Rencontre avec le préfet sur le loup
Une montée en puissance rapide des mesures est nécessaire !

Cédric MICHELIN
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Arrivé la veille sur le département, le nouveau préfet de Saône-et-Loire, Julien Charles (lire en page 14), a reçu ce mardi 25 août les représentants professionnels (FDSEA, JA, chambre d’agriculture) par rapport à la problématique du loup. Un dossier qui monte en pression ces derniers jours alors que les attaques se sont multipliées. L’occasion pour les représentants professionnels de rappeler leurs demandes et la nécessité « d’accélérer le tempo » sur la réponse aux attaques et à l’urgence de la situation.

Une montée en puissance rapide des mesures est nécessaire !
Plus de cinquante moutons ont désormais succombé aux attaques répétées du loup en Saône-et-Loire.

Introduisant la réunion, Christian Bajard, président de la FDSEA remerciait le préfet de recevoir la profession dans la foulée de son arrivée sur le département. Une rencontre d’autant plus essentielle que la situation a encore empiré depuis la dernière « cellule loups » il y a une quinzaine de jours, avec de nouvelles attaques, ayant essentiellement touchés des élevages avec des troupes de 200 brebis et de nombreux lots (10 à 20 lots en moyenne). Donc des exploitations compliquées à protéger. Sur ce point, Alexandre Saunier, président de la section ovine de la FDSEA et de la commission ovine de la chambre d’agriculture, saluait la décision du préfet d’autoriser les tirs de défense simple à la suite de la dernière « cellule loups ». Mais il ajoutait que face à la multiplication des attaques, la demande professionnelle est clairement d’amplifier rapidement les mesures mises en place : le tir de défense renforcé, mais aussi d’envisager un tir de prélèvement. D’autant qu’au vu du contexte spécifique de notre département, avec un loup isolé dans un territoire compliqué à protéger, un tel tir de prélèvement serait parfaitement en cohérence avec le « plan loup » au niveau national. De leur côté, les services de l’État insistaient sur la nécessité que les tirs de défense simple aient été demandés et mis en place concrètement avant d’envisager une étape supérieure. D’où la nécessité que les éleveurs concernés se mobilisent pour la mise en place de ces tirs de défense simple. De leur côté, si les élus présents comprenaient l’approche des services de l’État, soucieux de respecter une « gradation » dans les mesures mises en place, ils leur rappelaient néanmoins l’urgence de la situation et la nécessité d’aller vite. Soulignant aussi au passage la détresse, notamment psychologique, des éleveurs frappés par ses attaques.

Le préfet « référent loup » à venir

Autre question abordée, il s’agit de la notion de non protégeabilité du territoire, du fait de ses caractéristiques (bocage, morcellement des parcelles, grand nombre de lots de petite taille, etc.). Un point important pour la profession, car comme le rappelait Alexandre Saunier, la reconnaissance de la « non protégeabilité » de tout ou partie d’un territoire, ou d’une exploitation « permettrait de pratiquer des tirs de défense simple sans devoir justifier en amont de la mise en place de mesures de protection ». Un sujet essentiel donc, mais sur lequel le directeur de la DDT, Jean-Pierre Goron, modérait les ardeurs de la profession soulignant « les difficultés d’une telle reconnaissance, alors qu’un département comme l’Aveyron par exemple n’a pas réussi à l’obtenir ». Sur ce point, le préfet indiquait qu’il allait prendre contact avec le préfet « référent loup » au niveau national, Jean-Paul Celet, afin que celui-ci se rende sur le département dès début septembre.

La question de l’indemnisation des éleveurs faisait également l’objet d’un échange. Sur ce point, un travail a été engagé par l’OS moutons charollais et la chambre d’agriculture pour les animaux « spécifiques », notamment ceux ayant eu des médailles à des concours, le barème existant ne tenant pas compte de ces spécificités dans le montant de l’indemnisation. Enfin, sur les équipements de protection, filets notamment, les services de l’État ont indiqué que la demande de crédits en urgence a été faite auprès du ministère. En complément, les représentants professionnels invitaient les services de l’État à se rapprocher des opérateurs économiques, « Terres d’ovins » notamment, pour pouvoir trouver des solutions dès maintenant sans attendre le retour du ministère sur les crédits disponibles.

Thibault Laugâa