Les brèves du 27 mars 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Les brèves du 27 mars 2023

Les brèves du 27 mars 2023

Bassines : un manifestant entre la vie et la mort, enquêtes sur les violences

Un manifestant de 30 ans est entre la vie et la mort après de violents affrontements avec les forces de l’ordre samedi 25 mars dans les Deux-Sèvres. Le parquet de Niort a ouvert une enquête spécifique sur les circonstances dans lesquelles trois manifestants au total, dont une femme de 19 ans et un autre homme de 27 ans, ont été grièvement blessés. D’autres enquêtes ont été ouvertes sur les faits, notamment pour « organisation de manifestation interdite », « violences sur militaires » et « destruction de biens ». Selon un bilan actualisé par le parquet à 18 h 00, deux gendarmes blessés grièvement « sont désormais en urgence relative ». Au total, 47 militaires et sept manifestants ont été pris en charge par les secours. Les organisateurs - la Confédération paysanne, le collectif d’associations Bassines non merci et le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre - font état d’un bilan beaucoup plus lourd : 200 manifestants blessés, dont 40 graves. Celui du parquet ne porte que sur les blessés officiellement secourus, ce qui peut expliquer l’écart entre les chiffres. Le rassemblement, comme le précédent fin octobre, avait été interdit par la préfecture et plus de 3.000 forces de l’ordre ont été mobilisées autour du chantier. Selon les autorités, il a réuni quelque 6.000 manifestants, dont un millier d’activistes radicaux ; une "intox" pour les organisateurs, qui parlent de 30.000 personnes.

Bassines : pneus et insultes homophobes devant la maison d’un représentant de FNE

Après des manifestations à La Rochelle le 22 mars, des agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs ont déversé des pneus et du fumier devant la maison de Patrick Picaud, vice-président de FNE Charentes Maritimes, rapportent nos confrères de France 3 Nouvelle-Aquitaine. Pour le militant ciblé, ces violences « n’ont plus rien à voir avec une vie démocratique », alors que son domicile est visé pour la seconde fois. Les images diffusées par le collectif Bassines non merci sur Twitter attestent des ordures déposées devant la maison, ainsi que d’insultes homophobes. Celles-ci font écho à d’autres insultes destinées au militant Julien Le Guet, également tracées en lettres roses plus loin sur la route, et clairement signées par les Jeunes Agriculteurs de Charente-Maritime (« JA 17 »). Selon nos confrères, la femme de Patrick Picaud aurait également été visée par des « jets de pneus ». « Il faut que quelqu’un intervienne au plus haut niveau de l’État », exige Patrick Picaud. Interrogé par France 3, le président de la FNSEA 17 Cédric Tranquard « ne cautionne pas » les violences, tout en soulignant que « peut-être que cette personne a bien cherché ce qui lui arrive ».

Bassines : les Verts interpellent Borne sur de potentielles écoutes d’élus

La secrétaire nationale d’Europe écologie - Les Verts (EE-LV) Marine Tondelier a interpellé le 24 mars la Première ministre Élisabeth Borne sur de potentielles écoutes illégales de parlementaires écologistes dans le cadre de la surveillance de militants « anti-bassines », rapporte l’AFP, qui s’est procuré la copie du courrier envoyé par le parti écologiste. Ce courrier succède à la parution, le 22 mars, d’un article dans le Canard enchaîné intitulé « Darmanin à pieds joints dans les méga-bassines ». Selon l’hebdomadaire, des écoutes de militants, en vue d’un rassemblement organisé du 24 au 26 mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), auraient dérivé vers des écoutes d’élus, ce qui est interdit. Les Deux-Sèvres se préparaient à une nouvelle manifestation le 25 mars contre les « bassines », des réserves d’eau de substitution destinées à l’irrigation agricole. Une action interdite le 10 mars par la préfète des Deux-Sèvres Emmanuelle Dubée. Cinq mois plus tôt, une précédente mobilisation avait donné lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre. « Ces révélations, d’une extrême gravité, nous conduisent à solliciter que soient entreprises des vérifications visant à établir la réalité de ces interceptions illégales », soutient Marine Tondelier. Afin de faire la lumière sur la question, les Verts vont saisir la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement.

