Pascal Roffat à Vendenesse-lès-Charolles
A Vendenesse-lès-Charolles, Pascal Roffat valorise au mieux son herbe

Marc Labille
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En Gaec avec son épouse à Vendenesse-les-Charolles, Pascal Roffat a dû recaler la conduite fourragère de ses bovins après le départ d’un associé. Aujourd’hui, il cherche à améliorer l’autonomie de son exploitation en valorisant davantage l’herbe dans l’alimentation de ses animaux.  

A Vendenesse-lès-Charolles, Pascal Roffat valorise au mieux son herbe
Pascal Roffat dans une parcelle de Ray Gras hybrides et de trèfles destinée à l’ensilage d’herbe.

À Vendenesse-lès-Charolles, Pascal Roffat est en Gaec avec son épouse sur une exploitation comptant un poulailler standard, un élevage bovin charolais de quarante vêlages ainsi que des animaux d’embouche. Au fil des années, la structure a traversé plusieurs évènements douloureux si bien qu’à la veille de la retraite, Pascal Roffat doit toujours caler son système suite à des changements internes. Ces adaptations sont aussi motivées par l’installation prochaine du fils Benjamin.

Après une expérience d’enseignant qui l’a mené à diriger la MFR d’Étang-sur-Arroux, Pascal est revenu s’installer sur l’exploitation familiale en 1992 après un gros pépin de santé à seulement 27 ans. Un an après son installation, son frère et associé succombait brutalement laissant Pascal seul à la tête de l’exploitation jusqu’en 1995. Un cousin le rejoignait alors pour former à nouveau un Gaec. Durant les deux décennies suivantes, le cheptel bovins est monté jusqu’à 80 vêlages avec un système naisseur-engraisseur « plutôt intensif ». En 2017, les deux associés créaient un poulailler standard d’une capacité de 29.000 poulets. Mais en 2019, l’associé de Pascal quittait le Gaec le laissant à nouveau seul sur une structure importante. Son épouse intégrait alors la société et face à la charge de travail, les deux associés étaient contraints de réduire significativement le nombre de vêlages, optant à la place pour de la pension d’animaux, de la vente de fourrages…

Rendre l’exploitation plus autonome

Ce fut comme un nouveau départ pour Pascal qui a progressivement remonté le nombre de naissances de l’atelier bovin. Une partie des quarante vaches actuelles descendent malgré tout du cheptel d’origine dont les associés avaient soigné la génétique. De ces années difficiles, Pascal a hérité la volonté de rendre son exploitation la plus autonome possible avec une bonne maîtrise de la production. « La présence d’un poulailler standard influe sur la conduite des bovins », confie l’éleveur qui, avec un atelier aussi exigeant que les volatiles hors-sol, est habitué au calcul de marge nette et à un certain degré de technicité.

Pour « profiter au maximum de l’herbe de printemps et ne pas complémenter à outrance », les vêlages sont aujourd’hui calés sur début février à fin avril alors qu’ils étaient avancés sur novembre avant 2019. Ce changement accompagne un retour de la monte naturelle dans la reproduction, libérant l’éleveur de la surveillance des chaleurs. Les mâles sont vendus en broutards repoussés ou mieux, en taurillons d’herbe bénéficiant de la bonne pousse printanière. Les vaches de réformes sont vendues grasses, de même que les génisses qui ne sont pas destinées à la reproduction.

Deux fois plus de prairies temporaires

Pour améliorer l’autonomie alimentaire de son atelier bovin, Pascal a implanté 16 hectares de prairies temporaires supplémentaires en deux ans. Cela porte la surface de prairies temporaires à 30 ha ensemencés en mélange de graminées et de légumineuses. Depuis l’an dernier, le Gaec s’est remis à récolter de l’ensilage d’herbe. Une solution préférée à l’enrubannage dont le coût s’est emballé avec le prix du film et dont les chantiers sont plus chronophages, constate l’éleveur. « L’ensilage de plusieurs parcelles ne prend qu’une seule journée et, dans le silo, la récolte est plus homogène », explique-t-il, ajoutant que l’enrubannage, du fait de sa souplesse, continue d’être pratiqué pour « sauver de bons fourrages ».

