Des pratiques viticoles en pleine mutation
Retour sur l'événement technico-économique organisé par les services du BIVB en février dernier. Vinosphère a permis d’évoquer la problématique de l’évolution climatique. Un sujet toujours d'actualité avec le millésime 2020 qui s'annonce précoce ! Avec, pour conséquence sur les court et moyen termes, l’impératif besoin pour la filière de devoir accélérer sa gestion du changement.

Lors de son intervention, Benjamin Bois, de l’Université de Bourgogne, s’est intéressé à la climatologie du millésime 2019 et au changement climatique. « 2019 a été la deuxième année la plus chaude après 2016 ». Et d’évoquer de ce fait plusieurs hectares de vignes détruits du côté d’Adélaïde. Une année certes chaude mais pas forcément sèche avec une très importante humidité des sols en fin d’année. Avec, également dans l'hexagone, trois épisodes de gelées les 5 et 14 avril ainsi que le 6 mai. Mais aussi deux épisodes de fortes chaleurs début juin et le 25 juillet avec de réels soucis de sécheresse et « un stress hydrique sévère du côté de Chablis ». Néanmoins, face à ces changements climatiques, les solutions sont à raisonner par région, par village, par année, par jour…
Pour sa part, Joël Collado, ingénieur prévisionniste à Météo France, a précisé que « la fréquence des canicules va doubler dans les prochaines années, s’amplifier, aller du printemps à l’automne si rien n’est fait. À titre d’exemple, nous avons connu le mois de juillet le plus chaud jamais enregistré dans le monde… Il y a un changement des circulations atmosphériques ».
Lors de son intervention concernant le matériel végétal, Olivier Lemaire, de l’INRA de Colmar, a souligné que paradoxalement certains virus pourraient être bénéfiques à la vigne. « Il faut noter que la prémunition est l’un des leviers contre les dépérissements ». Il convient de noter qu’il y a plus de 80 virus et viroïdes chez la vigne, tous transmissibles par la bouture et la greffe et leurs vecteurs spécifiques. Dès lors, il faut envisager une évolution possible de la certification pour la filière vigne, intégrant les plans prémunis. Pour sa part, Pierre-Emmanuel Courty, de l’INRA Dijon, s’est intéressé aux champignons mycorhiziens à arbuscules « qui permettent le transit de nutriments entre les différentes plantes mais aussi un transfert d’informations par ce biais ».
L'environnement fait vendre
Par ailleurs, concernant les impacts économiques de changements de pratiques viticoles, Philippe Longepierre, du BIVB, a présenté les outils à mobiliser pour faire évoluer les systèmes de production. Alors que les préoccupations environnementales augmentent dans le monde entier, les consommateurs mettent en œuvre des comportements respectueux de l’environnement tels que la consommation d’aliments bio et pratiquent le recyclage de tous les produits qu’ils consomment. Ces tendances mondiales de la santé sont principalement tirées par les jeunes consommateurs qui sont plus préoccupés par des modes de vie plus sains ainsi que par l’achat de produits plus durables.
Lorsque l’on se penche sur la consommation mondiale de vin bio, le taux de croissance annuel moyen est de 14 % sur la période 2013-2017 et le taux de croissance annuel moyen est estimé à 9,2 % sur la période 2017-2022. À noter que 32 % des vins bio exportés dans le monde sont des vins français. Alors que 48 % des Français souhaitent trouver davantage de vins bio dans leurs lieux d’achat habituels, pour 41 % des Français, le fait qu’un vin soit bio est un critère d’achat à part entière. Chargée d’études technico-économiques au BIVB, Mathilde Fontenaud a présenté une étude des coûts d’itinéraire technique dans les vignes au sein de 97 exploitations en Bourgogne (77 en conventionnel et 20 en bio). Lorsque l’on observe la différence bio / "conventionnel", le bio suppose 37 % de temps de travail en plus dans les vignes et 46 % d’heures mécanisées à faire. Quant au coût économique total hors foncier et hors récolte par hectare, il est +33 % supérieur en agriculture biologique.