Cerises : la France interdit l’importation et la vente de cerises traitées au phosmet

La France a mis en place une interdiction d’importer des cerises traitées au phosmet, un insecticide déjà interdit dans le pays, selon un arrêté daté du 16 mars, publié samedi au journal Officiel. La Commission européenne avait refusé début 2022 de renouveler l’homologation de cette molécule, utilisée pour lutter contre la Drosophila suzukii, un minuscule moucheron invasif, arrivé en France il y a une dizaine d’années. Elle a notamment invoqué les « risques inacceptables pour les opérateurs, travailleurs, passants et résidents », pointés par l’Efsa. La décision relevait également « un risque aigu et chronique élevé pour les consommateurs » ainsi que pour la faune. L’interdiction de l’usage de cette molécule a suscité de vives inquiétudes parmi les arboriculteurs de l’Hexagone, dont certains ont manifesté en janvier dernier, notamment en Ardèche, dans le Vaucluse, le Gard et le Rhône, craignant une baisse drastique de leur récolte. D’après les arboriculteurs français, les produits encore autorisés (Success 4, Exirel, Karate Zeon, notamment) nécessiteraient davantage de traitements pour une efficacité encore réduite.

Vaccin influenza : Fesneau exclut les gallus et confirme les commandes de doses

Interrogé par le quotidien Sud-Ouest le 24 mars (article payant), Marc Fesneau a implicitement exclu une vaccination des galliformes contre l’influenza aviaire. « Nous travaillons d’abord sur les conséquences sur nos capacités d’exportation que pourrait avoir cette extension [de la vaccination] aux volailles », a répondu le ministre de l’Agriculture. Sa décision suit l’avis de l’Anses, qui avait déconseillé en décembre 2022 de vacciner les galliformes (poulets, poules, dindes, N.D.L.R.). Un seul produit est autorisé en France, dont l’efficacité est inconnue sur les souches actuelles du virus influenza. Pour les palmipèdes, en revanche, « nous lançons actuellement les précommandes même si nous sommes suspendus à l’avis de l’Anses », annonce M. Fesneau, confirmant une information de la CFA (aviculteurs, FNSEA) parue dans Agrafil fin février. Alors que les essais sont en cours de finalisation, « les premiers résultats en la matière sont plutôt positifs », rappelle le ministre. L’avis de l’Anses sur la vaccination des canards est attendu en mars, afin de nourrir la stratégie vaccinale prévue pour mai. « On se met donc en posture de vacciner les canards, à l’automne, tout en poursuivant les mesures de biosécurité », conclut M. Fesneau.

Bovins vifs : l’Algérie achète pour la première fois des animaux au Brésil (Idele)

Afin de se fournir en viande pour le Ramadan (qui a débuté le 23 mars), l’Algérie a « acheté des bovins vifs finis auprès du Brésil », relève l’Institut de l’élevage (Idele) dans sa note mensuelle publiée le 21 mars. « Il s’agit d’une première » pour Alger, qui a « toujours préféré acheter des bovins vivants à l’UE pour leur qualité sanitaire », précise l’institut technique. « Depuis début 2023, le Ramadan approchant, l’Algérie souhaitait acheter des bovins finis » au détriment des broutards, privés de licences d’import. Mais le pays n’a pu se fournir ni auprès de la France ni auprès de l’Espagne, en raison d’un « manque de disponibilités pour l’une » et de « tensions politiques pour l’autre ». L’Algérie achète habituellement des broutards ; elle est le troisième client de la France pour cette catégorie d’animaux. Avec 69 000 têtes en 2022, ces envois ont dépassé « le record pré-Covid de 2019 », selon l’Idele, après « deux années d’import réduit et de décapitalisation du cheptel ». Une performance qui a propulsé les exportations françaises à destination de l’ensemble des pays tiers vers un « record absolu », à 78 000 broutards (+24 % en un an).

Le plan Eau sera présenté « la semaine prochaine », incluant un « volet agricole »

Le plan du gouvernement pour améliorer la gestion de l’eau « est bouclé » et sera présenté « la semaine prochaine », a promis le 25 mars le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, alors que la France connaît un déficit de pluies record. Concernant les efforts demandés, il a assuré qu’ils ne porteraient « pas sur les particuliers seuls ». Le ministre a souligné que ce plan Eau comporterait « un volet agricole », au moment même où des milliers de personnes sont rassemblées dans le département des Deux-Sèvres, pour manifester contre les « bassines », de vastes réservoirs dédiés à l’irrigation des cultures, contestés notamment par une partie du monde agricole. « On sait qu’en termes de prélèvements, il faut des trajectoires de sobriété, il y a des enjeux de qualité », a poursuivi M. Béchu, indiquant que « 56 % de nos masses d’eau en France […] ne sont pas en bon état écologique ». « La réalité, c’est celle d’un réchauffement qui fait que vous n’avez pas seulement moins d’eau, mais vous avez aussi des sols qui ne sont plus les mêmes, vous avez des températures qui ne sont plus les mêmes, ça va forcément pousser à bouger une partie de nos productions et de notre modèle agricoles », a déclaré le ministre.

