propositions le 17 mai. Quant à la rédaction du Pacte et de la Loi d’orientation, elle est prévue courant juin.

Pac 2028 : les pistes proposées par l’eurodéputé Pascal Canfin
Dans une note publiée le 23 février par le cercle de réflexion Terra Nova, l’eurodéputé Renaissance Pascal Canfin regrette de n’avoir pu « modifier que dans des marges de manœuvre limitées » la Pac qui s’appliquera à partir de 2023. Car ce texte, rappelle l’eurodéputé, avait été proposé dès 2018, avant la publication du Green deal. Pour la prochaine programmation 2028-2034, Pascal Canfin propose plusieurs leviers pour améliorer le bilan environnemental. L’eurodéputé défend notamment un meilleur transfert entre piliers, des paiements basé sur les résultats environnementaux, ainsi que des primes à la conversion qui, sur le modèle du bio, pourraient s’appliquer à la diversification des cultures ou à la désintensification de l’élevage. L’ancien président du WWF estime au passage « probable » que l’effet « cumulé des pesticides dans notre corps comme dans les écosystèmes soit largement sous-estimé ». De même la baisse de rendements crainte en application du Green deal serait, selon lui, « à relativiser » face aux failles méthodologiques des études du JRC ou de Wageningen. « Moins mais mieux d’élevage, et mieux réparti sur le territoire, est une condition clé de la réussite de la transition », écrit aussi Pascal Canfin, évoquant une réduction de 15 % des effectifs de porcs et volailles.

Cantines scolaires : des maires inquiets de l’arrêté sur la fréquence minimale de viande
Dans une tribune publiée le 25 février sur le site du Monde, des maires écologistes et socialistes s’inquiètent d’un arrêté en cours d’élaboration qui « pourrait rendre impossible l’alternative végétarienne pour la restauration scolaire ». Cette nouvelle version du projet d’arrêté, déjà dénoncé dès le mois de décembre 2022 par l’ONG Greenpeace, continuerait d’imposer une fréquence minimale obligatoire de consommation de viande et de poisson, avec quatre repas sur vingt à base de viande et quatre repas sur vingt à base de poisson. Or, une « très large majorité des structures » demandent aux familles de choisir les menus de leur enfant pour le trimestre ou l’année, pour des questions d’organisation et de réduction du gaspillage alimentaire, expliquait Greenpeace. Et « ces structures ne sont pas en mesure de proposer plusieurs menus différents (végétariens ou non) pour chaque enfant chaque jour ». Une situation qui agace les élus locaux dans leur tribune : « Qu’il s’agisse de la santé de nos enfants ou de la santé de la planète, les repas végétariens sont bénéfiques, et le gouvernement doit faciliter leur mise en place, pas l’entraver ! »