Taille
Une étape toujours primordiale

Françoise Thomas
-

Dans les semaines qui vont venir, le travail au cœur des rangs de vigne va se prolonger des heures durant pour procéder à toute la phase de la taille. Étape primordiale tout au long de la vie des ceps et déterminante dès les premiers coups de sécateur sur les jeunes plants.

Une étape toujours primordiale
À droite, Guillaume Paire en train de donner des conseils pratique sur la taille de la vigne.

Après les épisodes de pluie de ces derniers jours, conjugués aux températures encore clémentes et à la coupe des grappes de raisin, « la vigne est actuellement en pleine phase de mise en réserve », souligne Guillaume Paire, du Vinipôle Sud Bourgogne de Davayé. Peu importent aujourd’hui les stress hydrique et thermique que les ceps ont pu subir cet été, il convient tout simplement de se fier au cycle végétatif classique de la vigne. « Actuellement, il se passe des choses. Jusqu’à la chute des feuilles, la vigne photosynthétise le sucre ». Et l’on sait que, plus il y a de sucre, plus il y a de mise en réserve ; plus le bois en stocke et plus le système immunitaire du plant va être efficace. « Aucune précipitation donc pour la taille », il faut laisser le temps au sucre de migrer jusqu’au tronc et surtout aux feuilles de tomber…

Le triptyque de la taille non mutilante

Impossible pour Guillaume Paire d’orienter sur un seul et unique type de taille. « La récolte a été hétérogène, la taille sera aussi hétérogène ». Tout dépend aussi de la vigueur de la vigne, de ses carences potentielles, etc. Mais il y a cependant de grands principes préconisés. Désormais, on cerne mieux la physiologie de la vigne et l’incidence des actions opérées sur les ceps. Et, si la taille est indispensable pour que la vigne produise du raisin, « le principe est de réfléchir à toujours l’améliorer ». L’évolution des équipements a également eu des incidences sur cette taille. Par exemple, les sécateurs électriques ont bien heureusement facilité le travail. Mais l’ont aussi accéléré et simplifié. Le principe de taille guyot simple a été par là même généralisé mais peut s’avérer être une taille plus mutilante si elle est poussée à l’extrême. On sait aussi « que plus il y a de nécroses sur un pied, plus il y a risque potentiel d’infestation par un champignon ». Les études montrent par ailleurs que le dépérissement du bois peut venir des méthodes de taille « et qu’une bonne taille va limiter les risques de maladies du bois ». De ce fait, après différentes écoles, ce sont notamment « les cônes de dessiccation externes », qui sont actuellement préconisés, lesquels servent de premier bouclier en cas de gel, de sécheresse, etc., « l’idée étant d’extérioriser les nécroses ».

Les deux autres grands principes de la taille non mutilante sont d’une part de veiller à l’équilibre du cep, puisque « la vigne est une plante axillaire, se divisant toujours en deux », la volonté est donc ici d’éviter les phénomènes d’abandon ; et, d’autre part, de respecter le flux de sève « en laissant toujours les bourgeons à l’extérieur sur les coursons ». Les bourgeons poussant à l’intérieur (sur le dessus des branches) seront beaucoup plus soumis aux UV, à la pluie, etc., ce qui n’intéressera pas les champignons, qui n’investiront donc pas ce pied…
Si ces principes étaient déjà suivis il y a plus d’un siècle, leurs vertus reviennent au goût du jour.

Cas particuliers

La taille en deux temps peut aussi être tentée, le principe étant de laisser des baguettes longues à l’issue de la première période de taille opérée dans le timing habituel de la fin d’automne. Il faudra repasser au printemps, idéalement en avril, une fois fini la période de risque de gel de printemps (mais on a vu en 2021 surtout, qu’il aurait fallu attendre mai…). Il est alors temps en cette période de débourrement de couper les coursons. « Cette taille antigel n’est cependant pas une solution miracle !, avertit Guillaume Paire. Nous procédons encore de façon empirique dans ce procédé qui est vraiment propre à chaque exploitation et s’analyse au niveau parcellaire », en fonction de la vigueur de la vigne et du risque gélif, notamment.

Sur les jeunes plants surtout, les premiers coups de sécateurs seront primordiaux. « Les jeunes vignes ont peu de réserve. Il faut être très vigilants sur les premières tailles, sinon on met des années à les rattraper ».

Guillaume Paire a bien conscience qu’il s’agit ici de théorie et que, dans la pratique, il faut adapter au cas par cas, pied de vigne après pied de vigne. Une situation surtout vraie lorsque la vigne a été fortement impactée par la grêle, « dans ces cas-là, on fait avec ce qu’on a au moment de la taille », en sachant que l’on subit les conséquences de la grêle au minimum sur deux saisons.

Le principe reste cependant le même : de respecter au maximum le flux de sève, de tailler en laissant des cônes de dessiccation et en tendant vers l’équilibre du pied.