Fruits et légumes : l’Areflh crée un groupe sur l’eau et se mobilise sur les emballages

À l’issue de son assemblée générale en Catalogne le 23 mars, l’Assemblée des régions européennes fruitières, légumière et horticoles (Areflh) a créé un groupe de travail sur la problématique de l’eau, annonce un communiqué. Le but sera d’« échanger sur les conséquences du manque d’eau dans [les] territoires et [sur les] solutions à court et moyen terme permettant de garantir la production ». Les participants ont aussi évoqué, lors d’une table ronde, le projet de règlement européen sur les emballages, qui cristallise de nombreuses inquiétudes. Présenté en novembre 2022 par la Commission européenne, le texte vise à interdire les emballages à usage unique pour les lots de fruits et légumes inférieurs à 1,5 kg. L’Areflh estime que les dérogations envisagées sont « insuffisantes pour garantir un transport optimum, l’exportation, et la meilleure qualité possible dans les points de vente ». « Ce dossier est crucial », a déclaré la présidente de l’Areflh Simona Caselli. Elle a promis d’œuvrer pour « garantir une harmonisation des législations sur les emballages », et estime qu’il faut « sensibiliser les consommateurs finaux » sur le travail et les innovations engagés par la filière.

Chlordécone : l’Assemblée de Martinique demande un projet de loi

Les conseillers territoriaux de Martinique ont voté le 23 mars à l’unanimité des présents une proposition de loi pour inciter le gouvernement à élaborer une loi d’orientation et de programmation sur le chlordécone. « C’est une proposition pour que le gouvernement présente un projet de loi », a lancé Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de la Martinique (CTM). L’ancien député de Martinique et président de la commission d’enquête parlementaire sur le chlordécone avait formulé par le passé l’exigence d’une loi-cadre sur cette affaire. David Zobda, le conseiller exécutif en charge du Développement durable, qui a présenté la délibération à l’assemblée, estime qu’il s’agit de « sanctuariser dans la loi un certain nombre de dispositions de nature à répondre durablement, de manière sérieuse et intangible, à une action qui serait in fine reconnue par la nation ». La proposition formulée par la CTM compte 55 articles. Sept axes articulent le texte, parmi lesquels « restaurer la confiance » avec la population, « protéger la population des risques sanitaires », « préserver la filière agricole et la pêche » ou « la dépollution des sols ». Cette loi, si elle obtient le soutien du gouvernement, remplacerait les plans chlordécone pensés par l’État. « Nous ne croyons pas à l’efficacité des plans qui nous sont proposés », justifie David Zobda.

Vin : le côtes-du-Rhône, à la relance, augmente ses exigences qualitatives

Le Syndicat des côtes-du-Rhône a présenté le 24 mars un plan stratégique qui vise notamment à augmenter le niveau qualitatif de l’AOC, face au déclin de la consommation. « Nous devons tous nous remettre en question et produire des vins de qualité » pour satisfaire des consommateurs « plus volages, plus avertis », a souligné le président Denis Guthmuller. Une évolution du cahier des charges est annoncée en fin d’année, sur la base d’un niveau qualitatif minimum (critères analytiques, richesse minimale en sucre, titre alcoolique volumique). Le syndicat de vignerons veut renforcer les contrôles avant la récolte 2023. Programmés en août sur plus de 20 % du vignoble, ils visent à s’assurer de la conformité du rendement et de l’état sanitaire. L’organisme de défense de l’appellation doit mettre en place une évaluation des opérateurs, pour faire varier la pression de contrôle de l’unité de vinification en fonction de sa notation. Également dès cette année, une professionnalisation des dégustateurs est prévue pour s’assurer d’un niveau qualitatif suffisant. Cette stratégie des côtes-du-Rhône s’inscrit par ailleurs dans le plan de développement d’Inter Rhône (interprofession), axé sur le blanc, le rosé et l’export.