Compromis entre qualité et volume

Pour récolter l’ensilage d’herbe, Pascal vise « le premier créneau qui permet de rentrer du volume » ; autrement dit, « récolter au bon stade une plus grande quantité ». Le fourrage est pré-fané, andainé, récolté à l’autochargeuse avant d’être stocké « bien tassé » dans un silo couloir confectionné avec soin. « On rentre quelque chose de proche de l’enrubannage. Nous recherchons la qualité mais pas pour rentrer de la flotte ! ». Le fourrage mis au tas est relativement sec, 40 % de matière sèche, indique l’éleveur. En 2023, il titrait à 12,5 % de matière azotée, ce qui en faisait « un fourrage équilibré » pour une ration intégrant des céréales de la ferme et un complémentaire, fait valoir Pascal.

Davantage d’herbe dans la ration

Avec cet ensilage, la part d’herbe a pris de l’ampleur dans la ration des femelles en hiver. « Avant, on leur donnait du foin ou de l’enrubannage et de l’aliment du commerce ou bien un mélange céréales plus complémentaire », confie l’éleveur. Aujourd’hui, l’herbe sert de base à la ration et elle est équilibrée en fonction de la valeur du fourrage, des quantités ingérées et du poids vif des animaux, explique-t-il. Le fourrage du silo est analysé à la récolte et au cours de l’hiver. Chaque automne, l’éleveur fait calculer les rations de ses animaux en fonction de ses stocks et des valeurs des fourrages récoltés. Pour l’hiver dernier, Pascal avait en stock 10 ha d’ensilage d’herbe, 8 ha d’enrubannage, 20 ha de foin ainsi que 15 hectares de céréales sur les 133 ha que compte l’exploitation.

Finition au pré

L’augmentation de la part d’herbe dans la ration vaut pour les vaches comme pour les génisses. Pascal continue d’acheter des bovins d’embouche auprès de son groupement Feder, d’où la présence de 158 bovins sur sa ferme. Cette année, il vient d’accueillir sept femelles de 14-15 mois et possède déjà 11 femelles d’un an et demi achetées l’an dernier ainsi que 8 génisses de 3 ans en passe d’être finies au pré. Lorsqu’elles sont engraissées dehors, les femelles reçoivent une complémentation comprenant deux tiers de céréales et un complémentaire azoté à 36 %. Si sa formation de BTS TAGE lui a laissé une habitude de « beaucoup compter », Pascal ne cherche pas à raccourcir la période d’engraissement à tout prix. Privilégiant des bêtes de qualité, il préfère « prendre le temps de bien les finir », faisant confiance à son œil d’éleveur.

Pour parfaire sa conduite herbagère, l’éleveur s’est lancé dans le pâturage tournant. Les lots de bovins sont ainsi changés de paddocks une fois par semaine environ, de sorte à consommer une herbe toujours fraîche et « ne pas râper les parcelles ». Les bêtes quittent le paddock lorsque la hauteur d’herbe atteint 10 cm de hauteur, indique l’intéressé. La même précaution est prise pour la fauche qui est effectuée à au moins 8 ou 10 cm de hauteur, pour ne pas abîmer les plantes et pénaliser la repousse, complète Pascal.

 

Du fumier de volailles pour amender les prairies

La présence sur l’exploitation d’un important atelier volailles est une source d’amendement non négligeable pour les surfaces fourragères de la ferme, explique Pascal Roffat. Le poulailler produit six lots de 27.000 volatiles par an ce qui génère un important volume de fumier. Un fumier « facile à travailler issu d’une litière composée de copeaux de résineux », fait valoir l’éleveur. 12 tonnes par hectare (fumiers de volailles et de bovins) sont épandues chaque année sur les prairies et cultures de l’exploitation. « Le fumier de volaille s’utilise davantage comme un engrais. On peut en mettre même sur une prairie pâturée. Cet amendement nous permet de faire des économies sur les intrants », conclut Pascal Roffat.