Pépinières Guillaume (Haute Saône)
Face au dépérissement, des fondamentaux à retrouver

Berty Robert
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Début juillet, les Pépinières Guillaume organisaient, sur leur site de production de plants de Pagny-le-Château, en Côte-d'Or, des journées techniques. Un événement d'autant plus important que le monde viticole se pose de nombreuses questions sur les évolutions nécessaires face au changement climatique.

Face au dépérissement, des fondamentaux à retrouver
Sur leur site de Pagny-le-Château, en Côte-d’Or, les Pépinières Guillaume implantent 230 000 plants à l’hectare.

C’est dans le sud de la Côte-d’Or, à Pagny-le-Château, que les Pépinières Guillaume avaient donné rendez-vous pour des journées techniques organisées du 5 au 7 juillet. L’entreprise, dont le siège est en Haute-Saône, à Charcenne, dispose ici d’une quarantaine d’hectares dédiés à la production de jeunes plants de vigne. Près de 15 millions de plants sont mis en œuvre chaque année par les équipes de l’entreprise. Ils sont destinés aux vignobles du monde entier. Ces journées techniques prennent un relief particulier, dans un contexte marqué par le changement climatique et le dépérissement de la vigne, constaté plus particulièrement en Bourgogne depuis quelques années. Après la nouvelle sécheresse, la quatrième en cinq ans, et plusieurs vagues caniculaires, ces évolutions interpellent le monde viticole dans son ensemble et appellent des réponses de la part d’une entreprise comme les Pépinières Guillaume.

Travail de longue haleine

La tâche n’est pas simple, comme le souligne Pierre-Marie Guillaume, directeur général délégué : « entre le moment où le pépiniériste entame son travail de recherche et celui où il peut proposer aux viticulteurs un plant de vigne, il faut au moins 15 ans… ». Le site de Pagny-le-Château est la traduction visible de ce travail de longue haleine qui a, bien sûr, placé la problématique du dépérissement au cœur de sa feuille de route. L’entreprise s’appuie sur des procédures où la traçabilité tient une place tout à fait importante : variétés, classe, suivi phytosanitaire, recherche cadastrale des parcelles… rien n’est laissé de côté en matière de collecte de données, afin d’identifier au plus vite les raisons d’un dépérissement constaté. « Nous devons être vigilants sur une grande quantité de facteurs, poursuit Pierre-Marie Guillaume. Cela concerne le travail que nous accomplissons sur la préparation des plants que nous vendons, notamment la qualité de la greffe, mais aussi les modes culturaux : par exemple, un plant trop poussé à l’azote va produire un bois peu dense qui peut constituer une porte d’entrée pour des champignons pathogènes. Nous prêtons la plus grande attention à la qualité de la soudure sur le porte-greffe, à la tige, au racinage. Cela implique de procéder à un tri important ».

Tout a changé

Pour le directeur général délégué de la pépinière, la question fondamentale à laquelle il faut toujours tenter de trouver une réponse est la suivante : qu’est-ce qu’un beau pied de vigne ? La réponse est d’autant moins simple à faire émerger qu’en dix ans, le contexte naturel et climatique a beaucoup changé. « Il y a dix ou quinze ans, on pensait vendanger début octobre, les viticulteurs craignaient donc la pourriture, voulaient plus de sucre… aujourd’hui, on en voudrait plutôt moins, avec des vendanges de plus en plus précoces et un ensoleillement croissant ». Ces journées techniques montraient également que toute la problématique ne se résume pas au porte-greffe. La question de la préparation des sols, afin que les plants s’enracinent correctement, apparaît tout aussi essentielle. « Amener entre 70 et 90 tonnes de fumier à l’hectare, en fonction des sols dont on dispose, ce n’est pas une dépense, mais un véritable investissement, souligne Pierre-Marie Guillaume. Il faut créer une vie microbienne, revenir à l’agronomie. Dans le dépérissement de la vigne, le tassement du sol joue aussi un rôle ». Le dirigeant de l’entreprise s’interroge sur la tendance qui voudrait que, pour lutter contre le réchauffement climatique, le plus efficace serait d’implanter sous nos latitudes des porte-greffes du sud. « Ce n’est pas si simple, reconnaît-il. Il faut trouver les bons compromis en termes de qualité et de quantité de raisin produites. Il y aura sans doute, de plus en plus, la nécessité de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ».

Revenir à l’agronomie

Au final, ces journées techniques soulèvent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses, mais parce que ces dernières ne peuvent être simplistes et stéréotypées. Pour s’adapter au changement climatique, il n’existe pas de vérité absolue, mais la nécessité, pour les viticulteurs et leurs fournisseurs, de revenir aux fondamentaux de l’agronomie se fait plus évidente, tant les contextes pédologiques et climatiques ne peuvent se satisfaire d’une réponse unique.