Bio : moins d’inflation que sur les produits conventionnels

Plusieurs chiffres récemment publiés par les distributeurs, les analystes et la presse spécialisée semblent indiquer que la distribution spécialisée bio résiste mieux à la baisse de consommation que l’ensemble du secteur bio, et mieux à l’inflation que le secteur conventionnel. Selon le média spécialisé Biolinéaires, l’inflation des produits bio a ainsi atteint 3,8 % en magasins spécialisés fin octobre 2022, contre 10,4 % en GMS. Lors de sa conférence de presse annuelle fin mars, Biocoop a confirmé cette tendance, ainsi qu’une meilleure performance par rapport au conventionnel, avec une inflation dans ses rayons atteignant environ 6 % sur un an à fin 2022, alors que le prix des produits alimentaires en général aurait augmenté de près de 13 % entre décembre 2021 et décembre 2022 (Iri). Face à cette relative stabilité, les produits bio peuvent désormais dans certains cas afficher des prix identiques voire inférieurs au conventionnel. D’après nos recherches, le poireau est ainsi affiché à 2,95 €/kg dans certains magasins spécialisés bio à Paris, quand ils atteignent 2,99 €/kg sur les sites de certaines grandes surfaces. De même, les oignons jaunes sont affichés par un distributeur généraliste à 2,69 €/kg en bio, contre 3,99 €/kg chez un concurrent en conventionnel. Des écarts du même ordre ont également été constatés la même semaine localement dans le Sud de la France par un consultant et un entrepreneur spécialistes du bio, qui en ont fait part sur LinkedIn.

Riz et méthane : les vietnamiens développent la valorisation des pailles

Au Vietnam, les initiatives en faveur du recyclage des pailles de riz se sont multipliées depuis deux ans, après qu’une centaine de pays se sont engagés à réduire les émissions de méthane de 30 % d’ici 2030, rapporte l’AFP. Car, dans les rizières inondées, les bactéries prospèrent dans les résidus de paille laissés dans les champs après la récolte, représentant la moitié des émissions de méthane au Vietnam. Sur le terrain, la transition vers une riziculture plus propre est soutenue par l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI), une ONG bien implantée en Asie. Dans la province de Can Tho, Dong Van Canh, 39 ans, s’est par exemple tourné vers la production de champignons et d’engrais organiques avec sa paille de riz qu’il ne laisse plus pourrir dans les champs. « Si nous pouvons vendre la paille et gagner de l’argent, tout le bénéfice est pour nous », explique-t-il à l’AFP. L’autre piste, encouragée par les scientifiques du CGIAR, un centre international de recherche agronomique, consiste à assécher temporairement les rizières pour éviter les eaux stagnantes. Selon les autorités vietnamiennes, cette technique aurait déjà été adoptée par le tiers ou la moitié des terres rizicoles de la province d’An Giang (sud) selon les saisons, couvrant plus de 200 000 hectares en 2019, soit deux fois plus qu’en 2018.

Anses : Patrick Dehaumont proposé par le gouvernement pour succéder à Benoit Vallet

Patrick Dehaumont, inspecteur général de santé publique vétérinaire et ancien directeur de la DGAL (ministère de l’Agriculture), a été auditionné le 22 mars par les sénateurs de la commission des Affaires sociales pour succéder à Benoit Vallet à la présidence de l’Anses, remarquent nos confrères d’Acteurs publics. Il remplacera Benoit Vallet, nommé fin octobre 2022 à la suite de Roger Genet. Concernant les pesticides, alors que le gouvernement envisage un plan Ecophyto 2030 (lire notre article dans Agra Presse hebdo), Patrick Dehaumont estime que « lorsque des indices de santé publique le justifient, il est pertinent que les pouvoirs publics prennent des dispositions ».

Fruits et légumes : Aurélien Soubeyrand futur président du CS de FranceAgriMer

Producteur de cerises de bouche et de châtaignes en Ardèche, Aurélien Soubeyrand a indiqué à Agra Presse, le 24 mars, avoir été désigné nouveau président du Conseil spécialisé (CS) Fruits et légumes de FranceAgriMer, confirmant une information d’Actuagri (FNSEA). Une fois sa nomination publiée au Journal officiel, il prendra la suite de Patrick Trillon et devrait présider le prochain conseil spécialisé prévu « le 7 juin », a-t-il indiqué. Sa priorité sera de « mettre en œuvre le plan souveraineté pour développer la filière fruits et légumes ». « Il faut que cela aille dans le bon sens pour le monde agricole, pour qu’on puisse retrouver une compétitivité et avoir des filières plus fortes. Il faut stabiliser les outils existants vu les départs en retraite à venir, et, si possible, avoir des installations complémentaires. L’idée est quand même de gagner du poids sur l’importation », a souligné M. Soubeyrand, qui est par ailleurs membre du bureau de la fédération des producteurs de fruits (FNPF, FNSEA) et administrateur d’Interfel (interprofession des fruits et légumes frais).