Innovation vendange manuelle
Un tapis élévateur pour mécaniser la vendange manuelle

Ludovic Vimond
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Depuis 2019, Michel Laroche est équipé d’un tapis élévateur sur tracteur enjambeur pour remplacer les porteurs.

Un tapis élévateur pour mécaniser la vendange manuelle
L'élévateur de vendange a remplacé six porteurs.

Mécaniser la vendange manuelle, c’est possible. Propriétaire du domaine d’Henri, à Chablis, en Bourgogne-Franche-Comté, Michel Laroche y a été contraint. « La saison dernière, j’ai dû faire face à une pénurie de main-d’œuvre : je ne trouvais pas de porteur, constate Michel Laroche. Le travail est physique et beaucoup renoncent à postuler ». Pour pouvoir vendanger, le vigneron a dû chercher une autre solution et s’est tourné vers son concessionnaire Alabeurthe. « Il y a une dizaine d’années, nous avions déjà construit un élévateur sur un tracteur enjambeur, se souvient Cédric Aymonin, responsable du site Alabeurthe de Chablis. Nous avons donc adapté ce système sur le tracteur enjambeur Bobard du domaine d’Henri ». L’équipement se compose de deux trémies avec élévateur qui conduisent la vendange vers quatre caisses de 660 litres sur la plateforme arrière de l’enjambeur. Les deux trémies bénéficient de joues rehaussées pour éviter que des grappes passent par-dessus. En fond de trémie, un convoyeur à tapis, conduit les grappes vers l’arrière du tracteur, qui chutent dans une goulotte orientable qui répartit dans les différentes caisses. Ces tapis élévateurs sont entraînés hydrauliquement et demandent peu de puissance. L’orientation des goulottes est restée manuelle. « Cela évite d’exposer la vendange à des potentielles fuites d’huile et cela limite le coût, explique Cédric Aymonin. Bien sûr, ce serait techniquement réalisable ». Chaque ensemble trémie-élevateur est monté sur un châssis coulissant hydrauliquement, afin d’élever chaque ensemble au transport et dans les bouts de parcelles pour faciliter les manœuvres. « Le dimensionnement et la disposition des différents éléments sont adaptés à chaque tracteur, de façon à contenir l’encombrement, aussi bien à la parcelle que sur route, conserver un accès aux organes principaux du tracteur et à limiter l’impact sur la visibilité », explique Cédric Aymonin.

Conserver le débit de chantier et la qualité des grappes

À la parcelle, le tracteur suit donc les vendangeurs au fur et à mesure qu’ils progressent dans le rang. Une fois les quatre caisses pleines, le chauffeur revient se placer en bout de rang où un chargeur télescopique vient récupérer les caisses pleines sur la plateforme arrière pour les remplacer par des caisses vides. Pour faire le tampon lors de ces manœuvres de manutention, deux chenillettes, avec chacune une caisse, sont placées dans les vignes à proximité des vendangeurs. La mécanisation du portage de la vendange n’impacte pas l’intégrité de la vendange, ni le débit de chantier. Quant à l’aspect retour sur investissement, Michel Laroche n’a pas fait de calcul précis sur l’économie ou sur le surcoût généré par cette solution. « Ce n’était pas un choix économique, rappelle-t-il. Soit j’investissais 40.000 €, soit je ne vendangeais pas. Néanmoins, si l’on estime la durée de vie de ce matériel à une quinzaine d’années, cela représente un coût annuel de 2.500-3.000 €, auxquels il faut ajouter le chauffeur de l’enjambeur, ainsi que l’usure et le carburant de ce dernier. En parallèle, j’économise quotidiennement 700 € de main-d’œuvre pour les porteurs, pendant une dizaine de jours que durent les vendanges. Au final, je pense avoir un retour sur investissement au bout d’une dizaine d’années ».